à l’hôpital de Pontivy, la détresse des soignants et des patients

à l’hôpital de Pontivy, la détresse des soignants et des patients
Descriptive text here

Un tracteur bleu électrique, alourdi par son imposante charge de fumier, avance lentement sur la route de campagne. La route départementale slalome entre collines vert fluo et jaune colza. Soudain, au détour d’une épreuve, un mastodonte de blocs couleur crème surgit. L’hôpital Centre-Bretagne envahit le ciel, à deux pas de l’usine d’aliments pour animaux Sanders. Cela fait désormais douze ans que l’hôpital a quitté le centre-ville de Pontivy pour émerger à dix minutes de là, sur la commune de Noyal-Pontivy.

Douze ans que, de Rostrenen à Merdrignac et d’Uzel à Locminé, en passant par Loudéac, des milliers de personnes parcourent la campagne du centre breton pour venir se faire soigner ici. Mais la promesse d’accès aux soins s’efface un peu plus chaque année.

Car l’hôpital de Pontivy, c’est aussi cette mère qui attend plus de cinq heures aux urgences pour les douleurs abdominales de son enfant. Cette aide-soignante, à qui on a demandé d’emmener sa mère à Ploërmel car il n’y avait pas de radiologue sur place. Cette femme venue pour des idées suicidaires, à qui on propose de rentrer chez elle. Ou cette personne âgée, qui attend d’aller aux toilettes, allongée sur une civière depuis deux jours.

Lire aussi : ENTRETIEN. Accès aux soins : « Si on commence à transiger sur ce minimum vital, où va-t-on ? »

Sur des civières pendant deux jours

Ces dernières années, le nombre de visites aux urgences à Pontivy n’a fait qu’augmenter, atteignant en moyenne une centaine de visites par jour en 2022 (avec parfois des pointes à 120), contre une soixantaine il y a quelques années. Parallèlement, la commission médicale de l’hôpital estime qu’il manque 20 à 30 % de médecins. En Bretagne, ce sont au total 75 médecins urgentistes supplémentaires qui sont nécessaires, selon l’Association des médecins urgentistes.

Résultat : à Pontivy, certains patients restent vingt-quatre voire quarante-huit heures aux urgences sur des civières, faute de lits et de personnel qui leur permettrait d’être hospitalisés dans un autre service ou à domicile. Sachant que rester une nuit dans cette position augmenterait de 40 % le risque de mortalité des patients âgés, selon une étude de l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris).

À Pontivy comme ailleurs, nous avons payé la fermeture de plusieurs dizaines de lits ces dernières années. « Ce qui est difficile pour les patients, c’est souvent le temps d’attente. Une personne âgée peut rester aux urgences parce qu’un lit est fermé, et il y a des familles qui ne comprennent pas ça., confirme Yves Béliard. Représentant des usagers de l’hôpital de Pontivy, il tient néanmoins à préciser qu’il reçoit toujours “plus de lettres de remerciement aux soignants que de plaintes”.

Urgences réglementées la nuit

Pour faire face à l’augmentation de la fréquentation, les urgences de l’hôpital sont réglementées la nuit depuis mai 2023, et le resteront au moins jusqu’à fin mai 2024. Il faut désormais d’abord appeler le 15, et ne plus se rendre directement à l’hôpital. Et mécaniquement, la possibilité d’être pris en charge au bon moment est réduite. « La réglementation entraîne des retards et des possibilités…

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV L’Ukraine dénonce une attaque russe « massive » contre ses infrastructures
NEXT Le juge retarde indéfiniment l’affaire des documents classifiés de Trump