Espagne Qu’est-ce que « Manos Limpias », l’organisation d’extrême droite à l’origine de la plainte contre Begoña Gómez, l’épouse de Pedro Sánchez ? – .

Espagne Qu’est-ce que « Manos Limpias », l’organisation d’extrême droite à l’origine de la plainte contre Begoña Gómez, l’épouse de Pedro Sánchez ? – .
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Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez et son épouse Begoña Gómez au palais de l’Alhambra à Grenade, dans le sud de l’Espagne, le 5 octobre 2023. JORGE GUERRERO / AFP

Décryptage Une enquête pour corruption a été révélée mercredi contre Begoña Gómez, épouse du Premier ministre espagnol qui a annoncé sa possible démission. Mais les révélations sur l’organisation d’extrême droite à l’origine de la plainte ont poussé le parquet à demander le classement du dossier.

Par Richard Godin

Publié le 26 avril 2024 à 12h32Mis à jour 26 avril 2024 à 14h20

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À la surprise générale, Pedro Sánchez a annoncé mercredi 24 avril qu’il suspendrait ses activités jusqu’à lundi pour envisager une éventuelle démission. La raison ? Une enquête préliminaire contre Begoña Gómez, l’épouse du Premier ministre espagnol, a été ouverte le 16 avril après une plainte de l’association « Manos Limpias ». (Clean Hands), un collectif considéré comme proche de l’extrême droite.

L’affaire est grave et l’opposition de droite est déterminée à surfer sur la vague. Ester Muñoz, membre de la direction du Parti populaire (PP), a appelé le Premier ministre à « donner des explications aux Espagnols ». Éjectée du pouvoir depuis 2018, la droite se frotte les mains car une démission du socialiste réélu en novembre pourrait provoquer une crise politique qui rebattrait les cartes.

Mais le lendemain, tout s’effondre : le parquet espagnol demande la clôture de l’information judiciaire. La procédure ayant été placée sous le sceau du secret d’instruction, aucune précision n’est donnée sur les raisons. Mais le communiqué mercredi soir de Manos Limpias, qui reconnaît s’être basé exclusivement sur « information presse », n’y est peut-être pas étranger. Retour sur ce faux scandale lancé par l’organisation d’extrême droite et exploité par l’opposition.

• Manos Limpias, une machine à plaintes et extorsions

En apparence, cette organisation est une excellente initiative. Fondée en 1995, Manos Limpias se décrit sur son site Internet comme « un syndicat national, indépendant, hypothéqué par quoi que ce soit ni par personne ». Et de préciser : « Nous sommes le premier et le seul syndicat de notre pays à exiger, entre autres objectifs, l’indépendance du pouvoir judiciaire et une véritable démocratisation de nos institutions. »

En vérité, cette organisation est bien moins brillante. Plus que la lutte contre la corruption institutionnelle, Manos Limpias est réputé pour être un spécialiste de… l’extorsion. Comme le résume « Libération », c’est le modèle « si vous voulez éviter des poursuites, vous allez à la caisse ».

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Le « syndicat » se transforme en machine à procès. Souvent médiatisées, ces procédures se révèlent à chaque fois des échecs. En 2005, une plainte déposée contre « Los Lunnis », une émission pour enfants diffusée à la télévision espagnole, pour avoir montré un mariage entre deux hommes, a par exemple été classée sans suite, rapporte « Le Figaro ». Le quotidien rapporte également que Manos Limpias a fait l’objet d’une enquête pour délit de fausse dénonciation. En effet, l’organisation avait déposé plainte en 2007 contre un juge et un procureur pour destruction de preuves dans le cadre de la procédure relative à l’attentat terroriste du 11 mars 2004 à Madrid.

Les plaintes visent principalement des dirigeants politiques de gauche et démontrent un amateurisme déconcertant. Concernant la plainte contre Begoña Gómez, elle consistait en une lettre accompagnée de plusieurs coupures de presse, précise Politico. Des articles dont la véracité n’est pas certaine, a reconnu Manos Limpias dans un communiqué mercredi soir. « Il appartiendra désormais au juge de vérifier la véracité de cette information journalistique »a écrit Miguel Bernad, fondateur de l’organisation.

• Un fondateur néo-franquiste, reconnu coupable de détournement de fonds

Miguel Bernad est une personnalité bien connue en Espagne. L’avocat né en 1942 est un pilier de l’extrême droite. Il a notamment été militant de Fuerza Nueva (Force Nouvelle), le seul parti espagnol qui a revendiqué son appartenance au dictateur Franco après sa mort, souligne « Libération ». Il rejoint ensuite le Frente nacional, inspiré du Front national de Jean-Marie Le Pen.

Il est également connu pour ses ennuis juridiques. En 2011, prétendant défendre les victimes d’une société abusive, Miguel Bernad et son avocat ont approché des milliers de personnes flouées et partagé l’argent récolté, raconte « Libération ». Ils seront reconnus coupables de détournement de fonds.

Autre arnaque mise en place par Miguel Bernad : exiger de l’argent de personnes ou d’entreprises dont les noms apparaissent dans un scandale en échange d’une plainte évitée ou retirée par Manos Limpias. Ce fut notamment le cas en 2016, le fondateur ayant été arrêté parce qu’il était soupçonné d’avoir demandé de l’argent pour la défense de Cristina de Borbón – sœur du roi Felipe VI dont le mari était impliqué dans une affaire de corruption – en échange du retrait de leur plainte contre lui. Il est resté huit mois en détention provisoire, informe « le Figaro ».

La dernière affaire date de 2016, lorsque Miguel Bernad avait été inculpé et placé en détention provisoire pour avoir fait pression sur plusieurs banques. En juillet 2021, il a été condamné en première instance à quatre ans de prison. En mars dernier, il a finalement été acquitté en appel faute de preuves, la Cour suprême soulignant encore que le comportement de Miguel Bernad était « éthiquement répréhensible ».

• « Harcèlement » généralisé des ultraconservateurs

Cette dernière plainte contre Begoña Gómez s’inscrit dans un contexte plus large d’attaques répétées de la droite et de l’extrême droite contre Pedro Sánchez et son épouse. Depuis plusieurs années, de nombreux commentateurs et partisans ultraconservateurs répandent publiquement des rumeurs sur Begoña Gómez. Notamment qu’il s’agit en réalité d’un homme dont le vrai nom est Begoño – même soupçon que pour – et que sa famille possède un réseau de sex clubs et est engagée dans des opérations internationales de trafic de drogue.

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Dans sa lettre publiée sur X (anciennement Twitter), le Premier ministre a dénoncé une plainte fondée sur des faits. “inexistant” et une campagne de « harcèlement » dirigé par les médias « ultraconservateurs » et soutenu, selon lui, par l’opposition de droite et d’extrême droite contre son épouse. “Je ne suis pas naïf”il a dit, “Je suis conscient du fait qu’ils portent plainte contre Begoña, non pas parce qu’elle a fait quelque chose d’illégal, parce qu’ils savent que ce n’est pas vrai, mais parce qu’elle est ma femme”.

L’exaspération et la lassitude face à ces attaques contre sa famille pourraient expliquer le congé pris par Pedro Sánchez pour décider s’il veut continuer à diriger l’Espagne. Pour ces partenaires, démissionner reviendrait à rendre service à l’opposition et à lui donner raison. « La fin de l’offensive de la droite ne doit pas être celle du chef du gouvernement »a insisté Yolanda Díaz, ministre du Travail et leader du mouvement Sumar, allié des socialistes, https://twitter.com/Yolanda_Diaz_/status/1783211430117830785. Le Premier ministre résistera-t-il encore ? Réponse lundi.

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