Qu’est-ce que la dolomite, ce sable du Poitou qui remplace la paille dans les écuries et contribue à améliorer naturellement les sols ? – .

SSur le chantier, les allées et venues des camions de chargement et de la pelle soulèvent des nuages ​​de poudre. Une poudre jaune légèrement ocre. Aussi léger qu’une poussière qui laisse sa fine empreinte sur les chaussures du visiteur. Dans cette carrière, pas d’exploitation minière, de concassage ou de broyage. Ce qui semble être de la roche est pétri comme du beurre et livre sa précieuse ressource sans transformation. Un passage au tamis, juste pour retirer quelques minéraux solides, et la dolomite du Poitou est prête à l’emploi.

La particularité de ces gisements viennois réside dans le fait que la dolomite se présente sous forme de poudre à l’état naturel.

Ancienne carrière

Lussac-les-Châteaux (86), à quelques kilomètres de Limoges et du département de la Charente. C’est ici que Raymond Iribarren, en 1985, s’intéresse à la dolomite du Poitou et décide d’exploiter une carrière de 30 hectares. Aujourd’hui, c’est son fils Jean-François qui a pris la relève. La carrière a été réaménagée, en partie végétalisée, mais reste le site de chargement (1) de l’entreprise pour ce produit. Depuis 2021, en face, de l’autre côté de la RN 147 reliant Poitiers à Limoges, sa petite sœur de 16 hectares livre désormais le produit. La poudre passe sur un tapis roulant de 1,7 km de long sous la route nationale.

« Cette ressource est un sable sédimentaire d’origine marine formé au Crétacé, il y a plus de 100 millions d’années », explique Sébastien Baudinière, responsable commercial amendements d’Iribarren. « La particularité de ces gisements viennois tient au fait que la dolomie se présente sous forme de poudre à l’état naturel. » Un sable sédimentaire, commercialisé brut d’extraction, qui contient 30 % de calcium et 20 % de magnésium.


Sébastien Baudinière : « La particularité de ces gisements viennois tient au fait que la dolomie se présente sous forme de poudre à l’état naturel. »

Valérie Deymes/SO

Corriger l’acidité du sol

Et ce n’est pas un hasard si, tout autour de l’actuelle et ancienne carrière, se trouvent des champs cultivés et des prairies où s’exercent limousines et moutons. Car la dolomite du Poitou a un marché pour l’agriculture conventionnelle et biologique. « Quand Raymond Iribarren, passionné de géologie, s’intéresse à ce sable dolomitique, c’est pour sa composition (calcium et magnésium) et ses qualités agronomiques. Il le propose aux agriculteurs comme amendement à leurs cultures afin de corriger l’acidité du sol et de le restructurer grâce à son pouvoir absorbant », poursuit Sébastien Baudinière, qui commercialise chaque année 150 000 tonnes de ce sable.

« Faute de paille, ils ont décidé d’essayer la dolomite comme litière pour leurs bovins, moutons et porcs »

Été 2011. En Poitou et Limousin, la sécheresse fait des ravages. La paille s’épuise. « Certains agriculteurs qui épandaient de la dolomite dans leurs champs ont remarqué que, régulièrement, certains de leurs animaux s’y couchaient. En raison du manque de paille, ils ont décidé d’essayer la dolomite comme litière pour leurs bovins, moutons et porcs. Et le résultat est concluant », poursuit le directeur commercial. Les Iribarren trouvèrent alors un nouveau débouché pour leur produit, le tamisèrent une fois de plus et le baptisèrent « dollit ».


Dollit est une alternative à la paille pour la litière du bétail.

Sébastien Laval

Cette litière très fine et moelleuse est bonne pour les animaux. Il y a moins de stress, plus de confort, moins d’odeurs et surtout plus d’odeur d’ammoniaque.

Bien-être animal sans odeurs

La poupée devient alors une alternative à la paille. Frédéric Lemberge l’a démarré il y a trois ans pour les 87 taurillons qu’il élève à Viellenave-d’Arthez (64). « Franchement, c’est le jour et la nuit : avec cette poudre, il y a une autre ambiance dans le bâtiment. Cette litière très fine et moelleuse est bonne pour les animaux. Il y a moins de stress, plus de confort, moins d’odeurs et surtout aucune odeur d’ammoniaque », souligne l’éleveur, qui affirme utiliser deux fois moins de poupée que de paille. « Et pour un coût unitaire moindre », surtout quand le prix de la paille a augmenté en 2020 de plus de 50 %.

D’ailleurs, en 2020, la société Iribarren a vendu 45 000 tonnes de dollit alors qu’elle en vend habituellement autour de 25 000 à 30 000 tonnes par an. Ces derniers mois, ce n’est pas à la sécheresse que Frédéric Lemberge a dû faire face, mais à de fortes pluies. « Cette fois, il a fallu mélanger la poupée avec un peu de paille pour que la litière tienne. ” Et après ? « Avec la poudre, le fumier se composte sous les sabots des taurillons. On se retrouve avec un amendement plus riche et plus compact qu’on épand juste avant le semis du maïs. »

De l'autre côté de la RN 147, la nouvelle carrière de 16 hectares exploitée depuis 2021 et utilisable pendant trente ans.


De l’autre côté de la RN 147, la nouvelle carrière de 16 hectares exploitée depuis 2021 et utilisable pendant trente ans.

Valérie Deymes/SO

Pour le moment, Dollit reste encore confidentiel et ses ventes progressent au gré des épisodes de sécheresse. La dolomie comme amendement fait des émules dans toute la France… et même en Suisse. Quant à la disponibilité de la ressource, pas d’inquiétude, la nouvelle carrière d’Iribarren a reçu une autorisation d’exploitation pour trente ans.

(1) La société Iribarren, forte de 170 salariés, exploite une douzaine de carrières dans la Vienne et en Charente et propose des granulats routiers, du sable, des pierres de taille, du béton prêt à l’emploi et des graviers alluviaux. La dolomite du Poitou représente 15 % de son activité.

 
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