En Europe, les télécoms restent un secteur appréhendé au niveau national, les réglementations variant selon les pays. Et c’est pareil pour les prix. Une étude d’Empirica pour le compte de la Commission européenne, publiée ce lundi, montre que les prix des abonnements Internet et des forfaits mobiles sont très très différents selon les pays membres.
En matière d’Internet fixe, tout d’abord, les pays proposant les prix les plus attractifs sont, de loin, la Roumanie et la Lituanie. Et ce, pour l’année 2022, sur l’ensemble des offres disponibles, à savoir les abonnements Internet uniquement, les abonnements incluant également la téléphonie fixe, et ceux, dits « triple play », proposant également la télévision.
En Roumanie par exemple, un abonnement standard « triple play » avec des débits compris entre 30 Mbit/s et 100 Mbit/s coûte au minimum près de 23 euros par mois. En France, il faut payer au minimum 31,5 euros pour une prestation équivalente. Au Portugal et en Belgique, les consommateurs doivent payer plus de 50 euros !
La France et ses « prix attractifs » sur les offres haut de gamme
Sur certaines offres, un gouffre sépare certains pays. En Espagne ou en Hongrie, un abonnement « triple play » avec un débit supérieur à 1 Gbit/s coûte au minimum 32 euros, contre 101 euros en Estonie ou en Autriche. Soit trois fois plus ! Certains pays disposent de leurs propres réseaux commerciaux. Comme la Grèce et Malte, qui « ont tendance à proposer des prix attractifs pour les offres « triple play » à bande passante inférieure, mais qui sont parmi les pays les plus chers pour les offres Internet uniquement ».
Télécoms : box et décodeurs pointés du doigt pour leur consommation électrique
Côté mobile, on retrouve la Roumanie pour les offres les moins chères. Mais il est désormais accompagné du Danemark. Un forfait avec 10 gigaoctets de données et 100 minutes d’appel est vendu à partir de 8,30 euros. Il coûte quatre fois plus cher, soit près de 37 euros, en République tchèque et en Hongrie. France et Irlande « proposer des prix particulièrement attractifs » pour les offres les plus haut de gamme, note l’étude. Les pays les plus chers sont le Portugal, Malte, la Hongrie et la République tchèque.
Les maturités des technologies ne sont pas les mêmes
Qu’est-ce qui explique alors de telles différences de prix ? Tout d’abord, les stratégies des opérateurs ne sont pas les mêmes dans tous les pays. Précisons au passage qu’Orange, présent en France, en Roumanie, en Pologne et en Belgique, ne vend pas les mêmes offres, et certainement pas aux mêmes prix. La configuration concurrentielle explique aussi les disparités. Les prix sont généralement plus bas là où il y a plus d’opérateurs et où la concurrence est plus forte.
L’industrie des télécommunications augmente sa pression sur Bruxelles pour un changement de réglementation
La maturité de certaines technologies n’est également pas la même partout dans l’UE. Il y a un monde de différence entre l’Allemagne et la Belgique, qui utilisent beaucoup le câble pour l’Internet fixe, et la France et l’Espagne, qui se sont déjà largement converties à la fibre optique, bien plus performante. Mentionnons enfin la réglementation, qui est parfois très différente selon les pays.
Les dernières fréquences 5G ont par exemple été attribuées en 2018 en Espagne, et en 2023 en Pologne… L’étude Empirica met, d’une certaine manière, un coup de projecteur sur un état des lieux : l’Europe des Télécoms compte aujourd’hui 27 marchés. Et le projet de marché unique, qui sera peut-être une priorité de la prochaine Commission européenne, reste intact.
