François Nordmann
ancien diplomate, chroniqueur
Publié le 24 septembre 2024 à 14h59 / Modifié le 24 septembre 2024 à 16h50
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Ancien ambassadeur, François Nordmann partage chaque mardi ses réseaux et ses informations sur les coulisses de la diplomatie.
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Pour la deuxième fois cette année, la Suisse s’empresse d’organiser une conférence diplomatique qu’elle n’a pas initiée. Celle du sommet de Bürgenstock, en soutien à l’Ukraine, a été convoquée à la demande de l’Ukraine. La semaine dernière, c’est l’Assemblée générale de l’ONU qui a demandé à l’Etat dépositaire de convoquer les Hautes Parties contractantes aux Conventions de Genève. L’objectif est d’aborder la situation du droit humanitaire dans les territoires occupés par Israël et notamment à Gaza et en Cisjordanie. Or, il se trouve que les Etats parties sont appelés à participer à la 34e Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui se tiendra à Genève du 28 au 31 octobre. Il ne devrait pas être difficile de réunir les diplomates présents pour tenir la réunion mandatée par l’ONU à cette occasion et ainsi liquider l’agenda de cet exercice imposé avec le moins de fanfare possible. Il est important de tenir compte à la fois de la sensibilité requise et du fait qu’il n’y a pas eu de longue enquête préliminaire (la Conférence internationale est un forum destiné à faciliter le dialogue entre les gouvernements, les Sociétés nationales de la Croix-Rouge, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et le CICR. Elle a lieu tous les quatre ans. Elle traitera, entre autres, du thème de la guerre urbaine).
L’épisode met cependant en lumière la passivité de la diplomatie suisse, une fois de plus bousculée. Le respect du droit international humanitaire devrait être au cœur de la politique étrangère. La guerre au Moyen-Orient n’est de loin pas le seul conflit armé dans lequel ce droit est bafoué. La protection des populations civiles est une question qui se pose dans de nombreux cas et devrait faire l’objet d’efforts diplomatiques constants. Elle doit être adaptée à l’évolution des circonstances, sans la limiter à un théâtre d’opérations particulier. Une première conférence conçue de cette manière a eu lieu en 1993, en pleine guerre de Yougoslavie. Pourquoi n’y a-t-il pas eu de suite, alors que les États représentés le souhaitaient ? La protection des populations civiles en Ukraine ou au Soudan est-elle moins importante qu’à Gaza ou à Jénine ? Un débat de quelques heures au Conseil de sécurité, tel que la Suisse l’a lancé en mai 2023, lorsqu’elle a présidé pour la première fois cet organe, ne saurait remplacer une conférence en bonne et due forme. La Suisse a au moins le mérite de se référer au droit international humanitaire dans la plupart de ses interventions au Conseil de sécurité : qu’en sera-t-il à la fin de son mandat, à la fin de l’année ?
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