« Nous ne pouvons pas faire justice nous-mêmes »

« Nous ne pouvons pas faire justice nous-mêmes »
« Nous ne pouvons pas faire justice nous-mêmes »

Tout en reconnaissant la complexité du processus de « réconciliation économique » avec les Autochtones en raison des blessures du passé, le ministre Ian Lafrenière désapprouve néanmoins les façons de faire de certaines communautés qui expriment leur amertume envers Hydro-Québec en refusant de payer leurs factures d’électricité.

Tu ne peux pas faire justice toi-mêmecroit le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuits.

Les communautés qui ont vécu des expériences avec Hydro-Québec dans le passé ont décidé d’utiliser le non-paiement comme moyen de négociation pour faire passer leur message. Ce n’est pas la bonne solution.M. Lafrenière l’a affirmé mardi lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale.

Il répondait à une enquête de Radio-Canada qui révélait qu’une quinzaine de communautés autochtones de la province accumulent depuis 2016 des paiements en retard à Hydro-Québec. Leurs dettes totales sont estimées à environ 250 millions de dollars, et représentent 90 % de toutes les dettes impayées des 41 communautés autochtones de la province, selon nos sources.

M. Lafrenière a affirmé avoir j’ai appris cette réalité ce matin [mardi].

Dans les accords que nous avons négociés et dans ceux que nous allons négocier, il n’y aura à aucun moment d’exemption pour que les gens paient leur électricité. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne.

Une citation de Ian Lafrenière, ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuits

Report by Marie-Isabelle Rochon

Déconnecter les communautés ?

Traditionnellement, face aux mauvais payeurs, Hydro-Québec a recours au débranchement de leur électricité. Pourquoi, après tant de retards accumulés au fil des ans, certaines communautés autochtones sont-elles encore alimentées en électricité par la société d’État?

M. Lafrenière dit voir une différence très nette entre les mauvais payeurs et les collectivités qui ont un profond conflit avec Hydro-Québec.

Je ne réécrirai pas l’histoirea ajouté le ministre, rappelant la façon dont Hydro-Québec a investi dans certains territoires où vivaient autrefois des autochtones.

Il y a des endroits qui ont été inondés, des cimetières qui ont été inondés, a-t-il rappelé. Je sais qu’il y a des messages qui sont beaucoup plus forts que la volonté de payer. Il faut négocier, trouver des solutions.

Ian Lafrenière a offert à Hydro-Québec la possibilité de participer aux négociations avec les Premières Nations et les Inuits de la province.

Le processus a déjà commencé au sein de l’entreprise d’État. L’un de ses porte-parole, Marc-Antoine Pouliot, l’a confirmé mardi à l’émission Une matinée entière, que le PDG Michel Sabia était personnellement intervenu pour s’assurer qu’il n’y aurait pas de coupures de courant dans les communautés indigènes affectées.

« C’est une intervention qui a été faite cet été pour s’assurer que nous ayons toutes les conditions pour pouvoir engager un dialogue constructif en vue de trouver des solutions avec nos partenaires autochtones », a-t-il dit. « De notre point de vue, couper le courant dans les communautés ne serait vraiment pas la bonne solution. »

L’annulation des dettes de ces communautés est une option possible, a expliqué M. Pouliot.

Nous avons entrepris le chemin de la réconciliation avec un esprit très ouvert pour écouter ce que les communautés avaient à nous dire et pour examiner toutes les possibilités et solutions. Nous ne fermons aucune porte.

Une citation de Marc-Antoine Pouliot, spokesperson for Hydro-Québec

L’opposition exhorte Hydro-Québec à trouver une solution

Appelés également à réagir à l’enquête de Radio-Canada, les trois partis d’opposition à l’Assemblée nationale ont reconnu la complexité de la situation, mais aussi la nécessité pour Hydro-Québec de trouver une solution.

La réconciliation entre le Québec et les peuples autochtones est importante. Toutefois, des principes fondamentaux tels que la primauté du droit et l’équité entre les clients d’Hydro-Québec en découlent.

Une citation de Paul St-Pierre Plamondon, leader of the Parti Québécois

Il n’y aura jamais de traités où on dira : « Si les fruits et les légumes poussent au Québec, il y a des gens qui n’ont pas besoin de payer pour les fruits et les légumes. »a donné M. Plamondon comme exemple.

De son côté, le chef par intérim du Parti libéral a exhorté Hydro-Québec à s’assurer que tous ses clients respectent son contrat de service.

Hydro-Québec ne peut plus laisser faire cela. Tout le monde doit payer sa facture d’électricité. Hydro-Québec doit s’asseoir avec les dirigeants des communautés autochtones concernées pour envoyer les bons messages et s’assurer que la situation soit résolue de façon humaine.

Une citation de Marc Tanguay, chef intérimaire du Parti libéral du Québec

Le coporte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, espère lui aussi qu’Hydro-Québec trouvera une solution, mais pas n’importe comment.

La voie du dialogue et de la négociation est à privilégier pour qu’on reconnaisse les droits des peuples autochtones et de toutes les Premières Nations, et qu’on ouvre la voie à de meilleures relations dans l’avenir, a insisté M. Nadeau-Dubois. Car il faudra développer Hydro-Québec. Et nous n’avons pas le choix, c’est une étape nécessaire, il faut le faire dans une relation de nation à nation avec les Premières Nations.

Avec les informations de Thomas Gerbet

 
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