[Édito] Un gouvernement d’union… de perdants

[Édito] Un gouvernement d’union… de perdants
[Édito] Un gouvernement d’union… de perdants

Avons-nous conscience du retentissement international morne qu’a eu depuis deux mois et demi la pantomime politique orchestrée par Emmanuel Macron ? Michel Barnier, le Premier ministre de son choix, a enfin rendu publique la liste de son gouvernement. Un gouvernement pléthorique, dont on comprend qu’il ait fait l’objet de tractations houleuses et dont les titres et la hiérarchie traduisent pourtant la volonté de ratisser large. Et pourtant, il est essentiellement composé de représentants des deux forces politiques désavouées par les électeurs à l’issue des législatives qui ont suivi une dissolution que rien ne rendait indispensable. Car ce que le chef de l’État ne voulait surtout pas, c’était confier le pouvoir à la coalition de gauche qui, bien qu’ayant terminé en tête, ne dispose certainement pas de la majorité absolue. Il a donc préféré piocher à droite, tout en protégeant les siens – puisqu’on ne dira pas qu’il puisse supporter les affres d’une véritable cohabitation – et surtout en acceptant que la survie de cette équipe, plus riche d’inconnues, si estimables soient-elles, que de figures notables, soit soumise au bon vouloir de Marine Le Pen. Peut-être jusqu’à ce que la Constitution rende possible de nouvelles élections.

Dans ces conditions, certains ministres pourraient révéler un talent insoupçonné. Michel Barnier, lui, a veillé à conserver la mainmise directe sur des sujets aussi importants que le budget, les Outre-mer, l’Europe, les relations avec le Parlement. Il a même adjoint au désormais habituel porte-parole une secrétaire d’État à la coordination gouvernementale, qui devrait trouver de quoi s’occuper. Quoi qu’il en soit, le Premier ministre devra davantage compter sur sa soudaine popularité plutôt que sur la bonne volonté du Parlement pour éviter l’inertie et l’impuissance. Et faire face aux difficultés qui vont s’accumuler : le débat budgétaire qui sera probablement agité, à la mesure des enjeux, la situation délicate dans les Outre-mer, une rentrée sociale exigeante, etc. Quoi qu’il ait voulu faire, Emmanuel Macron aura ainsi engagé le pays dans une nouvelle phase d’instabilité.

 
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