Patrick Hetzel, un ministre de l’Enseignement supérieur entre dialogue et tradition

Patrick Hetzel, un ministre de l’Enseignement supérieur entre dialogue et tradition
Patrick Hetzel, un ministre de l’Enseignement supérieur entre dialogue et tradition

Mèche blanche et lunettes à épaisse monture. C’est un visage méconnu du grand public qui est sorti du chapeau d’Alexis Kholer, lorsqu’il a annoncé la composition du nouveau gouvernement de Michel Barnier sur le perron de l’Elysée. Celui du député Les Républicains (LR) du Bas-Rhin Patrick Hetzel, nommé ministre délégué de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Un poste sur mesure pour cet universitaire converti à la politique par François Fillon, qui succède ainsi à Sylvie Retailleau. L’un des rares membres du gouvernement issu de la droite. Le ministère de l’Enseignement supérieur n’a en effet guère de mystères pour Patrick Hetzel et pour cause, il en a été le directeur général de 2008 à 2012. 

Surtout, le nouveau ministre est entré en politique sur le tard, après une brillante carrière universitaire. Une carrière à laquelle rien ne prédisposait pourtant ce protestant alsacien d’origine plutôt modeste. Né en 1964 à Phalsbourg (Moselle), il grandit à Sarre-Union (Bas-Rhin), entre l’école et l’hôtel-restaurant du Cheval noir tenu par ses parents. Devant les prédispositions évidentes de leur enfant unique, les parents Hetzel laissent leur fils entreprendre de longues études de management. D’abord près de chez lui, à Strasbourg, à l’Institut d’enseignement commercial supérieur (IECS). Puis plus loin, à l’Université Lyon III, où il obtient son doctorat et son agrégation en sciences de gestion et à Paris 2 Panthéon Assas ; deux universités plutôt marquées à droite.

La révélation Fillon

Entre ses cours et ses recherches – il est l’auteur d’une centaine d’articles dans des revues scientifiques, de chapitres d’ouvrages et de plusieurs livres sur les sciences de gestion – Patrick Hetzel ne songe pas à la politique. Lorsque à Assas, il rencontre François Fillon, alors ministre de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur, il ignore qu’il est au seuil d’un nouveau chapitre de son existence. Les deux hommes sympathisent. Le profil de Patrick Hetzel convainc manifestement Fillon. En mars 2005, celui-ci le nomme recteur de l’académie de Limoges. L’année suivante, après le fiasco de la réforme du contrat première embauche, on lui confie une commission chargée de formuler des propositions pour rapprocher l’université de l’emploi. 

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Après la victoire de Nicolas Sarkozy, François Fillon l’appelle à nouveau à Matignon comme conseiller à l’éducation. Certaines de ses propositions seront reprises dans la loi Pécresse sur l’enseignement supérieur. Mais son expérience à Matignon sera brève, puisqu’il est nommé directeur général de l’enseignement supérieur (Dgesip, dans le jargon) en août 2008. Ce n’est qu’en 2012 qu’il franchit véritablement le Rubicon et plonge dans le grand bain politique. Après s’être inscrit une première fois à l’UMP, il obtient l’investiture de la circonscription de Saverne en Alsace, notamment grâce au parrainage d’Émile Blessig, son prédécesseur, qui ne s’est pas représenté.

Gaullist dialogue

Tous les voyants sont au vert, mais le scandale Luc Besson éclate. La Cour des comptes soupçonne alors l’ancien gouvernement Fillon d’avoir contraint l’École Louis-Lumière à signer un contrat de location avec la Cité du Cinéma pour un montant de 1,9 million d’euros par mois. Une somme correspondant au budget annuel de l’École… L’École Louis-Lumière étant sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur, ledit contrat avait été signé par Patrick Hetzel en sa qualité de Dgesip. Ce qui n’empêche pas l’Alsacien d’être élu député. Depuis, il n’a jamais perdu son siège.

Conservateur, cet Alsacien de souche qui parle couramment la langue de sa région n’est pas seulement conservateur sur les questions éducatives. Il a aussi été de tous les combats sur les questions sociales

Ni son poste de professeur à Assas, qu’il occupe toujours. Dans ce cas, il n’encourra finalement que 300 euros d’amende. A l’Assemblée nationale, Patrick Hetzel a l’image d’un gaulliste à l’ancienne, discret mais travailleur, attaché à une certaine hauteur de vue loin des polémiques échevelées qui se sont multipliées au cours des dernières législatures. Ce réseauteur, membre du Siècle, a aussi la réputation d’un homme sans sectarisme, capable de parler à tout le monde et de trouver un terrain d’entente avec ses adversaires les plus farouches.

Un protestant attaché à la famille

Des qualités qui ne sont peut-être pas étrangères à sa nomination au sein du gouvernement de Michel Barnier, ce dernier ayant lui-même été choisi pour ses qualités de médiateur. Conservateur, cet Alsacien dans l’âme qui parle couramment la langue de sa région ne l’est pas seulement sur les questions d’éducation. Celui qui affiche des positions fermes sur la lutte contre l’islamisme et la prise de pouvoir de l’immigration s’est aussi engagé dans toutes les batailles sur les questions de société.

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Il est même descendu dans la rue contre le mariage pour tous en 2013. Sous François Hollande, il a fait partie de « l’Accord parlementaire pour la famille », un groupe informel créé pour «défendre l’intérêt supérieur de l’enfant», qui réunissait alors environ 150 élus de droite. Plus récemment, il s’était opposé à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les femmes seules, à l’allongement du délai légal pour l’IVG et à l’euthanasie. L’Alsacien avait soutenu son ami et mentor François Fillon en 2017.

Depuis qu’il a été écarté du jeu politique, Patrick Hetzel a rejoint l’équipe de campagne de Michel Barnier pour la primaire de la droite et du centre, en tant que coresponsable du projet politique. Les deux hommes se connaissent bien. En octobre 2021, l’ancien négociateur du Brexit était même venu faire campagne à Saverne, sur ses terres. Une fois Valérie Pécresse investie par LR pour la présidentielle, Patrick Hetzel a pris en charge le volet enseignement supérieur de son programme. Pour l’Enseignement supérieur, Michel Barnier a donc choisi son compagnon de route en toute connaissance de cause.

 
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