Meurtre à Charmilles : la défense s’oppose à l’internement

Meurtre à Charmilles : la défense s’oppose à l’internement
Meurtre à Charmilles : la défense s’oppose à l’internement

La victime, un homme de 22 ans, a été poignardé au cœur tôt le matin du 19 janvier 2019 sur le parking de Planète Charmilles.

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C’est un Everest que se sont attaqués ce jeudi les avocats du meurtrier des Charmilles : éviter l’internement à ce jeune de 23 ans. La veille, le Ministère public avait requis cette mesure définitive, en plus de 18 ans de prison, pour des faits survenus en 2019 : à peine majeur, le prévenu avait poignardé un homme de 22 ans sur un parking pour un motif futile.

Réussir l’ascension nécessite de dissiper « le spectre de la Saint-Jean » qui plane sur ce procès. Car, observe Me Yaël Hayat, « au-delà du procès » de son client, « il y a celui de la récidive » : en 2017, alors qu’elle était encore mineure, la prévenue a participé à l’agression planifiée de deux hommes, qui en sont sortis horriblement handicapés. Elle est convaincue que c’est ce crime initial, déjà jugé, qui a poussé le parquet à requérir l’internement du garçon – « la pire mesure, celle qui ne permet pas d’en voir le bout », résume Me Robert Assaël.

« Tout autre chose que la Saint-Jean »

Son collègue estime que la veille, le procureur a « décrit le garçon de Saint-Jean », un jeune homme « d’une froideur abyssale », et non celui de Charmilles. En demandant 18 ans et l’internement, « il demande les deux crimes ». Pourtant, la justice pour mineurs a déjà réglé le drame de Saint-Jean en 2021, infligeant 38 mois de prison à son auteur. « Et la faute était tellement plus grave dans ce cas-là ! C’était l’exécution à froid d’un plan élaboré. Charmilles, c’est tout autre chose. »

Les deux avocats voient là un délit d’impulsivité et de réaction, « très, très loin d’un meurtre ». En conséquence, Me Assaël implore : « Il ne faut pas compenser cette peine de 38 mois en se disant : à Saint-Jean, il a eu de la chance, il était mineur. Il ne faut pas ! »

« Une arnaque qui tourne mal »

Il présente les faits sous l’angle d’une bagarre, une scène confuse impliquant plusieurs garçons au cours de laquelle, ayant reçu un coup (avec un coup de poing), son client a sorti un couteau « par peur. Il ne s’agissait pas d’une attaque unilatérale », mais « d’une bagarre qui a mal tourné ». Pour rappel, l’un des amis du prévenu s’était retourné contre le groupe de la victime, déclenchant l’incident et la chute mortelle du prévenu.

Mais M. Assaël estime qu’il n’a pas voulu tuer, ni le premier homme qu’il a frappé au bras, ni la victime, qui a tenté d’intervenir. Il aurait voulu « se défendre », certainement de manière disproportionnée. Vu sous cet angle, il ne s’agirait « que » d’un meurtre par dolus eventualis – ce cas où l’auteur accepte les conséquences de son acte, mais ne les veut pas.

« Une punition ne compense pas la douleur »

Ce geste a plongé les proches de la victime dans la souffrance, « mais une peine punit, réintègre. Elle n’a jamais vocation à réparer, à compenser la douleur, note Me Hayat. Sinon, on réintroduirait la guillotine. Les larmes ne se diluent pas dans un verdict. »

Me Assaël s’émeut du parquet : « Vous demandez l’extrême ! » Il fustige « un réquisitoire affamé, de haine et de mépris. C’est œil pour œil, dent pour dent » – sans, selon lui, aucune autre motivation que la loi du talion pour justifier le non-lieu quasi définitif du jeune accusé.

« L’herbe repousse »

Les deux avocats demandent donc que sa version actuelle soit jugée, et non celle de 2017. Ce procès offre une opportunité rare : statuer cinq ans et demi après les faits, permettant d’évaluer un éventuel changement. Or, le prévenu a parcouru « un chemin exceptionnel » au fil de quelque 200 séances de thérapie depuis 2019. « L’évolution est époustouflante ». Me Assaël souligne « une volonté de comprendre », « une prise de conscience de ses problèmes avec la violence » et une appétence pour le changement.

Certes, « le chemin n’est pas terminé » – le prévenu lui-même « dit qu’il est trop tôt pour sortir ». Mais l’internement le stopperait net. « Je vous demande de ne pas succomber à une peine ou à une mesure d’élimination, implore Me Hayat. L’herbe repousse. Il faut la cultiver. »

 
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