« Notre objectif est de revaloriser l’IGP et le prix du melon »

« Notre objectif est de revaloriser l’IGP et le prix du melon »
« Notre objectif est de revaloriser l’IGP et le prix du melon »

l’essentiel
Le président du syndicat des Melons du Quercy est agriculteur et producteur de melons sur la commune de Cézac, dans le Lot, depuis 1986. L’IGP fête cette année ses 20 ans, l’occasion de faire le point avec Yvan Poiret sur le bilan de la campagne 2024 et les objectifs du syndicat pour l’année à venir.

L’IGP fête cette année ses 20 ans, pouvez-vous nous donner quelques chiffres clés du syndicat ?

En 2023, près de 9 800 tonnes de melons ont été récoltées. La production s’est répartie sur 513 hectares et 89 producteurs. Mais cette année, c’est différent. Nous n’avons pas encore les tonnages, mais il y a 79 producteurs de melons dans la zone IGP, soit 456 hectares de production.

La saison de récolte des melons touche à sa fin, pouvez-vous déjà faire le bilan de cette année 2024 ?

Ce n’est pas une bonne année. Nous aurions préféré une autre saison pour fêter le 20e anniversaire. A cause du changement climatique, nous avons eu un printemps pluvieux, ce qui a causé des pertes de récoltes. Quant aux prix, ils n’ont pas été à la hauteur de nos attentes.

Nous avons eu un été très agréable mais court avec un petit rebond des prix mais cela n’a pas duré. Nous pensions qu’à l’automne, nous aurions un été indien. Et finalement, nous n’avons rien eu du tout. Il y a même eu beaucoup de dégâts dans les champs de melons à cause du mauvais temps.

Nous espérions compenser avec les derniers melons qu’il nous restait et qui auraient pu être récoltés. Dans ces cas-là, on peut espérer avoir des prix corrects, qui auraient augmenté. Mais le temps n’est pas assez chaud, les melons ne poussent pas. Si ça ne s’améliore pas, je pense qu’ils seront perdus. Pour l’instant, il fait un peu beau, mais on annonce à nouveau du mauvais temps, donc je pense qu’on va avoir une saison catastrophique.

Après, on a aussi toujours le même problème, c’est que nos distributeurs, pas nos stations, mais les centrales électriques, ne laissent aucune marge à l’agriculteur.J’ai passé trois ans avec le Covid où on vendait correctement le melon. Ils ont joué le jeu de nous laisser une marge acceptable mais aujourd’hui ils ne le font plus. Il y a la loi EGalim* mais ils ne la respectent pas.

Sans parler des augmentations de charges, plus maintenant, d’augmentation des taxes foncières sur les terrains… Il faut aussi parler des distorsions de concurrence par rapport aux normes françaises, qui s’ajoutent aux normes européennes. La réglementation, qui nous interdit de faire certaines choses, que d’autres pays européens, comme l’Espagne, n’ont pas.

Comment allez-vous tenter d’améliorer la situation des producteurs ?

On essaie de contrer cela en faisant un melon qui se démarque en termes de qualité. On est en concurrence avec des régions, notamment du Sud-Est, de Camargue, qui font des melons de longue conservation, de moindre qualité, mais en gros tonnages. C’est vrai que ça agace parce qu’on fait un bon melon et on n’arrive pas à le revaloriser suffisamment comme il le faudrait. Mais le syndicat a fait un gros travail de promotion.

A cause de cela, craignez-vous que certains agriculteurs abandonnent leur production de melons ? On constate déjà une baisse par rapport à l’année dernière.

DDepuis 2020, nous avons réussi à augmenter le nombre de producteurs et le tonnage de melon du Quercy. Il y a eu une bonne dynamique. Les chiffres fluctuent, il est difficile de faire des prévisions mais naturellement, avec l’âge des producteurs qui augmente, comme chez tous les agriculteurs, il y a une diminution des producteurs. Certains réduisent aussi la taille de leur production.

Quels sont vos objectifs pour l’année 2025 ?

Cette année, nous avons fait beaucoup d’actions et de communication, notamment autour de nos 20 ans ! Nous souhaitons continuer à nous faire connaître. Notre objectif est de revaloriser l’IGP et le prix du melon. Nous souhaitons que le melon du Quercy soit connu et reconnu, et qu’il y ait un prix en adéquation avec le travail et la qualité du produit.

* La loi EGalim est une Loi française votée en 2018, suite au Sommet de l’alimentation lancé en 2017. Son objectif est notamment de rémunérer plus équitablement les producteurs, afin de leur permettre de vivre décemment de leur travail.
 
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