Une mission réunissant les Etats-Unis, l’Espagne, la Grèce et… la France. Pour la première fois de son histoire débutée en 2001, le Charles de Gaulle, le seul porte-avions français, passera sous contrôle opérationnel de l’OTAN pour une mission de 15 jours en Méditerranée : il s’agit de la mission Akila (du latin aquila qui signifie « aigle »). Le départ est prévu ce lundi 22 avril de la rade de Toulon, où le navire est traditionnellement déployé, pour une mission qui se déroulera du 26 avril au 10 mai.
Au total, quinze nations participeront à cette mission sous le commandement de l’état-major maritime StrikforNato et qui sera dirigée par un vice-amiral américain. LE Charles de Gaulle, avec à son bord ses avions de combat Rafale Marine a déjà participé aux exercices et opérations de l’OTAN mais toujours sous contrôle national.
Un « message » envers la Russie
Akila se déroule dans le contexte de la guerre menée par la Russie en Ukraine. Il s’agit avant tout d’une question de réassurance, visant à renforcer la posture de dissuasion de l’OTAN. La mission est donc «un message aux Russes. Face à la menace croissante, l’efficacité collective prime. » Pascal Ausseur, directeur général de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques, s’exprimait auprès de l’AFP mi-avril. Elle « reflète notre engagement commun à renforcer la coopération et à garantir l’interopérabilité dans un environnement de sécurité difficile », a déclaré la porte-parole de l’Otan, Farah Dakhlallah.
« Nous participerons aux activités de l’Alliance en Méditerranée et dans toute l’Europe pour renforcer sa posture défensive et dissuasive, contribuer à la sécurité collective et soutenir les opérations visant à promouvoir la stabilité régionale. » précise le ministère des Armées sur son site Internet. Depuis le retour de la menace russe, la France a déployé plus de 1 500 hommes à la frontière de l’Ukraine, en Roumanie, où elle a assumé le rôle de nation cadre de l’Otan. L’alliance atlantique a considérablement accru sa présence maritime en Europe depuis l’invasion de l’Ukraine.
Le porte-avions ne « quitte » pas le contrôle français, assure le ministre Lecornu
Ce passage du porte-avions sous commandement de l’Otan est cependant contesté par une partie de l’opposition en France. « Tristesse, vassalisation affichée », le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a commenté X.
« Le seul porte-avions français est sous commandement de l’OTAN : les conséquences de la politique d’abandon de souveraineté avec Macron », de son côté, a souligné l’eurodéputé français membre du RN, Jean-Lin Lacapelle.
Des critiques qui agacent le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu. ” Bien sûr que non “, La France ne renonce pas à sa souveraineté, a-t-il rétorqué dimanche dans un entretien à Parisien – Aujourd’hui en France . Le ministre précise que le Charles de Gaulle rejoint « une mission de formation et de réassurance en Méditerranée », mais “Il en va de même pour les avions de combat français effectuant des patrouilles depuis la Lituanie pour protéger l’espace aérien des pays baltes, ainsi que pour les soldats de l’armée roumaine.” “ Ils sont placés sous la tutelle opérationnelle de l’Alliance, mais n’échappent à aucun moment au contrôle politique et militaire français. explique Sébastien Lecornu.
La mobilisation du fleuron de la flotte française vise avant tout à marquer, symboliquement, le réengagement de Paris au sein de l’Otan. Membre fondateur de l’organisation créée en 1949 pour faire face à la menace soviétique, elle quitte le commandement militaire intégré en 1966, à l’instigation du général de Gaulle, en raison de désaccords avec les États-Unis. Elle y retourne en 2009, sans toutefois rejoindre le groupe des plans nucléaires de l’Alliance.
