Des centaines de membres du Hezbollah ont été blessés mardi après l’explosion simultanée de leurs bipeurs dans plusieurs bastions du groupe pro-iranien au Liban. Que s’est-il passé exactement ? Qui est à l’origine de cette attaque inédite ? Quelles sont les premières réactions ? 20 minutes fait le point.
Ce qui s’est passé?
Mardi après-midi, plusieurs centaines de membres du Hezbollah ont été blessés par l’explosion simultanée de leurs bips. Les membres du groupe libanais pro-iranien utilisent désormais des bips en raison du risque de piratage de leurs téléphones portables.
Les incidents ont eu lieu dans tout le pays, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth, au sud du Liban et dans l’est de la vallée de la Bekaa. Ces endroits sont tous connus pour être des bastions du groupe islamiste. D’autres membres du Hezbollah déployés en Syrie ont également été blessés. Selon l’Agence nationale de presse (ANI), « le système de téléavertisseur a été piraté à l’aide de haute technologie ». C’est la première fois qu’une telle procédure est utilisée depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas en octobre 2023.
Un bilan très lourd de victimes
Comme annoncé par le ministère libanais de la Santé, le bilan est très lourd avec neuf personnes tuées et plus de 2.800 blessées. Mercredi, ce bilan a été revu à la hausse avec 12 décès. Parmi les victimes figurent les fils de deux députés du Hezbollah, Ali Ammar et Hassan Fadlallah, ainsi qu’une fillette de 10 ans et son père. Un correspondant de l’AFP situé dans la Bekaa a vu des blessés affluer vers les hôpitaux de la région. Un autre correspondant dans la ville de Saïda, dans le sud du Liban, a fait état de dizaines d’ambulances arrivant dans les hôpitaux.
Selon des sources proches du Hezbollah citées par l’AFP, le fils d’un haut responsable de la sécurité du Hezbollah a également été blessé. La télévision d’Etat iranienne a annoncé que son ambassadeur, Mojtaba Amani, figurait également parmi les blessés. Le ministre de la Santé, Firass Abiad, a indiqué que la plupart des victimes avaient été touchées « au visage, à la main, au ventre et même aux yeux ». Quelques heures après les explosions, l’Irak a annoncé l’envoi d’équipes médicales et de secouristes pour soutenir le Liban.
Qui se cache derrière cette attaque massive ?
Pour l’heure, les explosions simultanées des bipeurs n’ont pas été attribuées. Israël n’a pas commenté ces explosions. Mais plusieurs sources proches du Hezbollah ont directement accusé Israël d’en être à l’origine. L’AFP a également rappelé que le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avait déclaré qu’une “action militaire” contre le Hezbollah était “le seul moyen de garantir le retour des habitants du nord d’Israël dans leurs foyers”.
Citée par France Info, Janane Khoury, conseillère en cybersécurité, a indiqué qu’il s’agissait d’une « attaque d’une ampleur spectaculaire et d’un caractère inédit. Mais je ne suis pas étonnée que ses auteurs aient utilisé ce vecteur. Et c’est un domaine dans lequel Israël a un certain savoir-faire, avec des techniciens expérimentés et des applications dédiées, potentiellement capables d’interagir avec tous les objets connectés », a-t-elle déclaré.
Quelles sont les réactions ?
Parmi les premières réactions, le mouvement islamiste a publié un communiqué affirmant qu’Israël était « entièrement responsable ». Le groupe a également assuré qu’Israël « recevrait sa juste punition » suite à « cette agression criminelle ». Le gouvernement irakien a pour sa part dénoncé « une cyberattaque sioniste ». Bagdad s’inquiète également d’une « extension de la guerre » à l’échelle régionale.
Le Hamas a affirmé, selon l’AFP, que ces explosions étaient une « agression terroriste sioniste ». Les Etats-Unis ont également réagi en indiquant qu’ils n’étaient « pas au courant » et « pas impliqués ». « A ce stade, nous recueillons des informations », a déclaré mardi le porte-parole du département d’Etat américain. Le département d’Etat a également exhorté « l’Iran à n’utiliser aucun événement pour tenter d’alimenter l’instabilité et d’aggraver davantage les tensions dans la région ».
Dans la soirée, la coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a souligné dans un communiqué que ces événements marquaient “une escalade extrêmement préoccupante”. Enfin, Air France a annoncé qu’elle suspendait ses vols entre Paris-Charles de Gaulle et Beyrouth et entre Paris-Charles de Gaulle et Tel-Aviv jusqu’au 19 septembre inclus.
