Il y a 80 ans, la libération d’Angoulême : « des moments inoubliables »

Il y a 80 ans, la libération d’Angoulême : « des moments inoubliables »
Il
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      80
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« Soudain, un projecteur s’est allumé, illuminant le clocher, et nous avons vu le drapeau tricolore se lever. »

Il habite près de la rue de La Loire, trop jeune pour comprendre que l’immense colonne de soldats allemands qui remonte la rue de Montmoreau le 30 août n’est que le début des événements du lendemain : 31 août. 7 h 30, premières escarmouches sur le plateau de Ma Campagne. 12 h, les résistants de la brigade RAC occupent les Chaumes de Crage, les Allemands sont toujours au bois Saint-Martin. Dans l’après-midi, l’investissement des faubourgs commence par le sud-est, avant de progresser dans la ville. Les échanges de tirs sont nombreux en fin d’après-midi, notamment à La Bussatte, à l’entrée de la RN10, et dans le quartier Saint-Martin. 20 h 30, les Allemands évacuent le central téléphonique. 20 h 45, le commandement FFI (Forces françaises de l’intérieur, gaullistes) accepte la trêve négociée par le préfet. 22 heures, la SSS, section spéciale de sabotage, arrive à la mairie. Le RAC et le GAS, groupe autonome de sabotage, poursuivent leur route vers la préfecture. 1er septembre. 3 h 40. Le drapeau français est déployé sur le clocher de la mairie.

« Mais tout ne s’est pas passé si bien », confie Florent Gaillard, le directeur des Archives municipales. Il y a eu de graves affrontements, des dizaines de morts. À l’initiative de Pierre-André Chabanne, le chef du maquis de Bir Hacheim, à Chasseneuil, les groupes de résistants, les FFI, les FTP (francs tiristes et partisans, communistes), le groupe du colonel Nancy, la brigade RAC s’étaient positionnés aux abords de la ville. « Près de 8 000 hommes », raconte Pascal Chabanne, en fouillant dans les archives familiales qui retracent les faits d’armes de son père, le colonel Chabanne. « C’était la grande figure de la résistance, un élément déterminant de la libération », souligne Florent Gaillard.


2 septembre. Les libérateurs défilent sous les yeux des autorités dans les ruelles de New York.

Renaud Joubert

« En début d’après-midi, il faisait très chaud, on sentait l’orage arriver. De temps en temps des coups de feu, des rafales d’armes automatiques, quelques explosions parfois très lointaines, parfois très proches, qui semblaient venir de Ma Campagne ou des Chaumes de Crage rompaient le silence pesant. Des explosions de grenades ou des tirs de mortiers », se souvient Jean-Jacques Bonnin.

L’ordre de harceler les Allemands

Au coin de la rue de Périgueux et de la rue Jean Marot, des charrettes à cheval achevaient leur traversée de la place. « Quelques applaudissements très secs et très rapides nous saluèrent. Des résistants embusqués rue de Lavalette venaient d’ouvrir le feu sur les traînards de la colonne. Devant le café du Coq d’Or gisait un cheval mort (un civil qui passait et deux résistants avaient été abattus sur la place). Une couche de poussière blanche, produite par les impacts des coups de feu dans les pierres de taille des façades, recouvrait les trottoirs de la rue de Lavalette. Devant l’école Ferdinand Buisson, un détachement de résistants casqués et armés, portant le brassard tricolore. La peur, l’émotion, la joie que j’éprouvai à cet instant en voyant des soldats français, libres, et qui allaient chasser l’occupant ! »

« L’ordre était de harceler les Allemands », se souvient Fabien Gaillard. A 18 h 15, les FFI entrent dans la ville par les rues de Montmoreau, Lavalette et Périgueux. Il y a encore une mitrailleuse allemande sur le Champ de Mars, quand les jeunes résistants arrivent par la rue de Périgueux sous le drapeau français. « Il y a eu une fusillade des morts. Les hommes du capitaine Nancy se sont joints à l’opération », se souvient Florent Gaillard. « Ils l’ont fait sauter. La brigade RAC bloquait le sud de la ville. » Les combats sont violents. « En témoignent les nombreux panneaux de signalisation que les élus installent chaque 31 août », comme ils le feront aujourd’hui.

Les Allemands quittent Angoulême par l’ouest. La ville peut se réjouir au son d’un bal populaire improvisé et les FFI de Chabanne prennent possession de la mairie, de la préfecture, et installent le préfet Garnier, nommé par le Conseil national de la Résistance de De Gaulle. Une lutte d’influence dès les premières heures de la libération. Pourtant, « dès le lendemain de la libération, le 3 septembre, « mon père, FFI et Bernard, FTP se voient confier conjointement le commandement militaire de la Charente et marchent sur les allées de New-York à la tête des résistants », tempère Pascal Chabanne. « Il fallait mettre fin à des années de chaos », explique Florent Gaillard. Cognac est libéré le 2 septembre par les hommes de la brigade RAC.

Hommages et bal populaire

Les festivités et commémorations de la libération d’Angoulême débuteront ce samedi, à partir de 8h30, avec des temps de recueillement autour des différents monuments commémoratifs de la ville.
A 14h30, Florent Gaillard, directeur des archives municipales, donnera une conférence sur le colonel Chabanne. Gratuite, elle se tiendra dans la salle Hugo-Pratt de l’hôtel de ville.
A 17h, commémoration au monument aux morts de La Bussatte.
Dès 21h, aux Allées New-York, un grand bal populaire animé par le groupe Cactus Rider permettra aux Angoumoisins de célébrer la liberté.

 
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