pourquoi les femmes votent-elles moins que les hommes ? – .

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Ce 21 avril 2024, cela fera 80 ans que les femmes avaient le droit de voter en France. Durement acquis grâce au mouvement des suffragettes, originaire de Grande-Bretagne, il est l’un des droits fondamentaux qui ont fait la fierté de la France pendant l’après-guerre. Le pays des Lumières a enfin réalisé le rêve d’un suffrage véritablement universel.

On le sait : la proportion d’abstentionnistes augmente à chaque élection en France. Ce que l’on sait peu, c’est que les femmes votent moins que les hommes, que ce soit aux élections municipales, législatives ou présidentielles. En 2022, 60 % des abstentionnistes étaient des femmes. Cette année, le droit de vote des femmes célèbre son 80e anniversaire. Le 21 avril 1944 est une date majeure dans l’histoire de la République, essentielle pour la vie politique du pays.

A quelques semaines des européennes, il n’a jamais été aussi important de rappeler que ce droit durement acquis fait l’objet d’enjeux majeurs de représentation des femmes. Reste à comprendre pourquoi ils s’abstiennent. Le fait qu’ils soient plus précaires et moins nombreux à occuper des postes à responsabilité pourrait jouer un rôle. Les travailleurs votent généralement moins que les managers.

Les femmes s’abstiennent davantage

Lors de la dernière élection présidentielle, il manquait 7 millions d’électeurs, contre 5 millions d’électeurs, affirme BVA, avec Ouest de la France.

Comme tous les droits, le vote est facultatif. En 2022, 20 % des femmes ont voté, contre 29 % des hommes, pose INSEE. Mais les plus jeunes inversent la tendance. Car l’abstention systématique est en hausse chez les hommes de 18 à 29 ans. En revanche, au-delà de 80 ans, même si elles sont les héritières directes des suffragettes, les femmes participent moins.

La question du « conscience politique » La question des femmes doit être appréhendée dans sa globalité, note Emmanuelle Reungoat, chercheuse en sciences politiques à l’université de Montpellier. « Il n’y a pas que le jour du vote qui compte. Les représentants politiques sont-ils éloignés de leurs conditions sociales ? Combien de temps les femmes ont-elles pour s’exprimer en politique ? Quelles places ont-ils dans les cercles militants ? Qui sont les dirigeants des partis ? La question ne serait pas tant celle de la politisation des femmes mais plutôt celle de la place que la politique veut leur donner.

Pourquoi les femmes votent-elles moins ?

Nous votons pour les représentants. L’abstentionnisme des femmes pourrait s’expliquer par un manque de représentativité. Si les lois restrictives sur la parité permettent aux conseils municipaux, régionaux et aux partis politiques de présenter autant de femmes que d’hommes, les élections dites « sans engagement » mettre en évidence les disparités. Les femmes, faute de voir des candidats qui connaissent leurs revendications, les comprennent et les défendent, s’abstiendraient de voter.

« Il faut mettre en avant des histoires inspirantes »note le co-président de l’ONG “Voté”, Dorian Dreuil, « afin de susciter l’envie d’engagement politique ». Alors que 90 % des pays du monde sont dirigés par des hommes, les femmes manquent sans doute de personnalités qui incarnent les enjeux auxquels elles sont confrontées et qui luttent pour leurs intérêts. « Les femmes ne se sentent pas représentées en politique, elles ne se sentent pas concernées »soutient Geneviève Tapié.

Comment enseigner l’histoire d’un droit aussi récent ?

Professeur d’histoire-géographie et d’EMC en Occitanie (Éducation morale et civique), Laura Fini nous explique que la conscience politique des étudiants varie beaucoup selon leur âge. Qu’ils soient collégiens ou lycéens, « Certains d’entre nous sont conscients des inégalités entre hommes et femmes, et surtout qu’il y en a toujours eu ».

L’histoire de notre démocratie

Pour l’enseignant, ces cours qui abordent le droit de vote des femmes, à travers l’histoire du suffrage universel et de la démocratie, sont l’occasion d’ouvrir le dialogue sur les élections. « Pour les élèves de CM2, par exemple, ce droit semble acquis, même s’ils voient que l’histoire alterne entre avance et recul ».

Devenez citoyen

Chez les jeunes, l’égalité sociale compte. Beaucoup d’entre eux luttent contre les discriminations sexistes. Pour le professeur, ces cours sont aussi l’occasion d’apprendre aux jeunes à penser par eux-mêmes, pour que, par extension, ils se fassent confiance lors des urnes. « Pour beaucoup, leurs convictions politiques viennent de la tradition familiale. Il faut parfois discuter pour éviter qu’ils ne sombrent dans l’extrémisme. D’autres sont très détachés, incertains… J’ai des étudiants qui me disent : « Moi, j’ai 18 ans, et je ne sais pas si je suis de droite ou de gauche ».

Par ailleurs, l’abstentionnisme est lié au contexte socio-économique des électeurs. Cependant, les femmes sont légèrement plus précaires que les hommes, et moins disponibles car elles sont souvent chargées de s’occuper des enfants. Ainsi, note Dorian Dreuil, Lorsqu’arrive un dimanche d’élection, entre 8 heures et 20 heures précises, il leur est parfois plus difficile de se rendre aux urnes. Organiser des élections sur plusieurs jours, à distance, anticipées, etc. permettrait de lutter contre l’abstentionnisme des femmes, mais sans doute aussi de manière générale.

Sans parler du “mauvaise inscription” sur les listes électorales, ce qui éloigne les électeurs des bureaux de vote. « Si vous êtes une mère célibataire dont le bureau de vote est à 20 kilomètres de chez vous, le coût du vote est plus élevé ». Les femmes occupant des emplois plus précaires, et qui disposent donc de moins de ressources que les hommes, souffrent davantage des aléas électoraux. « Le droit de vote est comme tous les droits. Quand on n’en favorise pas l’accès, il est peu utilisé ».

 
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