« Jeune femme commissaire de police, j’apporte plus de rondeur qu’une quinzaine de Belzébuth musclés et casqués »

« Jeune femme commissaire de police, j’apporte plus de rondeur qu’une quinzaine de Belzébuth musclés et casqués »
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CLARA DUPRÉ

La première fois que mon téléphone a sonné au milieu de la nuit pour prendre une décision, c’était à la fois stimulant et vertigineux. Cela doit faire quatre jours que je suis nommé commissaire de police au Havre, avec entre 350 et 400 fonctionnaires sous mes ordres. Fraîchement sorti de l’Académie Nationale de Police de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or (Rhône), c’était mon tout premier poste.

Il était trois heures du matin, j’avais 25 ans et des gens venaient d’appeler à propos d’une dispute qu’ils entendaient fort depuis chez eux. Le foyer en question était constitué d’un couple âgé d’environ 35-40 ans, avec deux enfants, déjà connu de nos services pour des problèmes de violences conjugales. On savait également qu’une arme était présente dans le foyer, le père étant connu pour être un chasseur.

Deux brigades se sont rendues sur place. Quand vient le temps de sonner, comme c’est souvent le cas, il n’y a pas de réponse. Mais il fait sombre et nous ne sommes pas censés entrer chez les gens, pour quelque raison que ce soit. C’est à ce moment-là qu’on m’a appelé pour donner le feu vert au départ. Bien sûr, on se pose mille questions, mais vu le contexte j’ai demandé à mes équipes d’y participer.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés «Je savais que je n’étais pas un homme. Mais je ne me sentais pas comme une femme.

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Résultat : une femme et des enfants enfermés dans la salle de bain, un mari complètement ivre qui crie, un fusil de chasse posé bien en vue sur la table du salon. Nul doute donc qu’il fallait y aller. Souvent, pour moi c’est après coup que l’effet vertigineux arrive, je ne suis pas Catwoman. Je n’ai jamais eu de fantasmes concernant ce métier, je ne rêvais pas de faire ça quand j’étais petite.

« Élevé dans le respect des institutions »

Dans mon milieu familial, il n’y a ni policiers, ni gendarmes, ni militaires. Je n’ai pas reçu de formation particulière autour des métiers de la sécurité, même si, il faut le dire, je n’ai pas non plus grandi dans une famille très à gauche. Au contraire, j’ai été élevé dans le respect des institutions qui appliquent et respectent la loi. Cela m’a demandé un peu d’enseignement mais personne n’a été choqué par mon choix !

Au lycée, à Rambouillet (Yvelines), j’étais un élève moyen. Cela peut paraître surprenant mais j’ai fait un baccalauréat littéraire, option théâtre. J’adorais lire, je faisais beaucoup d’activités artistiques, beaucoup de danse, de chant, etc. Avec le recul, je me dis que ça m’était quand même utile de jouer à l’acrobate !

Le théâtre m’a donné les clés de la prise de parole en public : il me sert bien lorsque je dois parler devant 150 agents pour un briefing opérationnel… J’ai moins d’appréhension dans les exercices auxquels on est régulièrement confronté : quand un ministre vient, il vaut mieux évitez de rougir.

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