Le handicap au travail touche combien de personnes en France ?
Nous ne pouvons pas le dire car il existe de nombreuses définitions du handicap. Selon que l’on compte le nombre de personnes qui déclarent des limitations ou restrictions importantes. Ou selon que l’on compte via la reconnaissance administrative, notamment celle de travailleur handicapé (RQTH). Dans les deux cas, les chiffres sont très différents. Le RQTH ne couvre qu’une petite partie des personnes qui souffrent de limitations dues à un problème de santé. Au final, cela représente un très grand nombre de personnes.
Sans être très précis, peut-on parler de millions de personnes ?
C’est ça, exactement.
Et quand on rapporte cela à la population en âge de travailler, cela représente un pourcentage important…
Oui. Souvent, on parle de 10 à 15 % de cette population.
Où en est notre pays dans sa capacité à accueillir ces personnes dans le monde professionnel ?
Je m’abstiendrai de faire des comparaisons internationales, cela varie beaucoup selon les pays. En France, il existe une tradition de travail protégé. Il existe également la possibilité pour les personnes les plus éloignées de l’emploi de vivre de l’allocation pour adultes handicapés. Le législateur a été, tout au long du XXe siècle, très préoccupé par cette question. Mais ces politiques visent avant tout à intégrer les personnes les moins lourdement handicapées dans des emplois en milieu ordinaire. Ce qui fait qu’aujourd’hui nous n’avons pas un très bon « score » en termes d’intégration. Les personnes handicapées ont deux fois plus de chances d’être au chômage que les personnes valides, leur période de chômage est plus longue, elles ont un taux d’activité 50% inférieur à celui des autres, etc.
Ce mauvais « score » est donc lié à notre incapacité à intégrer les plus lourdement handicapés ?
Oui. Les personnes handicapées qui travaillent ont souvent des déficiences motrices ou légères. Le gros problème est la place des personnes présentant une déficience intellectuelle ou des troubles psychologiques dans l’entreprise.
Vous avez évoqué la situation en France au XXe siècle. Et depuis ?
Les choses commencent à changer. Les outils juridiques évoluent et s’orientent davantage vers l’égalité. C’est le cas du droit de non-discrimination. Notamment l’obligation d’un « aménagement raisonnable » qui est un véritable outil pour faire une petite place aux personnes handicapées dans l’entreprise. Et au-delà, aller vers une politique d’égalité dans l’emploi par des aménagements tout au long de la vie professionnelle des individus. Tout cela suppose que le monde du travail change un peu ses logiciels. Et que, lors du recrutement, nous n’essayons pas seulement de faire venir la personne la plus qualifiée ou la plus expérimentée. Nous avons besoin d’une approche beaucoup plus ouverte. Les personnes handicapées ont souvent ruiné leur carrière. Ils avaient moins accès à la formation et aux qualifications. Cela nécessite donc que les responsables des ressources humaines et les employeurs considèrent la personne handicapée non pas comme un travailleur moins compétent, mais qu’ils se concentrent sur ses compétences. Certains employeurs sont assez en avance. Mais ce n’est pas le logiciel dominant.
Certains métiers, certains secteurs d’activité ont-ils progressé ?
C’est difficile à dire. Ce que l’on sait, c’est que certains secteurs produisent du handicap : le bâtiment, les travaux publics, les hôpitaux, l’assistance à la personne. Ce qui fonctionne est très souvent lié à l’expérience personnelle des employeurs. Quand les gens étaient eux-mêmes confrontés à la question du handicap.
Pratique
Le programme du mois d’inclusion sur le site de la mairie de Lannion : lannion.bzh
