« Aujourd’hui, la commune de Kalémie est coupée en deux »

« Aujourd’hui, la commune de Kalémie est coupée en deux »
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A l’est de la RDC, la ville de Kalémie est menacée depuis plusieurs semaines par la montée des eaux au Tanganyika. Le deuxième plus grand lac d’Afrique déborde à cause des pluies torrentielles qui frappent la région. Une catastrophe liée au phénomène climatique El Nino dont les dégâts sont énormes. Entretien avec Modeste Kabazi, l’un des porte-parole de la société civile de la province du Tanganyika.

RFI : Pouvez-vous décrire la situation actuelle à Kalémie ? On entend dire que la ville est coupée en deux, de quoi s’agit-il exactement ?

Modeste Kabazi : Oui c’est vrai, aujourd’hui la ville est coupée en deux. La rivière Lukuga, qui sépare les deux rives, est aujourd’hui impossible à franchir. Tout le monde est obligé de prendre un canoë, c’est le seul moyen pour le moment. Nous avons mis un canot sur le boulevard pour faire traverser les gens. Toutes les activités sont compliquées, qu’elles soient commerciales ou administratives.

Quel impact ces inondations ont-elles sur les habitants ?

Cet état de fait, où la population ne peut pas se déplacer correctement, entraîne un ralentissement de la ville. Les activités commerciales ne se portent pas bien. Certaines agences ont dû fermer leurs bureaux. Il faut aussi rappeler qu’avec l’inondation du port, il est très difficile d’y accéder. La rivière Kaleni a quitté son lit et s’est dirigée tout droit vers la SNCC, la compagnie nationale des chemins de fer, ce qui pose de très sérieux problèmes, car il faudra passer sous surveillance. De nombreux passagers, pour se rendre à Ophila, à Kankomba, devront certainement attendre que la crue se retire avec tous les impacts négatifs que l’on peut imaginer.

Cette montée du Tanganyika force-t-elle aussi le déplacement des habitants de Kalémie ?

Oui, plus de la moitié des habitants du quartier Dave, Kolombondo ont dû quitter leur domicile. Nous avons identifié 5 234 ménages ayant besoin d’aide. La plupart d’entre eux ont dû se réfugier dans la commune de Lukuga, de l’autre côté du fleuve.

Quelle aide avez-vous reçue des autorités ou des ONG en réponse à ces inondations ?

Jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucune aide. Seule la société civile se bat comme un diable pour obtenir les moyens nécessaires pour alléger la misère de ceux qui doivent quitter leurs foyers. C’est vraiment difficile, mais j’espère qu’avec le ministre provincial du Plan, à qui nous avons présenté le problème et qui a compris la nécessité de trouver des solutions, nous pourrons sortir de cette impasse.

Je crois qu’en plus d’aider à loger les gens, il faut aller plus loin. La rivière Lukuga doit être vidangée pour permettre aux eaux de se retirer. Avec le déclin, la ville redeviendra ce qu’elle était et la vie pourra reprendre normalement. J’ose croire que notre action auprès des autorités portera ses fruits.

 
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