« Bordeaux doit envoyer un signal fort en baissant les prix pour le millésime 2023 »

« Bordeaux doit envoyer un signal fort en baissant les prix pour le millésime 2023 »
Descriptive text here

CONTREest parti pour la campagne primeur du millésime 2023. Des professionnels du monde entier (importateurs, distributeurs, cavistes, restaurateurs…) sont attendus en Gironde pour le déguster, apprécier sa qualité et l’acheter – ou non – en fonction des prix de vente proposés par les châteaux et relayés par les commerçants. Les vins, en cours d’élevage en caves, ne seront livrés qu’au second semestre 2025. Un homme d’expérience, Jean-Christophe Estève, qui compte 5 000 particuliers dans son fichier clients – société Sovinat – analyse ce marché spécifique et analyse les enjeux du millésime 2023.

Comment a évolué le phénomène d’achat de vins de Bordeaux en primeur ?

A la tête de plusieurs caves à Paris (jusqu’en 2001), j’ai vu arriver les achats en primeurs dans les années 1980. Les châteaux pressentaient une bonne affaire : être payés avant de livrer les bouteilles en échange de réductions sur le prix. Des particuliers s’y sont intéressés grâce à la médiatisation des dégustations et des notes (Robert Parker, Jacques Dupont, etc.). Le CIVB a organisé des visites de crus classés pour les journalistes. Les acheteurs professionnels, français et étrangers, se sont également intéressés aux nouveautés à travers le salon Vinexpo, caisse de résonance médiatique dont le départ de Bordeaux a été un désastre (1).

Comment avez-vous vécu l’évolution des prix ?

Selon les années, le premier achat concerne plusieurs centaines de biens. J’ai réalisé de bonnes ventes avec le millésime 2000. Il y avait alors de grandes bouteilles bon marché. Jusqu’aux millésimes 2009 et 2010 – de bonne qualité – les particuliers faisaient de bonnes affaires. Puis les prix ont augmenté et le système a déraillé : la qualité des 2011, 2012, 2013 et 2014 était moindre mais les prix n’ont pas baissé (voir infographie ci-dessous). Mon chiffre d’affaires oui. Heureusement, le millésime 2015 s’est mieux vendu. Poussés par une forte demande mondiale, les plus grands vins se vendaient à plusieurs centaines d’euros et mes clients français historiques ne pouvaient plus se les offrir.

Le millésime 2019 a montré que les châteaux pouvaient baisser les prix…

Oui. En plein Covid, il fallait marquer le coup : après les dégustations qui ont eu lieu fin avril 2020, les propriétés ont sorti leurs 2019 à des prix inférieurs – de l’ordre de – 20 % par rapport à 2018 – et les caisses repartent à la hausse. bon départ. En moyenne, mes clients passent des commandes de 300 à 500 €. Le 2019, d’une superbe qualité, a été « la » bonne affaire, puis les châteaux ont recommencé à remonter avec le 2020. Pourquoi ? Aujourd’hui, Bordeaux doit envoyer un signal fort en baissant les prix du millésime 2023, sinon la campagne sera un échec. Il y a des stocks partout chez les commerçants, notamment 2021, vendus vraiment trop chers. Sovinat a réalisé de meilleures ventes en 2022.

Le système de production précoce est-il en danger ?

Acheter en primeur est une question de confiance, un investissement dans l’avenir : payer avant la livraison pour faire une bonne affaire après. Les amateurs de vins constatent que les prix ne suivent pas toujours la qualité des vins mais les intérêts propres des châteaux. On retrouvera dans les rayons des supermarchés les produits 2021 à des prix inférieurs à ceux proposés tôt. Les commerçants ont besoin de liquidités et d’espace dans les entrepôts. Tout cela n’est pas très sain, d’autant que c’est tout le secteur qui souffre.

Quel rapport voyez-vous entre la hausse des prix des grands vins et la crise à laquelle est confronté le vignoble bordelais ?

Dans l’esprit du consommateur français moyen, Bordeaux est désormais généralement perçu comme trop cher. Même si ce n’est pas vrai, c’est même absurde : il existe de bonnes bouteilles à des prix raisonnables, moins de 10 ou 15 €. A qualité égale, d’autres vignobles sont plus chers, dans la Loire, en Bourgogne ou dans le Beaujolais. L’ensemble du secteur devra faire beaucoup de promotion pour inverser cette tendance.

(1) La dernière édition de Vinexpo à Bordeaux a eu lieu en 2019.

Bons plans

Au sein du catalogue Sovinat, Jean-Christophe Estève et son fils Sylvain nous font quelques bonnes affaires (achat anticipé ou non). En Gironde : Les Annereaux, Malleret, Agassac, Mauvezin, les Ormes Sorbet, La Mothe du Barry, La Freynelle, Respide, Mondesir-Gazin, le G de Guiraud. Loire : Domaines Tatin, Domaines Olga Raffault. Beaujolais : Domaines Périnne Trichard. Châteauneuf-du-Pape : Domaine de la Janasse. Roussillon : Domaine Modat.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

NEXT l’essence et le diesel plus chers aujourd’hui