Témoignage. Kidnappé lors de vacances en van en Iran, l’ex-otage Benjamin Brière se confie

Témoignage. Kidnappé lors de vacances en van en Iran, l’ex-otage Benjamin Brière se confie
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C’est une histoire banale qui a failli très mal se terminer. Benjamin Brière, originaire de Lyon, sillonne depuis juin 2018 de pays en pays à bord d’un van aménagé. Après avoir parcouru les routes de Scandinavie, des Balkans et de Turquie, il parcourt l’Iran pendant plusieurs mois, comme en témoignent les photos postées sur son compte Instagram.

Tout semble bien se passer pour le jeune homme, jusqu’en mai 2020. « Je m’endors paisiblement, il doit être 1h ou 2h du matin quand ça percute la carrosserie du van. Je vois sept ou huit militaires…», explique-t-il en préambule au micro deCorrespondant.

Photos avec un drone récréatif

C’est un cauchemar pour Benjamin, aujourd’hui âgé de 38 ans. Il a été transféré dans un village des Gardiens de la révolution islamique, une organisation paramilitaire de la République islamique d’Iran. « C’est le début d’une longue bataille, un long combat », poursuit le trentenaire.

Le régime lui reproche d’avoir pris des “photos de zones interdites” avec un drone récréatif dans un parc naturel et d’avoir remis en cause le port obligatoire du voile islamique pour les femmes iraniennes.

Benjamin Brière a été envoyé après plusieurs mois à la prison de Vakilabad, à Mashhad, dans le nord-est du pays. Après un an de détention, il apprend qu’il sera jugé pour « espionnage » et « propagande » contre le système politique de la République islamique d’Iran. Des accusations passibles de plusieurs années de prison, voire de la peine de mort. Après un an et demi de détention, le Lyonnais de 36 ans a finalement été condamné à huit mois de prison supplémentaires pour « propagande » contre le régime iranien.

J’ai vu des centaines de personnes passer leur dernière nuit vivantes »

« Ce n’est pas le juge qui décide. C’est un papier qu’on lui glisse et qu’il lit. C’est en fait grotesque… des choses vous sont exposées. Vous savez que ce n’est pas vrai, ils savent que ce n’est pas vrai. C’est en fait un cirque ! », raconte Benjamin. La France avait alors jugé sa condamnation « inacceptable ».

La prison de Vakilabad, à Mashhad, dans laquelle il se trouve n’est pas un établissement comme on pourrait l’imaginer en France. L’ex-otage français raconte les conditions difficiles qu’il a vécues : « J’étais dans une zone de haute sécurité, c’est une prison dans la prison. Il faut savoir que ce ne sont pas des cellules, ce sont des dortoirs plus ou moins surpeuplés, plus ou moins vétustes. Nous passons des journées enfermés environ 21 heures par jour. Je suis le seul étranger. Je ne parle à personne. De toute façon, je ne peux interagir avec personne. J’ai vu des centaines de personnes passer leur dernière nuit vivantes, car le lendemain matin, elles allaient être exécutées par pendaison. Comment oublier les visages de ces gens ? »

Le jeune homme va entamer une grève de la faim pour tenter de faire bouger les choses : « C’est la seule arme que j’ai. C’est la seule chose qu’ils ne peuvent pas contrôler. (…) C’est le seul poids que je peux avoir et si je dois me faire mal, je me ferai mal. »

“En 3 ans, je n’ai pas dormi un seul instant dans le noir”

Après trois ans derrière les barreaux, Benjamin Brière est libéré le 12 mai 2023, affaibli et malade. Il décrit comment cette libération s’est déroulée : « Nous avons été emmenés dans un hôpital privé à Mashhad, où nous avons dû passer la nuit en observation. » Le journaliste lui demande s’il se sent enfin en sécurité, sa réponse est claire. « Je n’étais pas en sécurité à ce moment-là, je m’attendais toute la nuit à voir arriver à tout moment les gardes, les Gardiens de la révolution. Et puis on se retrouve dans une pièce, seul, où il fait sombre. Nous ne dormons pas la nuit. Je sors de trois années où il y avait de la lumière 24 heures sur 24. Il n’y a pas eu un seul moment où j’ai dormi dans le noir. Finalement, nous décollerons le lendemain en début d’après-midi. Je me promenais en van et je suis revenu en avion, c’est un jet privé. C’est digne d’un film, encore une fois, c’est complètement fou. »

Un reportage complet diffusé ce jeudi soir sur France 2, dans l’émission Correspondant.

 
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