L’ensemencement des nuages ​​pourrait-il provoquer des inondations ? C’est « extrêmement improbable »

L’ensemencement des nuages ​​pourrait-il provoquer des inondations ? C’est « extrêmement improbable »
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Plusieurs pays du Golfe ont connu des pluies torrentielles en début de semaine. La ville de Dubaï, aux Émirats arabes unis, est particulièrement touchée, donnant lieu à des images impressionnantes.

Depuis mardi, une théorie circule tant dans certains cercles complotistes que dans la presse : ces inondations pourraient avoir été provoquées par cloud seeding – une technologie qui vise à influencer artificiellement la météo, en envoyant des produits chimiques dans les nuages.

Les Émirats arabes unis sont en effet connus pour développer cette pratique depuis plusieurs années, pour faire face à la sécheresse. Pour les communautés complotistes, cette technologie bien réelle se mêle à celle des chemtrails, cette théorie du complot qui prétend que les traînées laissées dans le ciel par les avions sont en fait des produits chimiques nocifs.

Réclamations contradictoires des Émirats arabes unis

Il faut dire que l’idée selon laquelle les inondations seraient à l’origine du recensement des nuages ​​n’est pas nouvelle, et a été notamment soutenue par les commentaires d’un météorologue du Centre national de météorologie (NCM) des Émirats arabes unis. . Un article du média américain Bloomberg publié mardi cite les propos d’Ahmed Habib, météorologue du NCM, faisant le lien avec les vols d’ensemencement de lundi et mardi.

Une information sur laquelle il est finalement revenu dans un article du média américain CNBC, affirmant que « [les] “Les pilotes avaient effectué des missions dans le cadre du protocole régulier, mais n’avaient jeté aucun nuage.” Dans le même article, le directeur général adjoint du NCM, Omar Al Yazeedi, a déclaré que le centre « n’a mené aucune opération d’ensemencement lors de cet événement ». Lorsqu’il a été contacté, le MR n’a pas répondu.

« Les pluies étaient déjà là »

Selon les experts interrogés par 20 minutes, la cause des inondations du début de la semaine ne réside pas non plus dans l’ensemencement des nuages. C’est notamment l’avis d’Andrea Flossmann, professeur à l’université Clermont Auvergne et co-présidente de l’équipe d’experts sur la modification du temps de l’Organisation météorologique mondiale. « On ne peut pas semer là où il n’y a pas d’humidité. Le semis n’est qu’un petit coup de pouce supplémentaire pour le faire bouger lorsqu’il y a suffisamment d’humidité. Dans ce cas, les pluies étaient déjà là », explique le scientifique.

Des conclusions qui font écho à celles d’Olivier Boucher, climatologue et directeur adjoint de l’Institut Pierre-Simon Laplace. « Dans le cas des inondations à Dubaï, [le fait que l’ensemencement ait joué un rôle] est extrêmement improbable. Ce sont des masses d’air tellement chargées d’humidité qu’il allait pleuvoir de toute façon. » L’expert souligne également que l’ensemencement des nuages ​​ne crée pas davantage de précipitations. « Le but est seulement de déclencher la ruée. Il n’y a pas non plus de mémoire, donc pas d’effet à long terme de cet ensemencement. »

Pour Olivier Boucher, les fortes pluies sont dues à « un système météorologique sans doute assez inhabituel, mais pas impossible », avec « probablement un lien avec le réchauffement climatique, ce qui augmente la probabilité que ce type d’événement se produise, mais il faudrait un étude pour le confirmer. Enfin, Dubaï, très urbanisée, présente sans doute « un drainage insuffisant du système d’évacuation des eaux pluviales, qui n’a pas été conçu pour de grandes quantités d’eau », ajoute le climatologue.

Efficacité relative

Par ailleurs, « le gros problème est celui de mesurer l’efficacité » sur le plan scientifique, explique Andrea Flossmann. « Il n’y a pas deux nuages ​​identiques, même dans des conditions atmosphériques similaires. Il est donc très difficile de prouver que c’est dû à l’ensemencement et pas seulement naturellement. Récemment, nous avons fait des progrès dans ce domaine, mais seulement dans des cas particuliers. »

Comme l’explique Olivier Boucher, il existe « deux principales techniques d’ensemencement » : « La première repose sur l’injection de particules d’iodure d’argent, qui vise les nuages ​​dits froids, où se trouve de l’eau liquide à des températures négatives. L’idée est de transformer ces gouttelettes d’eau liquide en cristaux de glace afin qu’elles s’agrègent, s’alourdissent et déclenchent des précipitations. Aujourd’hui, les recherches montrent que dans ce cas, lorsqu’on ensemence au bon moment et sur le bon type de nuage, il peut y avoir localement 10 à 15 % de précipitations en plus par rapport à ce qui se serait passé si on n’avait pas semé. »

Toutefois, « ce n’est pas le type d’ensemencement utilisé à Dubaï, contrairement à ce qui a pu être écrit dans la presse. Ils ont une autre technique, car il fait trop chaud, qui consiste à essayer d’injecter des particules qui sont des noyaux de condensation géants, qui vont attirer l’eau, pour générer des gouttelettes plus grosses que les autres, qui vont pouvoir continuer à croître et déclencher des précipitations. Sur cette technique, je n’ai vu aucune étude qui démontrait que cela fonctionnait», explique Olivier Boucher. « Mais l’efficacité est de toute façon réduite. »

En vogue depuis les années 40, cette idée avait « un peu été oubliée », explique Andrea Flossmann. Avant que « de plus en plus de pays s’y tournent, avec les conséquences du réchauffement climatique. » Les pays du Golfe, comme les Émirats arabes unis, sont « particulièrement actifs » dans ces programmes depuis une dizaine d’années.

 
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