Les arnaques aux matelas, qui ciblent souvent les personnes âgées et vulnérables, gagnent du terrain. Plusieurs départements mettent en garde leurs habitants contre ces arnaques. François Duparc, président du collectif Parlons Literie, nous explique comment les éviter.
Apparemment de bonnes affaires. Les arnaques aux matelas continuent de se propager en profitant de la vulnérabilité de personnes moins averties. Elles consistent à vendre un matelas de qualité médiocre pour un montant totalement déraisonnable. Les gendarmes des départements du Rhône, mais aussi de la Sarthe et des Pyrénées-Orientales alertent leurs habitants sur ces arnaques avec des méthodes opératoires bien huilées.
Selon François Duparc, président du collectif Parlons Literie, ces arnaques reposent sur le fait que les Français sont mal informés sur le secteur de la literie.
« Le taux de renouvellement des matelas est d’environ une fois tous les 14 ans et le consommateur n’en sait bien souvent rien. Quand arrive la phase de renouveau, ils sont souvent désemparés car très ignorants. Cela ouvre donc la porte aux opportunistes de tous bords », explique-t-il.
Les escroqueries se multiplient sur les marchés
Ces escroqueries ont lieu en dehors du canal de vente traditionnel. L’un des scénarios les plus courants se déroule sur les marchés ou les foires. Un commerçant propose des matelas à des prix particulièrement attractifs, entre 100 et 200 euros. Il invite généralement les acheteurs à payer par chèque, espèces ou carte bancaire au moment de la livraison. Mais une fois sur le pas de la porte avec le matelas en question, il annonce un nouveau prix qui peut monter jusqu’à 3 000 euros.
Les clients, souvent âgés et vulnérables, se retrouvent alors au pied du mur, d’autant que le vendeur avance que leur matelas actuel est usé ou défectueux.
« Mais attention, certains vendeurs de matelas sur les marchés sont tout à fait honnêtes. Ils peuvent proposer des modèles de produits corrects qu’ils achètent auprès de petits fabricants », rappelle François Duparc.
La méthode du porte à porte
Un autre scénario, qui repose sur le démarchage à domicile, fait des ravages, comme le rapporte une enquête de l’UFC-Que Choisir. Les escrocs se font passer pour une entreprise de literie pour gagner la confiance de leurs victimes. Certains d’entre eux se présentent comme salariés de la marque de meubles Gauthier. L’entreprise, qui a posté un message d’alerte sur son compte Facebook en février dernier, a déjà déposé plainte en 2022, comme le rappelle France Bleu.
« Des entreprises douteuses font actuellement du démarchage dans certaines communes du sud de la Sarthe dans le domaine de l’isolation », alertait la gendarmerie de la Sarthe le 5 mars sur Facebook.
Concrètement, les arnaqueurs font du porte-à-porte en se faisant passer pour des entreprises spécialisées dans la literie ou le mobilier. Ils sont généralement 2 ou 3 et parviennent à gagner la confiance de leurs victimes avant d’entrer dans le domicile.
Une fois à l’intérieur, ils demandent à vérifier l’état du matelas en place. Traces d’usure, marques d’infection… Les escrocs avancent une foule de prétextes pour pousser la victime à leur acheter un matelas qu’ils peuvent facturer jusqu’à 3 000 euros. En cas de refus de ces derniers, ils n’hésitent pas à entamer des négociations pour leur donner l’impression de faire une bonne affaire.
« Pour les rassurer, ils fournissent parfois un document mentionnant plusieurs noms de sociétés, tous inexistants ou radiés, avec les références du matelas vendu », expliquent les gendarmes du Rhône à Actu Lyon.
« Plus la remise est élevée, plus elle est suspecte »
Si François Duparc insiste sur le fait qu’il est tout à fait possible d’acheter des matelas corrects sur les marchés, il insiste néanmoins sur le fait que « plus l’environnement est mystérieux, plus le risque de se tromper est grand ».
En effet, les fiches techniques des matelas vendus hors circuit traditionnel peuvent être assez vagues, voire totalement inexactes. Pour éviter que les consommateurs ne se fassent arnaquer, le spécialiste recommande avant tout de se méfier des prix trop bas. « Plus la remise est élevée, plus elle est douteuse », insiste-t-il.
Il conseille également de demander le détail de la fiche technique du produit, ainsi qu’un modèle des « composants présents à l’intérieur du matelas ». Concernant les certifications mises en avant par certains vendeurs, il est impératif de vérifier leur validité sur Internet. « Il faut être curieux en vérifiant tout ce qui est indiqué, mais aussi tester le matelas dans un contexte acceptable », souligne le spécialiste.
« La capacité d’évaluer une remise est quasiment nulle lorsqu’on n’a pas de référence pour comparer d’un distributeur à l’autre », ajoute-t-il.
Pour cause, la plupart des matelas vendus sur les marchés et en porte-à-porte sont absents des catalogues des distributeurs de literie traditionnels. A noter également qu’il est possible d’obtenir des conseils en ligne auprès de Parlons Literie. Le collectif rassemble des données techniques, mais aussi des conseils qui viennent directement des professionnels du marché pour accompagner les consommateurs dans leur achat.
