Nicolas Lebeau, reprendre le contrôle des images

Nicolas Lebeau, reprendre le contrôle des images
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Avec Voltar pour vivre (« Retour à la vie », Nicolas Lebeau interroge notre rapport aux images en puisant à la fois dans son parcours personnel et dans les archives. Le rêve, le sentiment d’inadéquation dans un monde où règne l’apathie, la résistance à la surexposition aux images et à leur saturation, sont autant d’éléments qui viennent hanter son œuvre. Rencontre.

Oeil de poisson : Pouvez-vous vous présenter ?

Nicolas Lebeau : Je m’appelle Nicolas Lebeau, je suis franco-brésilien. J’ai appris la photographie par moi-même. Pour l’intégrer dans une pratique artistique plus large et canaliser une certaine énergie, j’ai décidé d’étudier à l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy où je suis actuellement en dernière année.

Quel a été votre premier souvenir photographique ?

Je ne viens pas d’un milieu où il y avait nécessairement un intérêt pour les arts. Ma culture visuelle est née avec les magazines et vidéos de skateboard. Quand j’étais adolescent, mes héros étaient des skateurs plus âgés que je voyais en banlieue parisienne et qui tenaient un blog. Ils ont documenté leurs aventures en mélangeant images et textes. Un jour, j’ai franchi le pas et acheté un vieux reflex argentique sur leboncoin. J’ai tout appris grâce aux forums Internet. Je passais mes journées à photographier dans la rue au lieu d’aller à l’école, et le soir je rentrais chez mes parents pour développer mes films dans la salle de bain.

Pourriez-vous revenir sur la genèse de votre série ? Voltar pour vivre ?

Ce projet, toujours en cours, est né il y a environ un an. J’ai beaucoup réfléchi à l’influence de la technologie sur nos vies, aux questions de surveillance, aux images informationnelles et utilitaires, et je me suis demandé comment produire des images qui résistent à tout cela. C’était aussi une époque où je me sentais coincé en France, dans un Occident en colère et épuisé, et où je cherchais de plus en plus à me rapprocher de mes origines brésiliennes.

Dans le cadre de mes études, j’ai eu la chance de faire un échange de six mois à Rio de Janeiro au Brésil, et donc d’y vivre pour la première fois. C’est là que toutes ces intuitions sont devenues le projet Voltar pour vivre.

Que souhaitiez-vous mettre en valeur ?

Je savais qu’en allant vivre au Brésil, j’allais me débarrasser de toute cette part de fantasme liée à mes souvenirs d’enfance. Cependant, je fantasmais encore sur l’idée d’un peuple en résistance active contre une certaine marche du monde qui détruit tout sur son passage. J’ai vite réalisé que la plupart des gens que j’ai rencontrés et avec qui je vivais n’étaient pas engagés dans une lutte militante spectaculaire, mais essayaient simplement de survivre. C’est sur cette résistance passive, personnelle et profonde que j’ai décidé de me concentrer. Il s’agissait de se trouver parmi les décombres d’un monde plein et épuisé qui avait disparu derrière sa propre image.

C’est là aussi que j’ai pu affiner ma position. J’ai compris que mon travail ne se situait ni en France ni au Brésil, mais dans cette zone intermédiaire beaucoup plus trouble et obscure. Ce sentiment de ne plus appartenir à rien, de venir de nulle part est, je crois, partagé par des individus de plus en plus déracinés, perdus entre plusieurs cultures et identités.

 
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