Qui pour juger Trump ? A New York, les jurés potentiels passés au crible

Kara McGee, jurée potentielle recalée, à New York le 16 avril 2024 (Kena Betancur / AFP)

L’un est originaire du Texas, un État notoirement conservateur, et craint d’avoir un parti pris de droite ; l’autre annonce immédiatement qu’elle ne peut pas être impartiale. Au procès de Donald Trump à New York, le ballet des jurés potentiels révèle la complexité de juger l’ancien président républicain à la personnalité clivante.

Kara McGee, 29 ans, fait partie des dizaines de New-Yorkais convoqués devant le tribunal devant lequel comparaît M. Trump, 77 ans. Il est accusé d’avoir falsifié des documents pour cacher des paiements destinés à acheter le silence d’une ancienne star du porno.

Devant le juge, les citoyens doivent répondre à un questionnaire détaillé révélant une grande partie de leur vie : profession, situation familiale, sources d’informations et intérêts.

La jeune femme a déclaré à l’AFP que lorsqu’elle a reçu la lettre lui demandant de se présenter, elle s’est dite que “ce serait cool” s’il s’agissait bien du procès de l’ex-président et qu’elle aurait adoré participer à cet événement historique.

Le processus de sélection ne l’a pas déçue : « c’était incroyable (…). C’est tout simplement fascinant de voir cette personne que vous avez suivie dans l’actualité de la campagne », a-t-elle déclaré.

Kara McGee à New York le 16 avril 2024 (Kena Betancur / AFP)

Malheureusement pour elle, le juge l’a récusée mardi pour des problèmes d’horaire : travaillant dans la cybersécurité, elle affirmait qu’elle ne serait disponible qu’après 16h30 ou 17h00 tous les jours.

Juste avant d’être rejetée, elle a également déclaré qu’elle s’était déjà abonnée à des newsletters et à des groupes anti-Trump sur les réseaux sociaux.

Texas, excusé

Pour le juré numéro B354, c’est l’inverse qui a fonctionné. Originaire du Texas, passionné de golf comme Donald Trump et travaillant dans la comptabilité, il affirme que son domaine professionnel a tendance à « pencher intellectuellement du côté républicain ».

Ses origines texanes pourraient aussi l’influencer, poursuit-il, mais il dit « n’en être sûr ».

Le juge Juan Merchan explique alors qu’il a besoin d’une position sans équivoque de sa part.

«Ça va probablement être difficile pour moi d’être impartial», admet le juré B354. Après concertations entre le magistrat et les avocats, il a été relaxé.

Donald Trump à New York le 16 avril 2024 (JUSTIN LANE / AFP)

Pressé de questions par Todd Blanche, l’avocat de M. Trump, le juré B113, un homme blanc aux cheveux gris courts, refuse de révéler ce qu’il pense de l’ancien président, assurant que son opinion ne compte pas et qu’il est capable de faire la part des choses. .

“Je suis démocrate, alors voilà, mais j’arrive ici et (pour moi) c’est un accusé, et c’est tout”, a-t-il déclaré.

Au bord d’un lac, sans wifi

Assise au siège numéro 17, une autre jurée potentielle, une jeune femme noire d’une vingtaine d’années, dit s’informer sur Google et TikTok : “Je n’aime pas les informations ni les journaux.”

Lorsqu’on lui demande si elle a une opinion bien arrêtée sur M. Trump, elle évoque la dernière élection présidentielle, que le milliardaire républicain affirme toujours avoir gagnée – il a en fait été battu par le démocrate Joe Biden, qu’il doit revoir pour un nouveau duel pour la présidentielle. Maison Blanche le 5 novembre.

« Il y a eu une division dans le pays et je ne peux pas l’ignorer », dit-elle. “Cependant, je ne peux pas associer cela à une seule personne.”

Médias devant le tribunal de Manhattan où est jugé Donald Trump, le 16 avril 2024
Médias devant le tribunal de Manhattan où est jugé Donald Trump, le 16 avril 2024 (Kena Betancur / AFP)

Un peu plus insolite, une autre jurée potentielle, le numéro B128, explique qu’elle est peu au courant de l’actualité et pour cause : elle a passé le mois de février et une partie du mois de mars au bord d’un lac. , sans wifi.

Et un autre candidat affirme ne pas suivre la politique parce que « sa femme n’aime pas les nouvelles ».

Enfin, une jeune ingénieure informaticienne travaillant chez Disney assure qu’elle peut être « juste et impartiale » mais qu’elle a un souci : sa sœur se marie un dimanche de septembre, et bien sûr elle doit assister à la cérémonie. Sera-t-il possible?

“Si nous étions encore là en septembre, ce serait un gros problème”, dit le juge, provoquant les rires dans la salle.

 
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