A 31 ans, Aude Durand est propulsée numéro 2 du groupe Iliad, maison mère de Free

A 31 ans, Aude Durand est propulsée numéro 2 du groupe Iliad, maison mère de Free
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Au huitième étage du siège du groupe de télécoms Iliad, Aude Durand habite la chambre. Pompes aux pieds et tablette sous le bras, à tout juste 31 ans, cette ingénieure de formation a été promue, le 13 mars, directrice générale adjointe du groupe de 17 700 salariés, numéro 2 de Thomas Reynaud, le PDG. Une carrière éclair qu’elle peine encore à réaliser. “ J’ai toujours su que je voulais avoir une certaine forme d’impact dans mon travail, mais cela aurait pu prendre de nombreuses formes différentes. », nous dit-elle. Aujourd’hui pleinement épanouie dans ses fonctions, elle n’aurait pas « ne parie jamais sur une telle carrière « .

Si elle ne s’est pas vue si haut, si tôt, Aude Durand s’est toujours imposée comme une bourreau de travail. Après trois années de classe prépa au lycée Louis le Grand, elle rejoint la prestigieuse école Polytechnique en 2012. Aude profite de ces années pour être sur tous les fronts : volleyeuse et membre de nombreuses associations scolaires. Mais c’est son service militaire (effectué comme élève polytechnique) à la gendarmerie de Salon-de-Provence qui suscite son intérêt pour le domaine. ” C’était ma première expérience au service de la population. J’ai retrouvé ça aujourd’hui car l’accès à internet est un bien essentiel “, elle explique.

Pris par l’envie de réaliser son « petit rêve américain » après ses années à Paris-Saclay où se trouve le campus X, la jeune femme part en 2015 pour la Californie et l’université de Stanford. Elle souhaite enrichir son profil de chercheuse à Polytechnique. Elle s’est donc inscrite en master en « sciences de gestion et ingénierie « . Objectif : avoir les clés du management en tech.

Des débuts risqués dans le secteur des télécoms

Malgré ce master en poche, elle s’est détournée de la Silicon Valley pour « raisons personnelles » (qu’elle n’a pas souhaité détailler) mais aussi par manque de débouchés correspondants. “ Lorsque vous quittez Stanford, les entreprises américaines souhaitent vous embaucher en tant qu’ingénieur logiciel ou data scientist. J’adorais coder mais je ne voulais pas passer mes journées seule devant mon écran “, elle dit.

Après plusieurs entretiens dans des secteurs très différents, de Carrefour à LVMH (propriétaire du groupe) Les échos “) en passant par des start-up, c’est chez Orange que la polytechnicienne a jeté son dévolu en 2017 comme chef de produit sur l’Internet des objets. ” Ce métier m’a permis de faire de la technique, de suivre des projets avec des applications concrètes « .

A 24 ans, Aude veut faire avancer les choses, plus loin, plus vite. Elle décroche le poste de directrice de cabinet du PDG d’Orange, Jérôme Barré. Ici, elle est au cœur du réacteur, elle peut impulser des idées et se rendre compte des difficultés de faire bouger un grand groupe. Malheureusement, son envie de multiplier les projets et de changer les choses s’épanouit plus vite que leur mise en œuvre. La jeune femme ressent de la frustration.

La notification LinkedIn qui change la vie

Lorsqu’un profil LinkedIn sous le nom de Xavier Niel, sans photo ni abonné, lui envoie un message privé en 2020, Aude devient méfiante. A l’époque, l’homme d’affaires et fondateur du groupe Iliad cherchait quelqu’un pour l’accompagner dans ses holdings et lui succéder. ” Je souhaitais un jeune non encore formé en entreprise, avec une vision moderne, anglo-saxonne mais aussi scientifique pour pouvoir nous accompagner dans nos projets techniques, notamment sur l’intelligence artificielle (IA). », nous raconte au téléphone Xavier Niel, fondateur d’Iliad.

Il s’est ensuite tourné vers des doubles diplômés Polytechnique/Stanford, type de profil recommandé par Jean-Charles Samuelian, PDG d’Alan (une nouvelle compagnie d’assurance maladie). Il obtient une liste de ces profils mais la plupart sont désormais chercheurs aux Etats-Unis. Avec ” son parcours académique mais aussi sa capacité à s’insérer dans le moule d’une start-up », Aude répond néanmoins à ses critères. Un point crucial dans la recherche de la personne qui le remplacera. Pour quoi ? Car il dit avoir bâti son entreprise autour de petites équipes, de 8 à 10 personnes, capables de prendre des décisions rapidement. comme les start-up « .

Après avoir traversé le scepticisme de la jeune femme qui n’osait pas croire à ce simple MP LinkedIn, les deux protagonistes ont fini par se rencontrer. Une anecdote qui la fait instinctivement sourire et à laquelle elle a encore du mal à croire : « C’est tellement lunaire, c’est la meilleure histoire qu’on puisse raconter lors d’un dîner entre amis « . Impossible pour elle de décliner la proposition de Xavier Niel qui lui présente son eldorado : être au cœur de l’orientation stratégique et l’accompagner dans ses projets de développement. Au moins au début. Quatre années durant lesquelles il ne se passe pas un jour sans que les deux hommes ne s’envoient un message.

Bras droit de Xavier Niel à moins de 30 ans

A seulement 27 ans, Aude Durand devient le bras droit de Xavier Niel pour l’accompagner sur ses projets stratégiques. Objectif : apporter un vent de fraîcheur à la direction générale et insuffler à nouveau l’esprit d’innovation qui a fait la réputation de l’entreprise. En signe d’intégration, Xavier Niel a symboliquement installé la nouvelle directrice dans son propre bureau. Consciente que son âge pouvait être un frein à l’acceptation par ses collègues, Aude est arrivée à tâtons : « La règle d’or : ne pas s’imposer, tout en étant exigeant et ludique « .

À son arrivée, elle rencontre quelques réticences, mais en quatre ans elle assoit sa légitimité. Il est donc logique qu’en mars 2024 après le décès brutal du directeur général adjoint et directeur financier, Nicolas Jaeger, ce soit elle qui reprenne son poste (sans la casquette financière). Elle connaissait bien la holding et avait déjà noué de bonnes relations avec le directeur général, Thomas Reynaud. Et sa nomination a évité un long processus de recrutement. ” Je n’étais pas particulièrement destiné à entrer dans la gouvernance officielle d’Iliad « .

A l’évocation de son ancienne voisine de bureau décédée, le regard d’Aude Durand trahit son émotion : « Je n’avais évidemment pas anticipé les événements mais je suis fier de pouvoir continuer à défendre ses valeurs « . Elle dirige désormais l’ensemble du groupe en France, en Pologne et en Italie.

Une vision opérationnelle de la gouvernance

Lorsqu’elle parle d’elle, son rire masque sa gêne. En revanche, lorsqu’elle évoque ses multiples projets, le discours redevient clair. Elle garde dans un premier temps une jambe sur terre, s’occupant des activités d’Iliad en Italie et en Pologne. L’autre partie du travail est consacrée aux projets qui porteront la croissance dans les années à venir. Elle travaille actuellement sur le plan stratégique 2028, avec pour objectif de placer Free, 6ème opérateur du continent, sur le podium des opérateurs européens.

Aude a également supervisé le lancement du laboratoire d’intelligence artificielle de Kyutai lancé en novembre 2023 dédié à la recherche ouverte en intelligence artificielle et financé en partie par Xavier Niel. L’objectif est de créer des modèles algorithmiques qui « porter les marques de notre culture et de nos valeurs « . Prochainement, ce sera l’investissement dans l’opérateur suédois Tele2 qui occupera les journées du dirigeant.

Aujourd’hui, Aude dit prendre les choses comme elles viennent. Déjà à la tête d’un des opérateurs européens les plus influents, elle refuse de se projeter dans dix ans. ” Je pense qu’être un leader n’est pas un objectif dans la vie. Tant que je serai là, je serai heureux, mais si un jour ça doit changer, ça changera « .

 
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