5 choses que vous ne savez probablement pas sur les iguanodons de Bernissart (VIDÉO & PHOTOS)

5 choses que vous ne savez probablement pas sur les iguanodons de Bernissart (VIDÉO & PHOTOS)
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Il semble aussi amusé par ses dinosaures que John Hammond, le riche PDG de Jurassic Park. Sauf que ses lézards ne sont pas génétiquement reconstitués : ils existent. Pascal Godefroit, paléontologue à l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, a publié un total de 320 pages sur les iguanodons de Bernissart. Le chercheur retrace l’épopée de ces géants extraits du fond d’une mine de Hennuyère en 1878. Une découverte qui a changé à jamais la vision humaine des dinosaures. Grâce au malicieux scientifique, nous avons mis en lumière 5 choses que vous ne saviez peut-être pas sur ce joyau préhistorique belge.

Pascal Godefroit, paléontologue à l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, est « LE » spécialiste belge des dinosaures. ©EDA

1. Un formidable coup de chance

» Le 28 février 1878, deux mineurs des charbonnages de Bernissart sont envoyés creuser une galerie d’exploration, dans l’espoir de trouver un filon de charbon. Mais à 322 m de profondeur, ils rencontrent ce qu’on appelle une « encoche ». C’est une poche avec des éboulis, des rochers effondrés. Le 5 avril, l’ingénieur et le directeur descendent à la galerie. Ils inventent quelque chose : le premier voit « un morceau de bois », le second « la côte du Père Adam ». C’est le médecin du village qui les met d’accord en brûlant l’objet : comme il prend feu, il décrète qu’il s’agit bien d’un os. Ce qui est sûr, c’est que si les mineurs avaient creusé à plus ou moins 5 mètres de profondeur, ils n’auraient probablement rien trouvé.»

2. Des os qui se transforment en poussière

Au Muséum des Sciences naturelles, une salle recrée le site de Bernissart tel qu’il a été découvert. ©EDA

Le préparateur Louis-François De Pauw est envoyé sur place. Un luminaire. « Il a assemblé le deuxième squelette de mammouth au monde. A Bernissart, il a remonté un tibia et un fémur énormes : une fabuleuse découverte. Mais ils se désintègrent en arrivant à la surface à ce moment-là. De Pauw convainquit alors la mine de faire don des squelettes aux Sciences naturelles et les fouilles commencèrent avec 6 mineurs et 3 techniciens de l’institut. Ils durent 3 ans ».

3. Un Michel Daerden hors de propos

La Belgique coupe les fonds en février 1881 : 600 blocs de fossiles et 130 tonnes sont transportés à Bruxelles. Découvertes fondamentales. « Car à l’époque, on ne savait rien des dinosaures : le terme venait seulement d’être inventé en 1841. Depuis, nous ne disposons que d’éléments fragmentaires : des dents, des os isolés. On imaginait d’immenses lézards, sortes de rhinocéros maladroits, avec une corne au milieu du crâne. De Pauw a également inventé une technique d’extraction des squelettes encore utilisée aujourd’hui. Très simple, peu coûteux, du plâtre et un morceau de papier. Surtout, pour éviter que les os remplis de pyrite ne se désintègrent en présence d’oxygène, on consolide les os. Il prépare une « recette de sorcière », mélangeant tout et n’importe quoi, y compris de l’arsenic et des clous de girofle. Mais cela fonctionne depuis 140 ans. Bien plus tard, Michel Darden, alors ministre chargé de la voirie, refuse d’installer un panneau mentionnant les iguanodons à Bernissart. Il parle d’eux comme de « petites gloires locales ». Lui et son équipe n’étaient pas clairvoyants.

4. Kangourous

On sait aujourd’hui que les iguanodons ne se tenaient pas sur deux pattes, mais sur quatre. ©EDA

Dressés sur leurs pattes arrière, les iguanodons sont les gardiens emblématiques du Muséum des sciences naturelles. Mais en 2024, on est certain que ces géants marchaient à quatre pattes (lire ci-dessous). « En 1883, nous avons décidé d’exposer les fossiles. Mais nous n’avions aucune idée de ce à quoi ressemblaient les dinosaures. Pour son premier assemblage, De Pauw a utilisé un casoar et un petit kangourou pour reproduire leur posture, car il y voyait des similitudes. Cette interprétation n’est pas exacte, mais reste innovante car à l’époque, les fossiles n’étaient utilisés que pour la datation. Louis Dollo, ingénieur français recruté à l’époque, s’intéresse pour la première fois aux conditions de vie de ces animaux : il invente alors la paléobiologie. Compte tenu du gigantisme de ces squelettes et de leur attrait pour la Belgique de l’époque, ils furent déplacés en 1905 du palais de Charles de Lorraine vers leur emplacement actuel dans le parc Léopold.

5. Une affaire froide préhistorique

“Qui a tué les iguanodons ?” demande Pascal Godefroit. Ce « cold case » n’est pas encore élucidé et est contenu dans le 11ème et dernier chapitre du livre. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la concentration sans précédent d’iguanodons sur ce petit territoire, comme la chasse par des carnivores, la chute dans une fosse ou une remontée de gaz des marais de Bernissart il y a 125 millions d’années. ‘années. « A l’époque, Bernissart était un marécage, avec des fougères et des conifères. L’hypothèse la plus probable est un effondrement de la structure géologique elle-même : ce que l’on appelle un « gouffre ». Le sous-sol comporte des poches de sel. Ce sel est dissous par les eaux hydrothermales : « cela crée une énorme grotte dont le toit peut s’effondrer. Le troupeau est peut-être venu s’abreuver et les berges extrêmement friables du marais se sont effondrées.

+ « Les Iguanodons de Bernissart, des fossiles et des hommes », Pascal Godefroit, Académie Royale de Belgique, 328 pages, 50 €

L’ouvrage de Pascal Godefroit fait le point sur toutes les connaissances actuelles concernant l’histoire des iguanodons de Bernissart. ©EDA

Des modèles 3D qui doivent encore parler

Parallèlement à la sortie du livre, les iguanodons de Bernissart continuent de parler. Un scan 3D des squelettes ramenés des mines de charbon de Hennuyer devrait en effet aider les scientifiques à mieux comprendre le dinosaure qui vivait il y a 125 millions d’années.

Depuis 2021, une équipe multidisciplinaire réunissant l’Institut des Sciences Naturelles et plusieurs universités belges travaille à la numérisation des iguanodons de Bernissart. En 2024, les premiers résultats de ces recherches dirigées par Pascal Godefroit sont publiés. Coût : 800 000 €, payé par Belspo.

Les chercheurs n’auront plus besoin de se déplacer à Bruxelles pour observer les fossiles de Bernissart : ils ont été numérisés. ©EDA

Le chercheur Christophe Mallet a escaladé les échafaudages et les passerelles en bois autour de la cage vitrée des dinosaures Hennuyer pour en capturer tous les détails. Un travail aussi titanesque que celui des sauriens. « Chaque spécimen pèse plusieurs centaines de kilos, et les crânes peuvent peser près de 20 kilos », mesure le responsable des travaux, postdoctorant à l’Université de Mons. “Nous avons dû démonter chaque individu pièce par pièce, scanner les os, puis les remonter.” Cette tâche colossale a abouti à « 4 teras de données brutes et 2 000 modèles 3D ».

Mais à quoi serviront ces données ? « Nous pourrons par exemple comprendre les restaurations passées et proposer d’éventuelles prothèses imprimées en 3D. Ces modèles sont également accessibles en ligne aux chercheurs du monde entier, éliminant ainsi le besoin d’entrer dans les cages de conservation.

Quadrupède

Toutes les prothèses peuvent désormais être imprimées en 3D. ©EDA

Grâce à ces scanners, le grand public peut également mieux connaître la position de marche à quatre pattes des iguanodons. « Nous avons tout mis en œuvre pour reconstituer l’holotype, spécimen de référence de tous les iguanodons conservés à Bruxelles. Grâce aux animations 3D de notre partenaire français Laetoli, nous l’avons remis en position quadrupède et non plus bipède. C’était impossible sans maquettes numériques car les os sont fragiles, leurs soudures aussi, tout comme les structures métalliques de support qui datent du XIXe siècle », explique Christophe Mallet. « Nous pensons qu’il marchait à quatre pattes mais courait sur deux jambes, penché en avant. Nous allons désormais pouvoir explorer ces questions : aucune étude biomécanique n’a jamais été entreprise sur les iguanodons ».

Le scan 3D du spécimen de référence de l’iguanodon de Bernissart a permis d’animer sa marche quadrupède. ©Sciences naturelles de Belgique – Laetoli Production

Les modèles 3D offrent encore d’autres perspectives de recherche : l’étude d’éventuelles pathologies, la définition de fonctions squelettiques, la réévaluation de la masse de l’animal en intégrant la peau et les muscles, les variations intraspécifiques… « On pourrait s’intéresser à la fonction de ce fameux pouce. dont on a souvent dit qu’elle servait de défense contre les prédateurs», indique le scientifique. “Ou essayez de déterminer, à partir de nos 25 spécimens, dans quelle mesure l’iguanodon mâle est différent de la femelle ou s’il développe des distinctions en vieillissant.”

Les iguanodons de Bernissart restent donc une mine d’informations.

Comment sont-ils morts ? Cela reste un mystère. ©EDA
 
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