tout ce qu’il faut savoir sur l’affaire

Donald Trump a comparu lundi devant un tribunal de New York pour un procès sans précédent dans l’histoire des Etats-Unis : il est le premier ancien président du pays à faire l’objet de poursuites pénales.

L’ancien président, 77 ans, est jugé pour avoir prétendument payé l’actrice de films pour adultes Stormy Daniels avant l’élection présidentielle de 2016 afin de l’empêcher de révéler les détails d’une relation présumée sexuelle entre les deux.

Les procureurs affirment que le paiement était une tentative « d’influencer illégalement » l’élection au cours de laquelle M. Trump a finalement battu la démocrate Hillary Clinton.

L’ancien président est inculpé de 34 chefs d’accusation, qu’un jury composé de 12 membres devrait examiner dans les semaines à venir. L’audience de lundi a été convoquée dans le cadre du processus de sélection du jury.

M. Trump a plaidé non coupable, arguant que les accusations portées contre lui étaient politiquement motivées.

“Tous les juristes ont dit que cette affaire était absurde, qu’elle n’aurait jamais dû être portée, qu’il n’y avait pas d’affaire”, a-t-il déclaré lundi aux journalistes avant d’entrer dans la salle d’audience. “Il s’agit d’une attaque contre les Etats-Unis et c’est pourquoi je suis très fier d’être ici”, a-t-il ajouté.

L’homme politique et homme d’affaires a fait face à une série d’accusations ces derniers mois dans le cadre de poursuites civiles. Le procès pénal qui s’est ouvert lundi sera cependant bien différent.

Stormy Daniels, de son vrai nom Stephanie Clifford, affirme avoir eu des relations sexuelles avec M. Trump en 2006 – ce que ce dernier nie – et avoir reçu un paiement avant l’élection présidentielle de 2016 en échange de la confidentialité de cette rencontre.

Le procès se concentre sur le paiement présumé que Trump aurait fait à son ancien avocat personnel, Michael Cohen. Ce dernier affirme avoir été condamné à verser à Daniels 130 000 USD avec cet argent.

Pour les procureurs de New York, il s’agit d’une tentative « d’influencer illégalement » les élections de 2016.

Bien que les paiements d’argent pour préserver la confidentialité d’une affaire ne soient pas illégaux aux États-Unis, le bureau du procureur du district de Manhattan affirme que Trump a commis un crime en enregistrant de manière inappropriée l’argent qu’il a versé à Cohen dans la section « frais juridiques ».

Daniels, aujourd’hui âgée de 45 ans, a parlé pour la première fois au magazine In Touch Weekly en 2011 de sa prétendue relation avec Trump cinq ans plus tôt.

Elle a affirmé avoir rencontré M. Trump lors d’un tournoi de golf en juillet 2006 et avoir eu des relations sexuelles à une occasion dans un hôtel de la région de Lake Tahoe, une station balnéaire de Californie.

« Il ne semblait pas s’en soucier. Il était un peu arrogant », a-t-elle déclaré en réponse à la question d’un intervieweur de savoir si M. Trump lui avait dit de ne rien faire. à dire sur la nuit qu’ils ont passée ensemble.

Si c’était vrai, cela se serait produit quatre mois après la naissance de Barron Trump, le fils que l’ancien président a eu avec son épouse Melania.

À l’époque, le magazine n’avait pas publié l’interview suite aux menaces de poursuites judiciaires de la part de l’avocat de Trump, rapportait alors l’émission 60 Minutes de CBS.

In Touch Weekly a finalement mis en lumière les déclarations de Daniels en 2018, quelques semaines avant que l’ancienne actrice pornographique ne déclare à 60 Minutes qu’elle avait été menacée après l’interview de 2011.

Daniels a affirmé qu’un homme s’était approché d’elle et de sa fille dans un parking de la ville de Las Vegas et lui avait dit de « laisser Trump tranquille ».

« C’est une belle petite fille. Ce serait dommage qu’il arrive quelque chose à sa mère », lui aurait dit l’homme.

Mme Daniels a admis plus tard qu’elle avait accepté 130 000 $ comme « paiement secret » de M. Cohen en échange de son silence un mois avant l’élection présidentielle de 2016. Elle a affirmé qu’elle l’avait fait parce qu’elle craignait pour la sécurité de sa famille.

Elle a ensuite déclaré à 60 Minutes qu’elle risquait une amende d’un million de dollars pour avoir rompu l’accord en parlant à la télévision de ce qui s’était passé, mais a ajouté : “Il est très important pour moi de pouvoir me défendre.”

Trump, qui est le candidat républicain virtuel aux élections de novembre de cette année, est le premier ancien président à faire face à des accusations criminelles.

“C’est sans précédent”, déclare Alex Keyssar, professeur d’histoire et de politique publique à la Harvard Kennedy School. « Il n’y a jamais rien eu de pareil.

Le procès devrait durer six à huit semaines, ce qui pourrait perturber la campagne électorale de M. Trump.

Daniels et Cohen doivent témoigner dans la salle d’audience de Manhattan.

Le juge dans cette affaire est Juan Merchan, un magistrat d’origine colombienne qui a traité l’année dernière un procès pour fraude fiscale contre la Trump Organization.

M. Trump a déclaré que le juge le « détestait » et qu’il devrait se retirer de l’affaire, ce que M. Merchan a rejeté.

Contrairement aux procès civils auxquels il a été confronté ces derniers mois, où sa présence n’était pas strictement obligatoire, dans ce cas, il devra assister aux audiences, ont déclaré des experts juridiques à la BBC.

S’il ne le fait pas, un mandat d’arrêt pourrait être émis contre lui.

Le tribunal dispose toutefois d’un certain pouvoir discrétionnaire pour autoriser les absences de l’accusé.

Ne pas se présenter aux audiences sans justification pourrait coûter cher à M. Trump lors d’un procès devant jury, selon Neama Rahmani, ancien procureur fédéral et président du West Coast Trial Lawyers.

M. Cohen devrait être le témoin vedette de l’accusation. Il sera probablement soumis à d’intenses interrogatoires sur son passé trouble.

La défense de l’ancien président pourrait faire valoir que les allégations sont « sans fondement » et « politiquement motivées ». C’est ce que Trump a dit à propos des multiples procès auxquels il fait face, sans fournir de preuves à l’appui de ces affirmations.