« Ce que je voulais voir, c’était la réalité »

« Ce que je voulais voir, c’était la réalité »
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Une délégation de sept sénateurs socialistes a passé un peu plus de vingt-quatre heures sur le territoire mahorais dimanche 14 et lundi 15 avril. Un temps court, mais utile aux parlementaires pour prendre conscience des enjeux locaux.

C’est les pantalons pleins de boue que les sept sénateurs sont revenus du quartier Manga Télé à Kawéni en compagnie de l’association Wenka, ce lundi matin. Alors que l’actualité législative concernera forcément Mayotte après la présentation de deux projets de loi en conseil des ministres le 22 mai, cette visite sénatoriale sert plus à s’informer sur les enjeux mahorais qu’à défendre une opinion. La veille, les parlementaires avaient débuté leur visite par une visite au centre de rétention administrative de Pamandzi, à La Vigie, puis une rencontre avec des élus et une autre avec les services de l’Etat. Ce lundi, c’est plutôt dans le quartier Kawéni que la délégation s’est attardée. Outre Manga Télé, les sénateurs ont vu l’association culturelle Wenka, l’école T12, le collège Kawéni 1 et le restaurant pédagogique du lycée professionnel Kawéni.

Lui-même ancien socialiste, le sénateur Thani Mohamed Soilihi (Renaissance) a salué la venue de ses sept collègues, pour lesquels il a servi de guide auprès de Nadjayedine Sidi, le conseiller départemental du canton de Mamoudzou 3. « En parlant de Mayotte, les collègues sont curieux et ont envie de venir visiter » note-t-il. « Ce que je voulais voir, c’était la réalité. Parce qu’on entend, on lit des choses. On entend nos collègues mahorais à l’Assemblée nationale ou au Sénat. Nous pouvons interpréter ce qu’on nous dit. En voyant le bidonville, l’école, le collège, le lycée, on voit le parcours d’un enfant qui veut réussir ou qui se lève à 4 heures du matin pour aller à l’école », ajoute Audrey Belim, sénatrice de La Réunion.

“C’est déjà une première victoire”

S’en rendre compte par soi-même en s’y rendant est un point sur lequel tous les parlementaires mahorais semblent d’accord. « Dans le cadre de ce projet de loi de Mayotte, je souhaite que lorsqu’on vient en discuter, les commentaires de chacun soient faits en connaissance de cause. Qu’il n’y ait pas de collègues qui s’expriment sans référence », exprime le vœu de celui qui doit faire entendre la voix de Mayotte au Sénat aux côtés de Saïd Omar Oili. « Avec deux sénateurs sur 348, autant le dire, nous n’avons aucune influence. Le fait que des collègues veuillent venir est déjà une première victoire. Là, on nous prend au sérieux.» il espère. Il attend également que d’autres parlementaires se saisissent du rapport suite à cette visite pour faire connaissance avec Mayotte. Et peu importe si le groupe est cette fois composé uniquement de sénateurs socialistes. « Depuis 2011, je me fais un devoir de m’entendre avec tous les groupes » rappelle-t-il, alors que sa formation, Rassemblement des Démocrates, Progressistes et Indépendants, n’est que la quatrième au Sénat (les Républicains, les Socialistes et l’Union Centriste sont les trois plus importantes).

Pour les visiteurs, pas question cependant de s’octroyer une légitimité pour parler de Mayotte. Même le plus jeune du groupe, le sénateur de La Réunion, le reconnaît. « En tant que Réunionnais, je ne serais pas très content qu’un Corse ou un Breton parle pour mon territoire. » » admet-elle, avant d’affirmer qu’elle se rangerait du côté des deux sénateurs mahorais sur les questions mahoraises. Celui qui a été élu en septembre 2023 a été très ému de voir les enfants de l’école T12 reprendre avec force « la Marseillaise ». L’établissement, comme toutes les écoles primaires de Kawéni, fonctionne selon un système de rotation des classes avec des cours le matin pour certains élèves et l’après-midi pour les autres. Turnover important parmi les enseignants, restauration limitée, enfants manquant de sommeil ou qui mangent peu, insécurité autour des établissements, le recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic, n’a pas caché devant les sénateurs les difficultés du système éducatif mahorais. « Les parents et élèves mahorais ont beaucoup de courage », assure-t-il, lors d’un échange avec eux dans une des salles du collège K1 de Kawéni.

Avec moins de 1 200 étudiants, c’est l’un des plus petits collèges de Mayotte, rappelle le proviseur Jean-Jacques Ewané aux parlementaires surpris.

 
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