Vassieux-en-Vercors connaîtra, ce mardi 16 avril, une journée d’hommage aux résistants et aux civils morts en 1944. Emmanuel Macron se rend dans le village de la Drôme pour présider une cérémonie et rappeler des moments douloureux : les massacres de l’armée allemande en plein été, il y a 80 ans, et la terreur semée par les milices françaises quelques semaines plus tôt.
Le programme de la visite présidentielle
L’arrivée du président de la République à la nécropole de la résistance nationale de Vassieux-en-Vercors est prévue mardi vers 15 heures. Après un accueil républicain par les élus locaux, une revue des troupes est prévue, ainsi qu’un dépôt de gerbe, une minute de silence, la Marseillaise a joué puis le Chant des Partisans.
Vers 16 heures, le chef de l’Etat doit présider une cérémonie commémorative en hommage aux résistants et résistants de libération au martyrologe de Vassieux-en-Vercors. Son discours est attendu vers 16h30
Pourquoi le 16 avril ?
Même si Vassieux-en-Vercors est davantage lié à la date du 21 juillet 1944, et à l’attaque massive de l’armée allemande, c’est le 16 avril 1944 que débute l’offensive contre le maquis du Vercors. Alors que s’amorce la déroute des occupants nazis, les milices françaises investissent Vassieux-en-Vercors, traquent les résistants, les emprisonnent, les torturent, les jugent et les exécutent pendant près de cinq jours.
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“Cela fait 80 ans qu’on attend ça”
Même si plusieurs présidents de la République sont venus dans le Vercors (le général de Gaulle, François Mitterrand lors du Tour de France ou Nicolas Sarkozy), ce n’était jamais lors d’une visite officielle, rappelle Daniel Huillier, ancien résistant. “Nous n’avons jamais eu de visite officielle d’un président de la République française. Nous attendons cela depuis 80 ans. De Gaulle est venu, d’autres aussi, Premiers ministres mais comme ça. C’est un juste retour qui honorera les amis tombés. Cela réconforte le cœur de savoir que 80 ans plus tard, nous nous souvenons de ce que tous ces gens ont fait pour la libération de notre pays. Il y a eu de terribles tragédies dans tout cela. C’est une reconnaissance qui pour moi est justifiée.
Traumatisme d’après-guerre
Le petit village drômois, à un peu plus de 1000 mètres d’altitude, a été entièrement reconstruit après la guerre. Comme le rappelle Pierre-Louis Fillet, directeur du Musée départemental de la Résistance, aujourd’hui les traumatismes existent encore et marquent le village. « Les familles étaient parfois complètement détruites. Deux lieux portent physiquement la mémoire de ces victimes. D’une part la nécropole qui est le cimetière où s’arrêtera le président, il y a 187 tombes de résistants et de civils qui sont présentes dans cette nécropole. D’autre part, le deuxième lieu emblématique est ce qu’on appelle le martyrologe, qui se situe devant la mairie, qui se trouve le monument sur lequel figurent les 73 victimes des habitants. Vassieux.
« Chaque président a sa vision de la Résistance ou du Vercors »
Le choix de la date du 16 avril n’est pas anodin, selon Gil Emprin, historien au Musée de la Résistance de Grenoble. “C’est une affaire franco-française, une attaque des milices françaises sur le plateau, qui sillonne le plateau pendant quatre à cinq jours, on est en quelque sorte en train de vivre une guerre civile.” Pour l’historien, le choix de cette date “C’est très politique”, “ça rappelle qu’il n’y avait pas que des résistants en France. (…) Chaque président a sa vision de la Résistance ou du Vercors : pour de Gaulle c’était la suite de la guerre de 1914-1918, pour François Mitterrand c’est plutôt la mise en lumière de la résistance intérieure. Là, nous avons une lecture différente des événements », analyse Gil Emprin.
Franck GUIZIOU
