ce qu’il faut savoir, en 4 points

ce qu’il faut savoir, en 4 points
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Le constat est banal : en Belgique, les Télécoms coûtent cher. Une vieille antienne, mais toujours d’actualité : fin 2023, l’IBPT, gendarme belge des Télécoms, l’a réitéré, avec une nouvelle étude à l’appui. “Pour les profils qui nécessitent une téléphonie mobile avec 1.000 minutes et un faible volume de données (jusqu’à 5 Go par mois), le consommateur belge paie nettement plus que ses voisins (France, Royaume-Uni, Pays-Bas, Luxembourg et Allemagne)”. C’est également en Belgique que les consommateurs qui souhaitent un forfait data très onéreux (100 Go ou plus) paient le plus. Last but not least : la Belgique est « de loin le pays le plus cher pour les forfaits 4P (comprenant internet, télévision numérique, téléphonie mobile et téléphonie fixe), qui sont très appréciés », conclut l’Institut des télécommunications.

Cher, alors. Mais pourquoi ? Une des raisons qui explique cet état de fait réside dans la structure du marché : en Belgique, seuls trois opérateurs sont actifs. Proximus, Orange et Telenet/Base. Il existe bien sûr une multitude d’opérateurs alternatifs, mais qui fonctionnent uniquement en tant qu’acteurs virtuels (MVNO, pour Mobile Virtual Network Operators). On parle de Scarlet, Voo, Zuny, Mobile Vikings, Neibo, LycaMobile, etc. Mais ils sont dans une forte relation de dépendance vis-à-vis de l’opérateur physique dont ils louent l’infrastructure réseau. Être moins cher que Trois grands est possible pour eux. Des prix cassés ? C’est définitivement plus compliqué.

L’homme politique s’est rendu compte de cet état de fait. Prise de conscience du caractère fossilisé du marché belge. Et donc agi pour qu’un quatrième opérateur, un vrai cette fois, avec son propre réseau physique (sites, antennes, mâts, pylônes, etc.), arrive dans le Royaume pour dynamiser le marché et défier le trio Proximus/Orange/. Base Telenet. Et cet élan se rapproche : le quatrième opérateur, qui promet des « tarifs très attractifs », arrive cet été 2024. Voici ce qu’il faut savoir à son sujet.

1. Qui est DIGI, le quatrième opérateur belge ?

Digi Belgium a été créée l’année dernière lorsque la société roumaine Digi, Citymesh, a acquis les droits de spectre nécessaires pour devenir le quatrième opérateur du pays. La joint-venture entre les deux sociétés proposera une offre de téléphonie mobile pour les particuliers sous l’enseigne Digi et une offre spécifique pour le marché des entreprises sous le nom de Citymesh.

L’entité Digi a été créée il y a 30 ans en Roumanie, dont elle est devenue l’opérateur leader. C’est un peu la Dacia des télécoms, et on sait à quel point Dacia a du succès. Son fondateur et principal actionnaire, Zoltán Teszári, est un ancien judoka. Qui a rapidement souhaité internationaliser le groupe : l’opérateur est également présent dans le sud de l’Europe. En Espagne, cela nuit gravement à Vodafone et à Movistar, dont il prend des centaines de milliers de clients trimestre après trimestre, en tant que MVNO. Digi est également présent en Italie et se lance au Portugal. Au total, elle revendique 22 millions de clients. Les destinations qu’elle tente de conquérir sont soigneusement choisies : elles souffrent généralement, pour la plupart, d’une situation concurrentielle atone. À la maison.

En Espagne, Digi s’est donné de la visibilité dans la très populaire Liga de football : son logo est présent sur les vestes du Rayo Vallecano ainsi que de l’Athletic Bilbao par exemple.

En Espagne, DIGI compte déjà plus de 6 millions de clients. L’opérateur a notamment investi dans sa visibilité en tant que sponsor des clubs de football de la Liga (ici, l’Athletic Bilbao). ©DR

2. Quels produits DIGI proposera-t-il en Belgique ?

L’objectif premier est très clair : son cœur de marché sera le mobile. C’est la première fois qu’il entrera en Belgique, et ce sera sa plus grosse pièce. Mais DIGI compte proposer une offre complète. Elle vendra donc aussi de l’Internet fixe, peut-être via la fibre (lire ci-dessous). DIGI lorgne également sur la télévision numérique, « mais probablement pas via le canal décodeur classique », explique Kristof Van Ostaede, expert télécoms chez Test-Achats. « Nous attendons davantage de solutions sans machine, basées sur le streaming. » Notamment pour une question d’installations logistiques et de compression des coûts. » C’est un peu la même réflexion qui guidera le choix de l’opérateur, ou non, d’investir dans des magasins physiques : « Il ne serait pas étonnant que DIGI se passe d’eux pour se concentrer sur un marketing essentiellement digital. Même s’il n’est pas exclu qu’ils optent pour quelques points de vente dans les grandes villes, avec beaucoup de trafic. Mais d’après ce qu’ils ont montré ailleurs en Europe, l’expérience client en magasin n’est pas au centre de leur projet. »

Un magasin physique DIGI, en Roumanie. ©Shutterstock.

Avec l’arrivée de Digi en Belgique et de Telenet en Wallonie, la guerre des prix des Télécoms, endormie depuis des années, pourrait enfin être relancée…

3. Où est DIGI, à quelques semaines de son lancement ?

Pour « couvrir » la Belgique mobile, DIGI doit investir dans quelque 5.000 sites nationaux. C’est un projet qui prendra plusieurs années ! Pour accélérer les choses, notamment sur mobile, Digi a conclu un accord avec Proximus. S’il lui faut du temps pour construire son propre réseau, il va se lancer en exploitant, pendant cinq ans, celui de l’opérateur historique. Avant de vous en libérer une fois votre propre réseau constitué. « Il est difficile d’envisager un timing précis, mais nous parlons d’années », explique Kristof Van Ostaede. Par exemple, pour déployer la 4G à 90% de couverture en Belgique, il a fallu 4 à 5 ans ».

Pendant ce temps, Digi Belgium, dirigé par Jeroen Degadt, ex-Proximus, en tant que General Manager, recrute partout et peaufine ses offres commerciales. Le lancement est prévu pour l’été, sans plus de précisions à ce stade.

Il s’agit de Jeroen Degadt, ex-Proximus, qui, en tant que Général Malnager, dirige Digi Belgium. ©DIGI

En marge, DIGI est déjà visible. A Bruxelles, depuis fin 2023, camionnettes et ouvriers affluaient pour ouvrir les trottoirs, afin de déployer un réseau de fibre optique. Les habitants de communes comme Anderlecht ou Schaerbeek ont ​​déjà reçu le courrier du futur opérateur les informant des travaux, qui, pour certains, ont déjà été réalisés. L’objectif est d’évaluer la faisabilité d’un réseau fibre densifié en Belgique, tant du côté technique que du côté des coûts.

4. Que peut-on vraiment attendre de DIGI, en termes de prix ?

Même si cela ne devrait pas tarder, pour l’instant, DIGI garde secrets les prix qu’elle pratiquera. Pour Kristof Van Ostaede, la lecture est simple : « Nous pensons que Digi se situera, en termes de prix, entre Scarlet, qui est le moins cher, et l’offre des opérateurs traditionnels. Et qu’il deviendra donc un véritable challenger pour les opérateurs traditionnels. C’est un rôle qu’Orange prétendait jouer il y a quelques années », pour perturber le duopole Proximus/Telenet, « mais qu’il a fini par abandonner pour devenir un opérateur tiers avec des tarifs plus conventionnels proches de ceux de Proximus ou Telenet, d’autant plus que la acquisition de Voo.

D’autres observateurs sont plus optimistes. Petra De Sutter, ministre des Télécoms, a confié à nos confrères de L’Avenir que « ce quatrième acteur va sans aucun doute faire baisser les prix. Avec les enchères 5G, c’est l’un des éléments les plus importants de cette législature. DIGI a la réputation de sous-coter les prix et les opérateurs s’en inquiètent. Un autre expert du secteur, contacté par nos soins : « s’ils viennent ici, ce n’est pas pour s’amuser. Ils sont habitués à aller vite et à frapper fort. Reste à savoir quelle sera leur capacité financière, dans un marché étroit où ils devront dépenser beaucoup d’argent pour conquérir des parts de marché, assez rapidement. Et où, au final, le leader, Proximus, est prêt avec Scarlet et Mobile Vikings dans son portefeuille à affronter…”

Les prix pratiqués par Digi en Espagne sont indicatifs. Leur offre mobile la plus accessible propose des appels et SMS illimités, avec 15 Go de data (5G) pour… 7 € par mois. Et l’offre la mieux équipée comprend 200 Go pour… 16 € par mois. Aucune offre en Belgique n’est à la hauteur de ses prix. Sur Internet fixe, la fibre (1 Gbps) coûte toujours 20 € par mois en Espagne.

Les tarifs mobiles de DIGi Espagne sont forts : seulement 16 € pour 200 Go de data (en 5G), avec appels et SMS illimités. ©DIGI ESPANA

Tarifs de l’Internet résidentiel, via fibre, de DIGI, en Espagne. ©IPM

L’arrivée de Telenet en Wallonie en 2024, l’autre bonne nouvelle ?

Autre élément de contexte important : Telenet/Base, l’opérateur dominant en Flandre, détenu par l’américain Liberty Global, va s’attaquer de front au marché francophone, toujours en 2024. Le câblodistributeur d’origine flamande a conclu un accord de réciprocité avec Orange (qui, pour rappel, a racheté Voo). Résultat ? Cette année, Telenet déploiera ses services fixes (internet, télévision) en Wallonie et dans les communes bruxelloises où elle n’est pas présente, élargissant ainsi son champ d’activité à un peu moins de 2 millions de foyers supplémentaires. « Cette entrée massive de Telenet dans le sud du pays, où l’opérateur pourra devenir un opérateur 4P convergent puisqu’il possède déjà Base, va également dynamiser la concurrence. Et s’il arrivait dans le sud du pays au moment où Digi le fait également, cela pourrait créer un contexte accru de concurrence bénéfique pour le client.

Alors Digi, vrai price-killer ou pas ? L’avenir proche nous le dira. En attendant, une chose est sûre : la guerre des télécoms est enfin sur le point de se réveiller, après des années de léthargie. Et cela, pour le consommateur belge, est toujours une bonne nouvelle.

 
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