Que sait-on de la vidéo virale d’une étudiante en intérim refusée par Geox à cause de son voile ? – Libération – .

Que sait-on de la vidéo virale d’une étudiante en intérim refusée par Geox à cause de son voile ? – Libération – .
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La vidéo est devenue virale ce jeudi 11 avril. Initialement publiée sur le réseau TikTok par une jeune femme disant “étourdi”, il montre une scène se déroulant dans un magasin de chaussures. Un homme, filmé en pleine conversation téléphonique, se présente à son interlocuteur comme le vendeur d’un magasin de la marque Geox, situé à Strasbourg. L’ambiance est tendue : au téléphone, il demande qu’un «autre étudiant» être envoyé dans son magasin car la personne concernée – en l’occurrence la jeune femme qui le filme – n’est pas adaptée. En cause : le hijab qu’elle porte sur la tête. On entend ainsi le vendeur l’assurer : « Vous n’avez pas la bonne tenue. Nous sommes en France, madame, c’est dans la loi. C’est laïc, j’ai une collègue qui a une croix autour du cou et elle ne la porte pas non plus. Vous me faites passer pour ce que je ne suis pas et je ne peux pas accepter cela.

Une fois la conversation téléphonique terminée, l’étudiante se filme en train de récupérer ses affaires dans un casier puis quitte le magasin en souhaitant au vendeur « une belle journée et un changement de mentalité ». Cette vidéo, qui cumulait des millions de vues, a désormais été supprimée du compte TikTok de la jeune femme. Il continue néanmoins de circuler massivement sur le réseau X (anciennement Twitter), accompagné de nombreuses insultes et appels au harcèlement visant l’étudiant, ainsi que le vendeur.

Menaces sur les réseaux sociaux

Lorsqu’on leur a demandé, les différentes parties de cette histoire n’ont pas reçu de réponse. Le jeune étudiant n’a pas répondu à notre demande. De la même manière, ni le siège de Geox en Italie (auquel se réfère la direction en France), ni la plateforme de travail temporaire Student Pop, à travers laquelle la jeune femme a trouvé cette mission de quelques jours, n’ont encore décidé de réagir publiquement. Selon nos informations, il apparaît que la jeune femme avait déjà effectué une précédente mission d’intérim l’été dernier, dans ce même magasin. A l’époque, elle ne portait pas encore le voile. Dans une autre vidéo TikTok, désormais supprimée, elle expliquait qu’elle portait depuis peu le hijab et n’avait pas encore modifié ses photos de profil sur LinkedIn ni sur son CV, afin d’éviter toute discrimination à l’embauche.

Contacté, le magasin Geox de Strasbourg affirme avoir dû fermer ses portes jeudi, en raison de menaces reçues sur les réseaux sociaux. Il a rouvert ce vendredi matin, sous protection policière, mais le vendeur en question a été placé en arrêt de travail. Près VérifiezActualités, le parquet de Strasbourg indique que le gérant du magasin a porté plainte. Sur la base de cette plainte, une enquête a été ouverte et confiée au commissariat de Strasbourg.

Principe de neutralité

Au fond, il est possible, en théorie, qu’une entreprise interdise le port du voile, ou « toute expression visible de convictions politiques, philosophiques ou religieuses » à ses salariés. Au fond, explique Aurélien Rissel, maître de conférences en droit et spécialiste de la compréhension juridique du phénomène religieux, «un salarié arrive dans une entreprise avec toutes ses libertés fondamentales dont sa liberté de croyance. Mais depuis la loi El Khomri de 2016, l’entreprise peut enregistrer un « principe de neutralité » dans son règlement intérieur, « restreindre l’expression des convictions des salariés si ces restrictions sont justifiées par l’exercice d’autres droits et libertés fondamentaux ou par les exigences du bon fonctionnement de l’entreprise et si elles sont proportionnées au but recherché ». En clair, selon Aurélien Rissel, « L’interdiction n’est valable que si le règlement intérieur est systématiquement appliqué et si le salarié en a connaissance. L’employeur doit justifier d’une atteinte à son image ou d’éventuelles conséquences défavorables en l’absence d’application de la clause, ce qui peut aussi être justifié au nom de la paix sociale.

Au niveau européen, la jurisprudence va également dans ce sens. En 2021, la Cour de justice de l’Union européenne, contactée par deux femmes musulmanes qui contestaient l’interdiction du port du voile sur leur lieu de travail en Allemagne, a jugé que cette règle n’était pas discriminatoire. Si cela s’applique à toutes les religions et que l’entreprise peut justifier que cette interdiction fait partie d’un « un vrai besoin » pour exercer son activité.

Selon nos informations, Geox a assuré à la plateforme Student Pop avoir le principe de neutralité dans son règlement intérieur. Une information que nous n’avons pas pu vérifier pour le moment, compte tenu de l’absence de réaction de la société.

 
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