A Taiwan, “les Français font preuve d’une bonne propension à s’intégrer à la population locale” Franck Paris, directeur du bureau français de Taipei

A Taiwan, “les Français font preuve d’une bonne propension à s’intégrer à la population locale” Franck Paris, directeur du bureau français de Taipei
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Pouvez-vous dresser un panorama de la communauté française à Taiwan ?

La communauté française de Taiwan est relativement jeune et dynamique. Selon les derniers chiffres, 3 000 Français sont inscrits sur les registres consulaires – pour une population totale estimée à 4 000 – et les deux tiers d’entre eux sont basés à Taipei, la capitale. Ces chiffres connaissent une augmentation de 50% par rapport à 2019. Cela s’explique par l’augmentation du nombre d’expatriés venant travailler pour les entreprises françaises basées à Taiwan, mais aussi par le fait que malgré le contexte géopolitique, le pays a connu une bonne dynamique. réputation en France depuis plusieurs années. Cette bonne image se diffuse sous un angle économique, mais aussi par la promotion de la culture taïwanaise, de sa gastronomie, etc.

Comment décririez-vous le rapport des Français de Taiwan au territoire et à sa population ?

Les Français ont une bonne propension à s’intégrer à la population locale, ce qui ne va pas de soi dans tous les pays. Cela s’explique d’abord par l’éloignement géographique : il est plus difficile de rejoindre la France depuis Taïwan que depuis New York par exemple. La deuxième raison est qu’il n’y a pas de réel écart de niveau de vie entre expatriés et locaux, ce qui rend l’immersion plus facile. Les Français ressentent aussi souvent un réel attachement à ce territoire et à sa population. Ils sont les premiers à promouvoir la reconnaissance de Taiwan, à contribuer à son rayonnement international et à ses spécificités culturelles.

Nous avons beaucoup de chance à Taiwan, car la communauté française y est, je pense, très soudée. Et elle souhaite non seulement promouvoir Taiwan à l’international, mais aussi promouvoir la France à Taiwan. Nos nationaux n’hésitent pas à parler de la France comme d’un pays attractif, en transformation, avec des startups innovantes etc. C’est une chance car on peut accompagner cet engouement, sans avoir besoin de chercher à le créer au sein de la communauté française. Il faut savoir que les Taïwanais ont une image globalement très positive de la France, mais qu’il faut affiner, enrichir : c’est pourquoi des initiatives comme la French Tech permettent de transformer cette perception, encore principalement basée sur l’image du luxe ou de la gastronomie.

Le Bureau français n’a pas le statut d’ambassade. Est-ce un défi pour vous ?

Ne pas avoir le statut d’ambassade peut poser des difficultés : nous fournissons exactement les mêmes services, mais nous n’avons pas les mêmes compétences. Le Bureau français de Taipei ne dispose pas d’autorité consulaire en matière d’état civil et ne peut donc pas produire d’actes formels ni de transcriptions d’actes. Dans ces conditions, elle traite les demandes de transcriptions d’actes de naissance, de mariage et de décès et les transmet au Service central de l’état civil de Nantes pour traitement. Au quotidien, nous dépendons de l’ambassade de France à Séoul (Corée du Sud) avec qui nous travaillons en étroite collaboration. Je tiens à souligner qu’à Taipei, nous ne sommes pas confrontés aux problèmes que peuvent avoir certains postes consulaires, comme le manque de personnel. Tout se passe relativement bien sur le plan administratif.

Lycée Français International de Taipei, section française de l’Ecole Européenne de Taipei : pourquoi ces acteurs français de l’éducation à Taiwan diffèrent-ils ?

Tout d’abord, la différence entre le Lycée international français de Taipei (LIFT) et la section française de l’École européenne de Taipei réside dans les publics cibles. Le LIFT a pour vocation d’accueillir majoritairement des écoliers taïwanais, tandis que la section française accueille généralement des enfants d’expatriés français. Il n’y a donc pas de concurrence entre les deux établissements.

Campus France dispose également d’un bureau à Taipei. Cette présence s’inscrit-elle dans une stratégie visant à attirer les étudiants taïwanais en France ?

Nous avons effectivement un projet plus large pour attirer les étudiants taïwanais en Europe et en France. C’est pour l’instant une réussite car nous sommes revenus à nos chiffres d’avant Covid : 1 200 étudiants taïwanais sont désormais inscrits chaque année dans l’enseignement supérieur français. Notre défi consiste néanmoins à promouvoir davantage les études scientifiques en France. Actuellement, la plupart des étudiants envisagent d’étudier en France pour suivre des cours artistiques, considérés comme excellents. Nous souhaitons élargir ce prisme et faire connaître plus largement nos formations en sciences et en ingénierie. Pour ce faire, nous organisons en novembre 2023 un salon européen des études au cours duquel nous avons présenté nos filières scientifiques. Nous avons également amené à cette occasion des représentants de Polytechnique et de l’INSA Lyon.

Quelle forme prend la coopération culturelle entre la France et Taiwan ?

Notre action commune bénéficie d’une grande visibilité dans toute l’Asie car nous organisons des événements d’envergure : la Nuit blanche de Taipei, festival des arts sur le modèle de la Nuit blanche à Paris, rassemble chaque année au mois d’octobre des centaines de milliers de Taïwanais. . Nous avons également mis en place la Nuit des idées, qui nous permet de contribuer à entretenir le débat au sein de la société taïwanaise. Cet événement connaît un grand succès et pour notre dernière édition, qui portait sur le thème « La crise de la vie », les participants étaient en grande partie des jeunes.

Nous sommes également très investis dans les industries culturelles et créatives : Taiwan est en train de devenir une véritable plateforme de production de douce puissance, un peu comme la Corée du Sud le fait actuellement. La France soutient l’industrie cinématographique notamment en coproduisant des films. Pour la première fois, nous avons également signé un projet de série majoritairement française et écrite par un auteur taïwanais, qui sera cofinancée par l’Office français.

À quels niveaux la coopération franco-taïwanaise peut-elle être renforcée ?

Nous souhaitons pousser davantage la coopération scientifique : Taïwan est une place clé dans le développement des semi-conducteurs, un matériau essentiel pour la fabrication de produits comme les smartphones, mais aussi pour tout ce qui touche aux technologies d’avenir comme l’intelligence artificielle. . Favoriser les échanges académiques entre nos deux pays nous permettra de nous rapprocher en termes de recherche scientifique. La conférence franco-taïwanaise de la recherche qui aura lieu fin avril 2024 ou le forum des présidents d’université les 11 et 12 mars 2024 sont autant d’événements qui témoignent d’un réel engagement diplomatique et académique de la France envers Taiwan.

Concernant l’économie, nous souhaitons davantage mettre en avant les entreprises françaises capables d’offrir leur expertise en matière d’économies d’énergie alors que Taïwan a relevé le défi de décarboner ses industries. Le pays a également manifesté son intérêt à être accompagné par des experts français afin d’atteindre ses objectifs d’observation spatiale.

 
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