Elon Musk incarne les « grandes gueules de la Silicon Valley » conquises par Donald Trump

Elon Musk incarne les « grandes gueules de la Silicon Valley » conquises par Donald Trump
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Au milieu de posts sur l’éclipse et les voitures électriques, il salue la baisse d’audience des médias traditionnels, partage des contenus issus de sites complotistes ou d’extrême droite dénonçant l’explosion de l’immigration clandestine sous Joe Biden et le « wokisme ». Il aime aussi ajouter de l’eau au moulin de ceux qui remettent en question l’intégrité du système électoral américain, l’un des chevaux de bataille du Trumpisme. Il a récemment cité un « renard » selon lequel plus de 220 000 immigrés sans papiers s’étaient inscrits sur les listes électorales en Arizona, un Etat clé dans la course à la Maison Blanche.

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Un club de libertaires

Ces messages controversés ont au moins le mérite de souligner l’existence de la tech right, cette « tech de droite » dont Musk est l’une des figures de proue. Un groupe « minoritaire mais très bruyant et influent », selon Olivier Alexandre, chercheur au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et auteur du livre « La Tech : Quand la Silicon Valley refait le monde » (Le Seuil). Aux antipodes de l’image progressiste et cool que l’on se fait de la « Vallée », ce club est composé de libertaires opposés à tout ce qui pourrait entraver la liberté individuelle et, par extension, le pouvoir de s’exprimer et d’entreprendre sans entrave (intervention de l’État, contraintes sur le fonctionnement des entreprises, comme la promotion de la diversité, etc.)

Ce groupe comprend « les grandes gueules de la Silicon Valley », comme les appelle Olivier Alexandre : Peter Thiel, co-fondateur avec Elon Musk de la plateforme de paiement PayPal et ex-investisseur de Facebook, les capital-risqueurs à succès David Sacks et Marc Andreessen, ou encore même le milliardaire Brian Armstrong, co-fondateur du site de cryptomonnaie Coinbase. Ils ne se contentent pas de parler de leurs idées, ils développent aussi des technologies qui permettent de contourner l’État et les institutions, comme les monnaies virtuelles, les réseaux sociaux et autres services financiers. Qu’importe si certaines d’entre elles ont bénéficié du soutien des pouvoirs publics pour développer leur activité. Comme Tesla, propriété de Musk, dont les ventes de voitures électriques sont soutenues par diverses incitations fiscales. Sa société d’exploration spatiale, SpaceX, était soutenue par la NASA.

Ce courant de pensée trouve ses racines dans le côté « noir » de la Silicon Valley, celui qui fait la part belle à l’intolérance et à l’eugénisme. “Depuis les origines de la Vallée, certains considèrent qu’il est nécessaire de faire triompher les intelligences les meilleures, supérieures, et que tout dispositif politique visant à promouvoir la différence, l’altérité, est négatif.poursuit Olivier Alexandre. Pour eux, le wokisme, c’est l’enfer sur terre. Et de rappeler que Peter Thiel, qui est homosexuel, et David Sacks ont signé, en 1996, un pamphlet contre la « discrimination positive » (recrutement préférentiel d’individus issus de minorités) pratiqué par leur université, Stanford, l’une des Mecques de la Silicon Valley.

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Un rôle politique de plus en plus assumé

Ces dernières années, cette « tech de droite » est devenue de plus en plus active sur la scène politique. Peter Thiel a prononcé un discours remarquable lors de la Convention nationale républicaine de 2016, au cours de laquelle Donald Trump a été nommé candidat du parti à la présidentielle. De son côté, le millionnaire David Sacks a soutenu des personnalités du « Grand Old Party » (GOP) lors des élections de mi-mandat de 2022 et a donné de l’argent au gouverneur de Floride et guerrier anti-réveil autoproclamé Ron DeSantis. Marc Andreessen et son associé Ben Horowitz ont annoncé en 2023 que leur société d’investissement se lançait dans le financement de campagnes électorales et qu’ils soutiendraient les candidats partageant leur vision d’un « avenir positif rendu possible par la technologie », libéré des réglementations trop intrusives.

Pourquoi ce changement ? Il faut y voir une réaction aux débats qui ont balayé la Silicon Valley et le reste du pays : l’émergence du mouvement #MeToo qui a mis en lumière le sexisme dans la tech, les efforts de syndicalisation au sein du secteur, la montée en puissance de l’impératif de diversité après « Black Lives Matter »… La volonté du gouvernement Biden de réguler différents aspects de l’activité des géants de la tech (protection des données personnelles, etc.) et de taxer davantage les grandes fortunes a ajouté de la valeur à l’incendie.

Les positions d’Elon Musk peuvent-elles avoir un impact sur l’élection présidentielle ? Difficile de se prononcer pour Olivier Alexandre tant l’influence de l’homme d’affaires est « composite ». « Il est à la fois entrepreneur, capitaine d’industrie, influenceur, théoricien politique… », souligne-t-il. Pour le chercheur, les tweets du patron de Quelle transparence ? Seront-ils biaisés envers certaines populations raciales, certains groupes sociaux ou certains sexes ? Quelle politique en matière de respect de la vie privée et de rémunération des éventuels droits d’auteur ?

« Quels seront les principes et paramètres qui sous-tendent l’IA ? Le vrai débat politique est icidit Alexandre. La réponse sera déterminée au sein des grandes entreprises à travers des choix d’ingénierie et de conception. Ils seront influencés par des idées politiques, mais ne seront pas débattus lors des élections.»

 
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