plutôt que des mégabassins, et si ces rongeurs étaient la solution ? – .

plutôt que des mégabassins, et si ces rongeurs étaient la solution ? – .
Descriptive text here
>>>>
PABLO COZZAGLIO / AFP Plutôt que des mégabassins, ne devrait-il pas y avoir davantage de castors dans les cours d’eau français (photo d’illustration : un castor au Chili en février 2020) ?

PABLO COZZAGLIO / AFP

Plutôt que des mégabassins, ne devrait-il pas y avoir davantage de castors dans les cours d’eau français (photo d’illustration : un castor au Chili en février 2020) ?

AGRICULTURE – C’est une espèce animale chassée des rivières françaises… et de la mémoire collective. Un an après les événements autour des bassins de Sainte-Soline, le castor et ses barrages, dans un contexte de changement climatique, méritent néanmoins de rafraîchir l’esprit.

Quasiment exterminé au XIXème siècle, le castor était très présent en France avant d’être massivement chassé pour sa fourrure. Protégé depuis une bonne cinquantaine d’années, le castor a retrouvé ses couleurs grâce à plusieurs opérations de réintroduction, et compte désormais quelque 20 000 individus en France, principalement dans les bassins du Rhône et de la Loire.

Il est difficile d’énumérer tous les bénéfices que les rongeurs apportent aux écosystèmes mais, pour résumer, la Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN) souligne que le castor favorise « le développement de la biodiversité dans les zones aquatiques et humides » et aide à « Régulation des crues et épuration des eaux ». Au point que l’animal est désormais célébré le 7 avril à l’occasion d’une journée internationale qui, ce dimanche, constitue le point de départ d’une « Année du Castor » décrétée par le SNPN et plusieurs associations pour célébrer les 50 ans de sa réintroduction dans la Loire.

Le rongeur compte également une large communauté de fans parmi les scientifiques et les défenseurs de l’agroécologie. Suzanne Husky en fait partie. Diplômée en agroécologie, l’artiste franco-américaine a mis le castor au centre de son travail. « En Amérique du Nord, pour certains peuples autochtones, l’agriculture et le castor sont liés, et il existe de nombreux mythes associés au rongeur, ce qui montre son importance »elle explique au HuffPost.

8 millions d’années d’expérience »

Dans un continent où l’existence du castor n’a pas été affectée par l’amnésie, « Les hydrologues ont compris qu’il était possible de s’appuyer sur une espèce qui a 8 millions d’années d’expérience », poursuit Suzanne Husky. De là à imaginer l’utilisation du castor comme alternative aux mégabassins en France ? C’est le parallèle fait par l’artiste dans plusieurs œuvres, dont celui que vous pouvez voir ci-dessous :

>>>>
Suzanne Husky, « L’avenir sera castor ou mégabassin », 2023. Aquarelle sur papier.

Suzanne Husky, « L’avenir sera castor ou mégabassin », 2023. Aquarelle sur papier.

Comparez un réservoir de plus de 628 000 m3 d’eau – dans le cas du bassin de Sainte-Soline – et les modestes barrages de castors semblent un peu provocateurs. “Ce n’est pas tant que ça!” »répond Rémi Luglia, président de la Société nationale pour la protection de la nature (SNPN) et fervent défenseur des castors. « Cela fait référence au modèle que nous souhaitons : un modèle agricole productiviste dans lequel nous gérons l’eau en essayant de la pomper ou de la stocker, ou un système vivant qui s’appuie sur les fonctions écosystémiques de la nature. Dans ce modèle, le castor fait partie de la solution »explique à HuffPost l’historien, qui publiera bientôt le livre Vivre comme un castor publié par Quæ.

Concrètement, les travaux de castor font monter le niveau des cours d’eau et remplissent d’eau les nappes phréatiques environnantes. « Nous avons effectué des mesures dans la vallée de la Sye (Drôme) il y a quelques mois. Le niveau d’humidité du sol sur un kilomètre de rivière était presque l’équivalent d’un étang de première génération, avec une seule famille de castors.raconte le HuffPost Hervé Coves, ingénieur agronome et militant en agroécologie. Humidité des sols, y compris « Les cultures environnantes pourront en bénéficier directement durant l’été », ajoute Rémi Luglia. C’est exactement le besoin exprimé par les agriculteurs à l’origine des projets de mégabassins, dans un quart du sud-ouest de la France où le castor n’a pas encore fait son retour.

La recréation des zones humides a également un effet positif sur la biodiversité dont bénéficient également les cultures, ajoute le président du SNPN. « Qui a dit que gain de biodiversité signifiait plus de prédateurs pour les insectes destructeurs des cultures et plus de pollinisateurs ! » Tant d’effets bénéfiques “moins mesurable qu’un tonnage de maïs dans un champ”. Une limite qui explique en partie pourquoi les projets agricoles intégrant le facteur castor restent encore marginaux ou expérimentaux.

Mauvaise image et manque de volonté politique

Surtout, le castor souffre d’une mauvaise image auprès d’une majorité d’agriculteurs, pour qui il est associé à des dégâts sur les cultures. Dans un contexte de crise agricole, les agriculteurs sont-ils prêts à laisser de la place au castor ? “En ce moment moins que jamais”note Hervé Coves. «Il est même de bon ton parmi les représentants des agriculteurs de se moquer de l’agroécologie, alors qu’il y a plein de choses qui se font sur le terrain. »

Des solutions existent pourtant pour limiter les conflits d’usage, mais elles n’ont pour l’instant aucun soutien politique. Le gouvernement a donné le ton il y a quelques mois en écartant les plus efficaces, à savoir « la mise en place d’un système d’indemnisation des dommages causés par les castors ». Un choix contraire à celui fait par de nombreux pays européens.

Par ailleurs, les projets de “régénération” Les cours d’eau dépendant des castors restent confidentiels en France, » où l’artificialisation est plus importante et où de nombreuses zones industrielles ont été construites sur d’anciennes zones humides »souligne Suzanne Husky, dont les œuvres sont régulièrement exposées dans toute la France (1) et qui prépare également un ouvrage avec le philosophe Baptiste Morizot qui sera publié à l’automne chez Actes Sud.

Durant la crise agricole, l’exécutif a également réitéré son soutien sans faille aux projets de mégabassins. « Les zones humides sont devenues des priorités nationales, mais nous décidons de monopoliser les réserves d’eau» déplore Hervé Coves. Où est la nature dans tout cela ? »

(1) Le temps profond des rivièresjusqu’au 7 avril au Drawing Lab de Paris (I), C’était mieux aprèsjusqu’au 20 avril à la galerie Alain Gutharc à Paris (IIIe), Bonjour à toiexposition collective jusqu’au 5 mai au centre d’art Transpalette à Bourges, Pratiques cosmomorphiques, (re)génération du vivantexposition collective jusqu’au 28 juillet à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne (Rhône), Vivre dans la forêtavec June Balthazard à La Contemporaine de Nîmes du 5 avril au 23 juin, Mondes imaginairesexposition collective du 13 avril au 15 décembre à l’Espace Monte-Cristo, Paris (20e), Histoire des alliances avec le peuple Castordu 15 juin au 3 novembre au Château de Châteaudun (Eure-et-Loir)…

Voir aussi sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu peut entraîner le dépôt de cookies par l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte tenu des choix que vous avez exprimés concernant le dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies « Contenu tiers » en cliquant sur le bouton ci-dessous.

Lire la vidéo

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV un luxe avec un éclat unique ! – .
NEXT Meurtre à Dampremy – Un jeune garçon de 18 ans tué par balle dans le dos dans un parc