qui sont les « citoyens souverains », ces conspirateurs derrière la vidéo virale ? – .

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DÉCRYPTION – Cette citation tirée de la vidéo d’un couple qui refuse de se soumettre à un contrôle routier met en lumière un mouvement complotiste qui entend s’affranchir du système. Une utopie avant tout bien utile… pour échapper aux impôts.

En visionnant la vidéo, les internautes ont sans doute hésité entre le rire et l’étonnement. Un couple dans leur voiture refuse de se soumettre à un contrôle de police. La raison ? Les deux époux «n’appartiennent plus à la société de la Présidence de la République française»un « entreprise depuis 1947 (…) enregistrée à Washington DC »comme toutes les institutions.

Ils croient circuler sur une route départementale, une “propriété privée” interdire de facto Contrôle. “Nous ne contractons pas”, martèlent à plusieurs reprises les occupants du véhicule. Cette formule est rapidement devenue une Source inépuisable de détournements sur la toile. « Vous êtes une entreprise privée, nous ne concluons pas de contrat avec vous »expliquent-ils aux gendarmes, décrits comme « des mercenaires sur le sol français ».

La bravade a duré moins de dix minutes avant que le couple ne soit placé en garde à vue. Et l’affaire ne va pas s’arrêter là : le conducteur est convoqué devant le tribunal correctionnel le 1er octobre, indique le parquet de Dunkerque. Figaroconfirmant les informations de La voix du Nord . Il sera jugé pour cinq infractions : refus de se soumettre aux contrôles des véhicules et conducteurs, refus de se soumettre aux contrôles relatifs à l’alcoolémie, refus de se soumettre aux contrôles relatifs à l’usage de stupéfiants, défaut d’assurance et violences volontaires sur un militaire de gendarmerie sans incapacité. Il encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

Un mouvement aux origines américaines

Si cette séquence devenue virale est prête à sourire, elle met en lumière l’existence d’un mouvement complotiste, apparu récemment en France, celui de « citoyens souverains » Ou « êtres souverains ». Dans son rapport 2021, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) estime que “ce groupe ne constitue pas pour l’instant une dérive sectaire, mais suscite la vigilance” de l’organisme, « en raison de sa forte influence sur ses membres et de sa philosophie anti-système ».

La base théorique de ce mouvement est ancienne. « Teinté de références New Age, (il) trouve une partie de ses origines dans le mouvement des Sovereign Citizens, un phénomène apparu aux Etats-Unis dans les années 1970 et qui remet en cause la légitimité de l’État fédéral »décrit Rudy Reichstadt, journaliste et créateur du site Conspiracy Watch.

La doctrine des citoyens souverains repose sur une théorie du complot selon laquelle le système juridique et politique établi aux États-Unis par les pères fondateurs a été secrètement remplacé par un nouveau système de gouvernement basé sur le droit maritime et le commerce international. . Les citoyens souverains se sont ensuite répandus au Canada, en Allemagne et en France.

« Fraude au nom légal » et bons du Trésor

En France, le cœur de leur doctrine est la « fraude au nom légal ». Cette croyance complotiste part du postulat selon lequel « La France est une entreprise privée depuis 1947 », comme l’explique le conducteur dans la vidéo. Depuis, l’État a secrètement dépouillé chacun de ses citoyens de ses droits. “nom légal”en d’autres termes, c’est « personnes juridiques », le tout avec la complicité des agents chargés de l’état civil, des magistrats, des banquiers et des médias. Grâce à cette arnaque, chaque individu faisant l’objet d’une déclaration serait, de fait, transformé en bon du Trésor, explique le site Conspiracy Watch.

Pour mettre fin à ce complot, les adeptes du mouvement estiment qu’il suffit de se déclarer “souverain” en refusant de respecter les lois, en n’honorant pas les contrats qu’ils ont signés, “puisqu’ils l’auraient été par leur double légal et non par eux-mêmes”souligne le site spécialisé.

Dans la vidéo du couple arrêté par la police, le conducteur indique son identité comme suit : « Pierre de la famille Legrand par ouï-dire ». “En minuscules, s’il vous plaît, nous ne sommes pas des entreprises”, ajoute sa femme. Cette méthode leur permettrait commodément de ne pas payer d’impôts ni de se soumettre aux autorités policières. En bref : s’affranchir des règles, notamment financières.

Un geste dangereux ?

Si la « êtres souverains » refusent donc toute légitimité au gouvernement et considèrent que l’exercice de leur liberté requiert un refus de toute citoyenneté, de toute obligation envers l’Etat ou son administration, « ils proclament leur refus de la violence et nourrissent des projets explicitement utopiques »indique Rudy Reichstadt dans le rapport Miviludes 2021.

Pas dangereux, « être souverain » ? Aux États-Unis, la menace est prise au sérieux, puisque le mouvement a été classé première menace interne par le FBI en 2011, devant le terrorisme islamiste. Et pour cause, depuis 2000, les adeptes du mouvement ont tué six agents des forces de l’ordre, selon l’agence.

En France, le mouvement donne surtout lieu à des situations grotesques. Le spécialiste des réseaux sociaux Vincent Flibustier, à l’origine de la diffusion de la vidéo, a récemment donné l’exemple sur le calcul de leurs superficies et l’établissement des impôts locaux. Le propriétaire d’un lotissement lui a renvoyé le relevé des résultats, refusant de le signer et donc de payer. Lors du scrutin, il s’est déclaré indépendant de son « terrain de campagne ». L’homme avait même affiché une pancarte “douane” sur son portail.

Alice Pazalmar, égérie française du mouvement

L’un des représentants les plus emblématiques du mouvement de « êtres souverains » est française et son nom est Alice Martin Pascual, plus connue sous le nom d’Alice Pazalmar. En 2019, elle a cofondé le site One Nation, qui se présente comme « une vague d’émancipation planétaire qui nous invite à retrouver sereinement notre pouvoir personnel et à refuser toute autorité illégitime ».

Comme c’est souvent le cas dans ce type de mouvement, il y a une sorte de « convergence des luttes » parmi toutes les théories du complot. Ainsi, Alice Pazalmar s’est illustrée à plusieurs reprises par des attaques virulentes contre la vaccination et contre Bill Gates. L’épouse du chauffeur de la vidéo virale, infirmière libérale, est elle aussi farouchement opposée à la vaccination contre le Covid, indique La voix du Nord qui a contacté le couple.

Condamnée à six mois de prison en février dernier, notamment pour des infractions routières répétées, Alice Pazalmar a notamment déclaré ne plus s’identifier avec sa carte d’identité et brûlé son passeport. Elle est également à l’origine d’un projet d’écovillage dans le Lot, qui devait être « un lieu de vie communautaire, sous forme d’oasis baignée d’une interdépendance harmonieuse avec les vivants, peuplée d’êtres souverains ». La mobilisation des riverains et des élus locaux a fait dérailler le projet.

Le mouvement derrière l’affaire Mia

Alice Pazalmar croit également depuis longtemps qu’il existe un “réseau de personnes haut placées dans les hautes sphères de ce monde qui voudraient (…) s’en prendre à nos enfants”. Dans ce contexte, elle a partagé «lettre de libération de l’enfant»adressée à « Emmanuel de la famille Macron, l’être qui joue le rôle de président de la Société République Française ». Elle a ensuite retiré ses enfants de l’école. Le mouvement de « êtres souverains » a également défrayé la chronique avec l’affaire de la petite Mia. Sa mère, adepte de l’organisation One Nation, l’a kidnappé en avril 2021, pour la sauver de ce qu’elle croyait être un complot des services sociaux.

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