Entretien
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Alors qu’une ancienne recrue de la marine confiait avoir été agressée sexuellement par un autre militaire, la sociologue Camille Boutron rappelle que la répartition des postes et les rapports de pouvoir maintiennent les femmes en marge de l’institution.
Elle pourrait être la première voix d’une longue série de témoignages, dans une institution où les violences sexistes et sexuelles restent largement muettes. Ces derniers jours, Manon Dubois, ancienne quartier-maître dans la marine, a témoigné dans plusieurs médias d’agressions sexuelles subies à de nombreuses reprises de la part d’un électrotechnicien, dans deux navires sur lesquels elle avait été affectée. L’agresseur, qui a reconnu les faits, a échappé au tribunal correctionnel. Il a été placé en détention pendant dix jours, puis a reçu 600 euros de dommages et intérêts et l’obligation de suivre une séance de sensibilisation. La victime a mis fin à sa carrière.
Si la prise de parole en public reste rare, la députée LREM Laetitia Saint-Paul recueille des témoignages de violences et interpelle le gouvernement. Aurore Bergé, ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a annoncé qu’elle menait le même travail. Cela débouchera-t-il sur un « #MeToo des armées » ? Le sociologue Camille Boutron, qui vient de publier l’essai Des combattantes. Quand les femmes font la guerre (les Pérégrines) après avoir enquêté pendant plusieurs années sur les questions de genre dans