« Difficile de dater la mort d’une personne à partir de ses os »… pourquoi l’enquête s’annonce longue

« Difficile de dater la mort d’une personne à partir de ses os »… pourquoi l’enquête s’annonce longue
Descriptive text here

l’essentiel
Des ossements appartenant au petit Émile ont été retrouvés au Vernet (Alpes-de-Haute-Provence). Norbert Telmon, chef du service de médecine légale de Rangueil, explique la suite des investigations pour La Dépêche du Midi.

Comment les médecins légistes et les anthropologues analysent-ils les os ?

Sur la zone de découverte, nous effectuons une analyse qui s’apparente un peu à ce qui se fait en archéologie. L’anthropologue et le médecin légiste procèdent à de premières identifications au niveau des « connexions » et des articulations du morceau d’os, où les ossements ont été retrouvés. Il s’agit d’une recherche minutieuse, où l’on s’intéressera non seulement au corps de la victime, mais également à des éléments complémentaires, comme ses vêtements.

Lire aussi :
Disparition d’Emile : ossements déplacés, cause du décès, intervention d’un tiers… les questions qui se posent après la découverte des ossements

Une fois que vous avez collecté tous les os sur place, vous devez procéder à une première analyse et passer les os au scanner ou à la colorimétrie. L’objectif : avoir une idée du temps post-mortem, en tenant compte de l’état de l’os ou de sa teneur en graisse… Il est cependant difficile de dater le décès d’une victime à partir de ses os, c’est très approximatif.

Que vont chercher à identifier les enquêteurs en analysant les ossements retrouvés ?

Lorsqu’on est en possession de plusieurs éléments appartenant à un squelette, il y a deux priorités : la première est de tenter d’identifier quelle pourrait être la cause du décès. Mais pour que les circonstances du décès soient identifiables, il faut que le décès en question ait laissé des traces osseuses, comme une fracture du crâne, une blessure par balle, un coup de couteau, etc. Les anthropologues et les médecins légistes tenteront d’identifier d’éventuels traumatismes crâniens, comme par exemple fractures. Ce dernier peut aussi regarder le cerveau, à la recherche d’une éventuelle « coloration » : cela permet de savoir s’il y a eu un hématome, qui aurait pu laisser des traces. Mais vous pouvez également faire face à une absence totale de lésions osseuses, par exemple si une personne meurt par suffocation.

Lire aussi :
ENTRETIEN. Disparition d’Émile : traces possibles de contusions, mâchoire… que vont rechercher les enquêteurs lors de l’analyse des ossements ?

La deuxième priorité est ce que nous appelons la « taphonomie ». Bref, il s’agit de s’intéresser à la décomposition du corps, depuis la mort de la victime jusqu’à la découverte de son squelette. Dans le cas du petit Émile, cette étape est fondamentale. Imaginons l’intervention d’une tierce personne : cette étape permet, entre autres, de savoir si l’enfant y a été déposé au moment de son décès, ou s’il s’agit d’un dépôt secondaire. Ce type d’analyse permet également de savoir si la victime a été enterrée ou s’il existe des traces d’enterrement…

Pourquoi pensez-vous qu’il sera important de retrouver le reste des os ?

La découverte d’autres ossements pourrait permettre de savoir si le corps de la victime a été déplacé pendant sa décomposition. Bref, savoir s’il y a eu l’intervention d’un tiers. C’est ce qu’on appelle un « dépôt secondaire ». S’il y a eu intervention d’un tiers sur le corps du petit garçon ou sur ses os, vous pourrez probablement retrouver des traces d’ADN sur les os.

Est-il courant de trouver un crâne séparé des autres os ?

Il faut savoir que l’os humain qui est le plus souvent signalé par le commun des mortels aux enquêteurs est le crâne. S’il se trouve dans la nature, il est par exemple très difficile pour un spectateur d’identifier le fémur d’un enfant comme un os humain.

Lire aussi :
Disparition d’Émile : ce que l’on sait de la découverte des ossements du petit garçon, 9 mois après le début des recherches

Par ailleurs, le crâne a parfois tendance à se séparer des autres os, notamment dans la nature : il peut être emporté par le ruissellement en cas de pluies intenses ou par un glissement de terrain. Il y a aussi des prédateurs qui peuvent venir déplacer des parties du squelette, et c’est un élément fondamental. Si vous avez des traces de prédation sur un crâne ou un os, cela signifie que le corps de la victime est resté longtemps à l’extérieur, accessible aux prédateurs.

Ces analyses prennent-elles du temps ?

Cela peut prendre quelques jours pour une simple analyse. Si vous souhaitez une analyse plus approfondie, cela peut prendre plusieurs semaines. Normalement, en quelques jours, vous avez répondu à 90 % des questions.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV quatre départements en vigilance orange pluie-inondation, jusqu’à 60 mm de pluie attendus
NEXT l’essence et le diesel plus chers aujourd’hui