“Aujourd’hui, j’ai passé ma journée à ne pas me suicider”. Ces quelques lignes, écrites dans un cahier, hantent encore aujourd’hui Luc*. Sur les bords de Seine, ce jour-là, cet homme de 55 ans croyait que tout allait s’arrêter, après des mois d’inconfort et d’épuisement au travail.
Retour début 2022. Luc, un quinquagénaire normand, journaliste de longue date, est recruté pour un poste dans le domaine de la communication, dans une association financée par les collectivités locales.
Lors de son embauche, Luc a déclaré qu’il n’avait aucune question. “Aucun voyant ne s’est allumé, j’ai ressenti de l’enthousiasme, qui s’est traduit en engagement”.
C’est insidieux, mais petit à petit, ces choses mises ensemble rongent votre estime de soi
Mais petit à petit, l’ex-journaliste se rend compte que tout n’est pas si clair. « Tout d’abord, je me dis que j’ai été embauché pour une expertise, et je me rends compte que cela n’est pas écouté. Bien sûr, on ne peut pas avoir raison tout le temps, ce n’est pas dramatique, mais petit à petit, ça empire… Jusqu’au jour où ça casse.».
En relisant son récit, Luc distingue désormais tous ces signaux qu’il ne pouvait pas voir à l’époque. « La remise en cause de ma parole, de mon expertise, du fait qu’on me retire des tâches… Chaque incident, pris isolément, n’est pas dramatique en soi. C’est insidieux, mais toutes ces choses réunies rongent votre estime de soi..
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« Un jour, mon supérieur a décidé de ne plus me parler »
Jusqu’au moment où son supérieur hiérarchique, directeur général de l’association qui l’emploie, décide de ne plus parler à ce professionnel de la communication, “sans me donner de raison”. Un tournant dans le parcours de Luc, qui va sombrer en quelques jours seulement, avec les premières idées suicidaires. « Je demande des explications vers le 10 juin 2022, sur des choses liées à l’organisation du travail, sur lesquelles nous ne sommes pas d’accord et qui nous empêchent de travailler ensemble : mais je ne les ai toujours pas aujourd’hui. Dix jours après cet événement, j’ai eu mes premières crises d’angoisse et il est devenu impossible de travailler.
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« Vous dépensez toute votre énergie à ne pas agir »
Lors d’une de ses crises d’angoisse, Luc se retrouve sur le quai de Seine : « Et puis je me dis qu’il faut que je m’éloigne. Il y a quelque chose de totalement irrationnel, une volonté qui s’impose…
