L’exaspération des JO est-elle vraiment si française ?

L’exaspération des JO est-elle vraiment si française ?
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Si personne ne doute du don naturel de polémique de nos compatriotes, ne faudrait-il pas regarder dans le rétroviseur et réaliser un exercice d’archéologie olympique pour mesurer ce qui a été dit sur les Jeux lors des éditions précédentes ? Nous verrons ensuite quelle est l’attitude des médias et des opinions nationales, notamment juste avant l’arrivée d’un événement qui attire l’attention du monde entier tous les quatre ans.

Atlanta 1996, Sydney 2000, Athènes 2004, Pékin 2008, Londres 2012, Rio 2016 et Tokyo 2020. Pour estimer le rôle joué par les réseaux sociaux dans le lancement et l’amplification de la polémique, considérons d’abord les Jeux récents pour une comparaison relativement homogène. . Laissons de côté Pékin 2008 qui n’a pas été épargné par le problème, loin de là, mais qui est plus difficile à analyser au niveau de l’opinion nationale pour des raisons évidentes, avec un débat international autour des droits de l’homme qui a concentré l’essentiel des conversations. Lors de la cérémonie d’ouverture, bien que succès considérable, souvenons-nous néanmoins de la polémique qui a surgi à cause de la révélation d’images truquées du feu d’artifice ou à cause d’une chanson « l’ode à la patrie » diffusée en play-back non pour des raisons techniques, mais parce que la petite fille sélectionnée, jugée inesthétique, avait été replacée à l’écran.

– Flux de critiques à Sydney

Cela laisse six éditions des Jeux, dont deux en Europe. Le constat est immédiat. En quelques clics, des centaines de liens traitent des controverses des Jeux récents. Aucune édition n’a échappé même si nous les avons oubliées. Commençons par Sydney. “Brutal”a déclaré un dirigeant du CIO avec qui j’ai discuté de la question ces derniers jours.

Tout s’est passé là-bas. La mauvaise analyse de l’impact du vent sur les événements, qui a nécessité la plantation d’urgence de haies de différentes hauteurs ; le renforcement d’urgence du site de baignade de Homebush Bay, car une tribune menaçait de s’effondrer ; les rails de la gare olympique, qui ont dû être remplacés car usés prématurément à cause d’une courbure trop importante… Sans oublier la colère des habitants de la célèbre plage de Bondi opposés à la construction du beach stade-le volley-ball, un sport qui est très populaire en Australie. L’absence d’une route importante permettant un accès rapide aux sites a également fait débat.

Ajoutons la billetterie, jugée opaque, et l’interdiction faite aux spectateurs d’apporter de la nourriture dans les sites qui ont immédiatement suscité un flot de critiques véhémentes dans un pays où l’on a toujours quitté un restaurant avec les restes de son repas. Citons aussi la vive polémique sur la personnalité qui devait prononcer le discours d’ouverture des jeux d’un pays membre du Commonwealth, ou encore les vives critiques des autorités sur le thème de la sécurité, avec la révélation trois semaines avant le début des Jeux. d’une menace d’attaque terroriste de Ben Laden sur la centrale nucléaire de Sydney, menace connue depuis le mois de mars précédent…

– Inquiétudes sur la sécurité et le poids du budget à Athènes

A Athènes désormais, pays qui a inventé les jeux antiques, les critiques étaient incessantes. Au programme de l’édition grecque, les installations, la sécurité et le budget occupent les trois premières places du podium. L’organisateur est accusé du non-respect des livraisons d’infrastructures, de ne pas pouvoir garantir la sécurité des athlètes, et d’un budget colossal allant, selon des études d’ONG, de 6 à plus de 25 milliards d’euros, qui – tout le monde en conviendra – garantit plus de controverse que la précision desdites études…

Cependant, les Grecs ont rencontré de réelles difficultés avec le toit du stade olympique, temporairement fermé, ou avec le site d’aviron et de canoë, dont la construction, prévue pour Marathon, a été brutalement interrompue en raison de découvertes archéologiques. . Cela a déclenché une vive polémique entre experts et autorités avant qu’il ne soit finalement décidé de transférer le site vers un nouvel emplacement à la dernière minute…

Soulignons enfin la grave inquiétude suscitée par les attentats cent jours avant les Jeux qui feront de la sécurité de l’édition grecque un débat quasi permanent, l’Australie laissant à ses athlètes le libre choix de se rendre ou non à Athènes.

– Les controversés Jeux de Londres

Focus sur Londres 2012. Un régal pour les amateurs de polémiques qui feraient presque passer nos compatriotes pour des critiques amateurs. Petite anthologie de cette édition qui fut surnommée « Les Jeux Controversés ». Son logo officiel provoquerait, à travers son clip promotionnel, une vague de crises d’épilepsie. Les autorités iraniennes ont même cru voir le mot « Sion », autre nom de Jérusalem, alors qu’il était également accusé d’être obscène et trop cher. Les mascottes fabriquées en Chine ont été moquées par le public, leur œil unique étant assimilé à des caméras de surveillance. Les conditions de travail des employés indonésiens fabriquant les maillots officiels ont également été dénoncées.

Les Britanniques ont alors critiqué, en grogne, la manière dont leur pays avait organisé les Jeux. Pour 45% d’entre eux, la Grande-Bretagne est mal préparée à accueillir l’événement, selon un sondage Comres pour ITV. Le fiasco sécuritaire, les embouteillages et les transports publics alimentent le mécontentement. Les Londoniens n’apprécient pas les ordres des autorités de rester chez eux ou de travailler plus tard dans la soirée pour faire de la place à 3 millions de visiteurs supplémentaires dans une ville déjà saturée.

On se souvient de la cérémonie d’ouverture. Les critiques ont afflué après que « Hey Jude » de McCartney ait été chanté désaccordé par des chœurs mal synchronisés. L’hymne officiel, bien que confié au groupe Muse, a été accueilli par une pluie de critiques acides et nuancé « horreur gargantuesque » par LE Inrocks et de “cauchemardesque” parler Los Angeles Timess. A noter également les réquisitions de dernière minute de l’armée pour compenser la défection de la principale société de sécurité assurant le comité d’organisation, ou encore les plaintes dues à l’insalubrité des installations proposées au personnel d’entretien du village olympique… Avec une mention spéciale à le scandale des sièges vides avec des images de stades montrant des centaines de sièges inoccupés alors que des millions de spectateurs ne parvenaient pas à obtenir des billets… et le grand prix de la colère des Britanniques autour d’une pinte de bière facturée 7 livres au lieu de 3 en ville au Parc olympique .

Au final, de nombreux Britanniques ayant fui la capitale avant la cérémonie d’ouverture sont revenus nombreux le lendemain pour profiter d’une édition des Jeux unanimement saluée comme l’une des plus réussies de l’histoire…

– Panaches à Atlanta et Tokyo, crainte d’une contamination à Rio

On ne peut pas parler d’Atlanta 1996 sans ses pannes informatiques. Surnommée Cocatlanta, cette édition a été assaillie par la polémique et les moqueries de la presse. Des échecs ont été constatés en matière de transport, notamment pour les athlètes, qui ont également dû subir des erreurs dans la remise des médailles.

Quant à Rio 2016, son hébergement au Village olympique a été sévèrement critiqué et jugé « inhabitable » dès son arrivée dans la capitale brésilienne par la délégation australienne. La propreté de l’eau de la baie de Guanabara, où se sont déroulés les événements nautiques, a également été remise en question. La baie était jonchée de détritus et une super bactérie, découverte non loin de là, incitait les athlètes à se taire pendant les épreuves… tout cela suscitant des critiques et un enthousiasme mesuré de la population brésilienne.

Enfin, l’édition Tokyo 2020, à laquelle on a beaucoup pardonné à cause du covid, n’a pas non plus été épargnée. Elle a d’abord dû renoncer à un premier logo plagiant celui d’un théâtre belge. Le parcours du relais de la flamme avait alors été critiqué pour avoir traversé des territoires contestés. Quant au directeur artistique des cérémonies, Hiroshi Sasaki, il a dû partir après une nouvelle polémique liée à la suggestion faite à l’un des artistes de se déguiser en cochon.

– Quelques enseignements pour Paris 2024

On comprendra que chaque édition des Jeux, sans exception, a dû faire face à d’innombrables polémiques. En la matière, il n’y a finalement pas d’exception française. Il y a cependant plusieurs leçons à tirer. Tout d’abord, nous devons comprendre l’incroyable complexité de l’organisation de Jeux Olympiques modernes. Revers et difficultés imprévisibles sont le quotidien des comités d’organisation. Leur réussite sera d’abord leur capacité à rebondir face à chaque situation.

Les médias peuvent alors certainement saisir l’occasion pour faire leur autocritique. Celle de la nécessité plus que jamais de vérifier leurs informations et des conséquences sur l’opinion de la course effrénée au buzz pour le buzz largement dictée par les réseaux sociaux. Enfin, n’oublions jamais que c’est une opportunité pour la France. Celle de constater que le nombre de polémiques auxquelles doit faire face le comité d’organisation n’est en aucun cas annonciateur du succès ou de l’échec futur de ses Jeux. Aux sages…

 
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