Les Argentins défilent en masse pour la mémoire de la dictature, que Milei revisite

Les Argentins défilent en masse pour la mémoire de la dictature, que Milei revisite
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Par dizaines de milliers, des Argentins ont manifesté dimanche, jour du souvenir des victimes de la dictature (1976-83), pour dire “plus que jamais, jamais plus !”, des marches teintées d’accusations de révisionnisme de la part du gouvernement Milei.

Pendant de longues heures, le centre de Buenos Aires a été paralysé, plusieurs avenues menant à l’emblématique place de Mai grouillant de marées humaines, dans l’un des rassemblements les plus populaires de ces dernières années, en ce “Jour de la Mémoire”, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Ce 24 mars commémore le coup d’État de 1976 qui a porté au pouvoir la junte militaire, qui a fait 30 000 morts ou disparus, selon un rapport d’organisations de défense des droits de l’homme.

Un bilan désormais de plus en plus ouvertement contesté par l’exécutif du président Javier Milei (il parle de moins de 9 000), et sa vice-présidente Victoria Villaruel, proche des milieux militaires (fille et nièce d’officiers, dont l’un s’inquiétait pour son rôle sous la dictature).

— La vérité « complète » —

Contestée, au nom d’une « vérité complète », de « mémoire et justice pour tous », référence aux victimes de la guérilla d’extrême gauche des années 70. Une « guerre » donc (entre État et guérillas) avec ses « excès », plus qu’une dictature, selon cette lecture du pouvoir.

“Vraiment 30 000 !”, “Tout est stocké en mémoire !” “Oui à la mémoire, non à la peur !”, “Oui aux droits, non à la droite”, banderoles et pancartes s’affichent dimanche, aux côtés de portraits de disparus brandis à bout de bras.

D’autres marches étaient prévues dans les villes de province.

A l’occasion de ce « Jour de la Mémoire », le gouvernement a diffusé une vidéo de douze minutes, dans laquelle il présente « sa version » du bilan de la dictature, parle des victimes des ex-guérilleros et conteste une fois de plus ce bilan. des 30 000 victimes.

A ce propos, il cite notamment un ancien guérillero, qui affirme avoir lui-même créé le chiffre de 30 000.

« Nous refusons le déni du gouvernement et l’apologie du terrorisme d’État. Il y en avait effectivement 30 000 ! » a répondu dimanche le militant des droits de l’homme et prix Nobel de la paix 1980 Adolfo Perez Esquivel (92 ans) à la foule rassemblée place de Mayo.

En savoir plus

“Aujourd’hui plus que jamais, nous devons défendre la mémoire et descendre dans la rue dans le contexte des violences menées par ce gouvernement”, a déclaré à l’AFP Maria Gianni, une manifestante de 31 ans. “Il faut soutenir ces Mères et Grands-Mères (des défunts) qui ont combattu en leur temps.”

Ces Mères, et les survivantes des Grands-Mères, sont les stars du 24 mars de chaque année, comme Estela de Carlotto (93 ans), fondatrice des Grands-Mères, mère d’une personne disparue, et qui en 2014 a retrouvé son petit-fils, l’un des les « bébés volés » sous la dictature.

– Réclamer les disparus, encore une fois –

“Nous ne sommes les ennemis de personne”, a-t-elle assuré dimanche. “Mais face à un gouvernement qui nous offense (…), le peuple est plus clair que jamais”, a-t-elle ajouté.

Avant de dire à la foule, à quelques mètres de la Casa Rosada (présidence) : « Nous continuons à exiger, à demander où sont les corps de nos disparus ».

Depuis la reprise en 2006 des procès pour crimes sous la dictature – après une période d’amnistie dans les années 1990 – 1 176 personnes ont été condamnées, 661 sont actuellement en détention et 79 procédures restent en cours, selon les données de la justice.

Les marches du 24 mars, rendez-vous traditionnellement familial, festif et plutôt apolitique – très bien suivi à gauche – ont été associées pour la première fois cette année par de grands syndicats, dans un contexte de choc d’austérité depuis trois mois par le gouvernement ultralibéral. de Milei, pour lutter contre l’inflation chronique (211% en 2023).

D’où un ton décidément plus politique dimanche, et une floraison de slogans et de slogans traduisant un conflit social qui menace, sur fond de pouvoir d’achat étranglé (-18% en deux mois) et de pauvreté frôlant les 50% de la population.

tev-lm-pbl/mm

 
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