« J’ai hésité à prendre le fusil, mais je me suis dit que j’allais faire une bêtise »

« J’ai hésité à prendre le fusil, mais je me suis dit que j’allais faire une bêtise »
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l’essentiel
L’expédition punitive qui s’est déroulée en Ariège dans la nuit du 17 au 18 mars n’a pas seulement bouleversé le calme de Tarascon. A Saint-Paul-de-Jarrat, un habitant témoigne des violences d’une trentaine de jeunes, venus s’en prendre à l’homme qu’ils soupçonnaient d’avoir tiré les coups de feu place Jean-Jaurès et qui s’est réfugié chez lui.

Les langues se délient peu à peu autour de la véritable expédition punitive qui, dans la nuit du dimanche 17 au lundi 18 mars, a bouleversé la tranquille commune de Tarascon-sur-Ariège, à la suite de coups de feu tirés quelques heures avant le centre-ville.

Des scènes de violences qui ont déjà valu à deux Tarasconnais d’une vingtaine d’années d’être condamnés, vendredi 22 mars, à 12 mois de prison ferme par le tribunal judiciaire de Foix. À une quinzaine de kilomètres de Tarascon, un habitant de Saint-Paul-de-Jarrat, François*, témoigne des violences survenues en pleine nuit à son domicile, où une trentaine de jeunes ont tenté de s’en prendre à celui qu’ils croyaient être Le tireur.

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“Ils cassaient ses vitres avec des pierres”

« Je dormais paisiblement avec ma femme lorsque mon gendre m’a appelé à une heure du matin pour me dire que des gens essayaient de casser des vitres pour entrer », se souvient l’homme de 62 ans. « J’habite près de Charmille, à Saint-Antoine. Mon gendre habite dans une maison à moi au bord de la route, je suis au fond du jardin, ils cassaient ses vitres au bord de la route avec des pierres.

Comme l’explique François, les auteurs de l’expédition Tarascon, à la recherche d’un jeune à moto, auraient pourchassé un ami de leur principal suspect « arrivé sur sa petite moto électrique ». Ces derniers auraient alors tenté de leur échapper sur la RN 20 avant d’être pourchassés, rattrapés et tabassés. L’intervention providentielle d’un camionneur aurait alors entraîné la fuite de la bande « et le jeune homme est venu se réfugier au plus près, chez mon gendre », poursuit le Saint-Paulan.

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« Mon gendre est sorti, il a vu deux hommes, il leur a demandé ce qui se passait, poursuit-il. Et puis ils sont tous arrivés, les insultes fusaient, les menaces : ‘Il faut l’attraper, on va le tuer, dégage, on va te tuer, gros cochon !’, ils ont tout balancé pierre. C’est à ce moment-là que mon gendre m’a appelé. Je me suis habillé vite, j’ai hésité à prendre le pistolet, mais je me suis dit que j’allais faire une bêtise.

Une trentaine de jeunes excités devant le portail

La scène dont François est témoin en partant le marque encore. « Sur la voie ferrée, il y avait dix ou quinze jeunes avec des piles (lampes de poche, ndlr), ils ressemblaient à des migrants (sic) qui remontaient sur les rails et qui pétaient tout sur leur passage. Ils m’ont raconté tout ce qu’ils ont dit, les insultes, les menaces : « On va faire venir ceux de Toulouse, on va vous tuer ! J’ai dit quoi? Veux-tu me tuer ? », puis ils arrivèrent tous à la porte. Et le petit jeune homme qui s’est réfugié chez moi, il a dit : « Mais je n’ai rien fait, je n’ai rien fait ! », il avait peur… Il y avait aussi mon petit-fils de deux ans à l’intérieur, peut-être tu imagines à quel point il avait peur ? J’ai trois chiens, c’était tellement bruyant que même les chiens n’aboyaient pas parce qu’ils avaient tellement peur.

Les gendarmes sont finalement arrivés, quatre militaires qui, selon François, comptaient pas moins de 27 jeunes rassemblés devant la maison. « Je voulais qu’ils voient les dégâts mais il y avait tellement de monde qu’ils ne voulaient pas, sauf un qui a fini par entrer à la fin. Cela s’est terminé au portail avec un jeune qui m’a tendu la joue pour que je le frappe, qu’il me dise tout. Finalement, ils sont partis, mais deux heures plus tard, vers trois heures du matin. »

“Des choses comme ça, on ne les voit qu’à la télé”

Près d’une semaine après les faits, François n’en revient toujours pas. « Des choses comme ça, on ne voit ça qu’à la télé », soupire-t-il, toujours abasourdi. « En fait, ils avaient mis des barrages partout, à Mercus, à Ginabat, pour attraper ceux qui tiraient, mais leurs petits circulent, je ne sais pas, ce n’est pas mon problème. Nous sommes des gens calmes, nous n’avons jamais touché à cela. Ça a duré tellement de temps, et tellement d’insultes… Le lendemain, je pleurais encore tellement j’étais nerveuse.”

Les gendarmes, assure-t-il, lui auraient dit que ça ne servait à rien de porter plainte, « que pour injures il n’irait pas au tribunal. Mais j’ai quand même déposé plainte, bien sûr j’ai déposé plainte.

* Le prénom a été modifié à la demande de la personne concernée.
 
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