Robert M., un frêle retraité de 79 ans aux lunettes fines et aux cheveux gris, a tué mardi matin Robert Baudin, 82 ans, son ami et voisin de trois balles de calibre 7,65 dans leur immeuble du 14 avenue Henry-Dunant à Nice.
Après deux jours de garde à vue à la brigade criminelle, un interrogatoire devant le juge d’instruction et une audience devant le juge des libertés et de la détention, difficile de connaître les raisons exactes de ce déchaînement de violences.
Une récente et futile querelle peut-elle suffire à transformer un paisible septuagénaire, au casier judiciaire immaculé, en un tueur de sang-froid ? Le suspect a été mis en examen pour meurtre, c’est-à-dire qu’il a tué son voisin par préméditation ou par embuscade.
Le procureur Ludovic Manteufel a demandé son placement en détention provisoire « pour éviter la reconduction de l’infraction », alors qu’il y a, clairement, “un contexte de ressentiment entre voisins”.
Le parquet doit mettre fin au trouble à l’ordre public provoqué par ce meurtre dans un immeuble collectif. Il souhaite également protéger Robert M. de lui-même même s’il a indiqué à plusieurs reprises, depuis son arrestation, vouloir mettre fin à ses jours.
Veuve depuis peu
Robert M. est veuf depuis trois mois. Il dit qu’il n’a aucun problème de santé. Il a occupé divers métiers dont serrurier, photographe, gardien de parking, concierge… Sans enfants, solitaire, il semble avoir peu de monde et ne semble pas avoir une vie sociale très riche. Le couple avait fêté son soixantième anniversaire de mariage.
Le décès de son épouse, orthopédiste à la retraite, déstabilise Robert M. au point que Robert Baudin l’aide dans ses tâches administratives.
Compte tenu de l’âge du suspect, le juge des libertés et de la détention ne semblait pas hostile, a priori, à placer Robert M sous bracelet électronique. En revanche, il était impensable que le retraité puisse regagner son trois pièces niçois. .
L’avocat commis d’office n’a pas été en mesure de proposer une solution alternative de logement. Les réquisitions du parquet ont été suivies par le juge qui a placé le septuagénaire en garde à vue ce jeudi après-midi. “C’est dommage que je ne puisse pas rentrer chez quelqu’un pour veiller sur moi” » a conclu le retraité, encadré par deux policiers.