Gitanas Nauseda, 59 ans, est président de la Lituanie depuis 2019. Cet économiste de formation était mercredi 24 mai à Paris pour préparer, avec Emmanuel Macron, le prochain sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) que son pays organise le 11 et 12 juillet à Vilnius.
Quelles perspectives voyez-vous pour l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN ?
Au sommet de Vilnius, la question de l’Ukraine occupera largement les discussions. Il est encore difficile aujourd’hui de trouver la bonne formule. L’Ukraine ne rejoindra pas l’OTAN en pleine guerre. Mais il n’est pas possible de lui dire que la porte est seulement ouverte sans être plus précis. Ne lui envoyez pas le mauvais signal. On ne peut pas rester sur une solution hybride, incompréhensible.
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Nous préparons donc diverses actions. D’abord pour mieux l’intégrer militairement à l’Alliance, car l’armée ukrainienne accumule une expérience très significative sur le terrain et au combat. Il y a aussi une solution politique à mettre en place, qui pourrait passer par la création d’un conseil OTAN-Ukraine, une instance pour nous rapprocher et envisager une adhésion.
Dans le même temps, se pose la question des garanties bilatérales de sécurité à accorder à Kiev. Le sujet a été discuté entre les dirigeants au sein du G7 la semaine dernière, et la France participe activement à ces discussions. L’idéal serait d’obtenir des propositions du sommet de Vilnius pour en discuter collectivement.
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---Les États-Unis ont fait savoir qu’ils ne voulaient pas lancer l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, mais ont-ils indiqué ce qu’ils voulaient ?
Jusqu’à présent, la position américaine n’a pas été clarifiée. Il va s’éclaircir dans les semaines à venir. Cependant, je vois une grande énergie qui anime les dirigeants de l’Alliance pour trouver une solution en collaboration avec les Ukrainiens.
Que signifie renforcer le flanc oriental de l’Alliance, dont il sera également question à Vilnius ?
Pour la Lituanie et les pays baltes, la question de la défense aérienne devient critique. Depuis 2004, nous bénéficions d’un soutien pour sécuriser notre espace aérien, notamment grâce à l’aide des alliés et surtout de la France. Mais nous devons passer à l’étape suivante, la mise en place d’éléments de défense sol-air. Ce n’est pas facile, car aujourd’hui l’offre de systèmes de défense antimissile est extrêmement limitée.
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De nombreux systèmes sont assemblés et envoyés en Ukraine, qui est la priorité. Nous comprenons cela. Nous proposons de mettre en place des éléments de défense sol-air par rotation. Certains alliés, qui disposent encore de ces éléments, pourraient nous équiper temporairement. Les systèmes pourraient provenir des Pays-Bas, d’Allemagne, de France. Nous avons fait des propositions à nos alliés. Nous espérons que nous arriverons à un accord.
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