Qui est Sammy Mahdi (CD&V), ce roi des créneaux qui veut supprimer le Comité des Régions ? – .

Qui est Sammy Mahdi (CD&V), ce roi des créneaux qui veut supprimer le Comité des Régions ? – .
Qui est Sammy Mahdi (CD&V), ce roi des créneaux qui veut supprimer le Comité des Régions ? – .
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Sa mère est originaire de Moerbeke-Waas, en Flandre occidentale. Son père est originaire de Bassorah, en Irak. Elle est catholique, il est musulman. De cette union, est né Sammy Mahdi, l’actuel président du CD&V. Allez à la rencontre de ce roi des créneaux qui veut supprimer le Comité des Régions.

Sammy Mahdi a grandi à Watermael-Boitsfort, aujourd’hui une ville verte assez cossue au sud de Bruxelles. Lorsque ses parents s’y sont installés dans les années 1980, la ville n’était pas aussi importante qu’aujourd’hui. « Ils m’ont souvent dit qu’ils avaient acheté leur maison pour 25 000 €. Aujourd’hui pour 25 000 € à Boitsfort, tu peux juste faire tes courses chez Delhaize, et puis tu n’iras pas plus loin que ça [rires] “.

Entouré de son petit frère et de sa grande sœur, il a vécu une tendre enfance dans un environnement assez paisible. Il aimait jouer au football. De minime à réserve, il évoluera jusqu’à ses 20 ans au Royal Racing Club de Boitsfort.

Malgré les bons souvenirs, un point négatif de sa jeunesse reste gravé dans sa mémoire : « Quand je rentrais du club de foot, on devait traverser des parcs où parfois il y avait des skinheads qui rôdaient là avec leurs affaires de Lonsdale et des pitbulls. Ils ont commencé à chasser les gens de la migration. Nous devions toujours essayer de les éviter ou parfois nous devions vraiment courir pour nous échapper. »

Mélange de cultures

Chez le Mahdi, les débats étaient souvent animés, que ce soit sur la politique ou sur un autre sujet. En néerlandais avec la mère, en français avec le père. “A mon avis, le fait qu’aujourd’hui j’aime débattre, ça doit être dû à mon père. Il discutait de géopolitique avec ses amis, de la situation au Proche-Orient ou de la situation en Belgique. Chacun avait droit à son opinion. Les différences étaient acceptées même au niveau religieux. »

On lui pose aussi régulièrement la question de son identité religieuse : « On me demande souvent : « Ta mère est catholique, ton père est musulman. Qu’est-ce que tu es, exactement ? « Alors qu’à la maison, à la maison, c’était très ouvert, on partageait des valeurs et on en discutait sans vraiment avoir à se placer dans un groupe ou un autre. »

« Au mariage religieux de mes parents, ma grand-mère pleurait. Non pas de joie mais d’inquiétude. »

Son père irakien a rencontré sa mère belge à Anderlecht lors de leurs études en gestion hôtelière. Il a dû retourner en Irak et la guerre a commencé. Attiré par l’amour, il quitte l’Irak sans dire à ses parents de venir se marier en Belgique.

La nouvelle n’a pas été très bien accueillie dans la famille : ses grands-parents flamands étaient inquiets car son père, un Irakien qui a fui son pays, a une culture complètement différente du Belge.

“Mes parents racontent souvent l’histoire de ma grand-mère qui pleure pendant le mariage à l’église. Pas de joie mais des inquiétudes. Mais bon, mes parents trouvaient toujours un moyen de les rassurer et le fait que mes parents soient mariés à l’église et que mon père citait le Coran à l’église en bonne entente avec le prêtre. D’une certaine manière, cela montre que malgré nos différences, nous pouvons vivre ensemble. »

Sammy, le roi des machines à sous

Le père Mahdi travaillait la semaine pour la Croix-Rouge et le week-end il était actif à Molenbeek exportant des voitures vers l’Afrique et son fils Sammy venait régulièrement donner un coup de main.

« Avec mon père, nous sommes allés en Flandre profonde, à Maasmechelen ou Maastricht, dans la région entre les Pays-Bas et le Limbourg. Nous y sommes allés chercher des voitures pour les ramener dans les garages de Molenbeek, qui sont très, très petits et où il faut garer beaucoup de voitures. Il fallait savoir se débrouiller et donc se garer. C’est quelque chose dont je suis fier », déclare Sammy Mahdi. « Ce n’est pas pour me vanter, mais je sais me garer. »

« J’avais trop peur de m’ouvrir et de découvrir le monde. »

Après le lycée, Sammy a étudié les sciences politiques à la VUB et a poursuivi avec un master en droit international et européen. A l’époque, il était assez réservé. Il n’a pas fait de séjour Erasmus pendant ses études et c’est l’un de ses plus grands regrets : « J’avais trop peur de m’ouvrir et de découvrir le monde. Je me sentais bien chez moi. J’avais des parents qui étaient là pour moi, j’habitais près de l’université, j’avais ma copine. Aujourd’hui, si je pouvais revenir en arrière, j’aimerais avoir l’opportunité de découvrir le monde. »

Du Comité des Régions au CD&V via Sporza

A sa sortie de l’école, Sammy Mahdi se cherche toujours. Il a commencé par un stage au Comité des Régions, qui lui a laissé un premier goût amer des institutions européennes : « Il y avait des réceptions tous les jours, on pouvait boire autant qu’on voulait. Pour la soirée de Noël, il y avait du caviar. Je n’avais vraiment pas l’impression de faire un travail politique/sociétal ou d’aider les citoyens. Quand j’étais stagiaire au Comité des régions, je me disais qu’il fallait fuir au plus vite ce monde européen car j’allais devenir quelqu’un qui allait détester la politique. »

Avant de poursuivre : « Personnellement, je trouve aussi que le Comité des Régions doit être supprimé au plus vite. Elle n’a d’ailleurs été construite que parce qu’il y a des régions dans des pays qui étaient en train de développer une forme de volonté d’indépendance, comme en Catalogne, en Ecosse, en Flandre. L’Europe a créé une institution pour faire en sorte que même ces régions veuillent rester pro Europe, nous allons là où elles peuvent continuer à discuter. Pour moi, ce n’est pas ainsi que le monde politique devrait fonctionner. Mais heureusement je n’ai pas perdu mon cœur pour l’Europe, je reste pro-européen. »

« Je n’avais vraiment pas l’impression de faire un travail politique/sociétal ou d’aider les citoyens. »

Il a ensuite travaillé pour Sporza, la chaîne sportive de la VRT. Une façon d’allier sa passion du football à son activité professionnelle. Après être passé par une boîte à conseils, il devient de 2014 à 2017 collaborateur parlementaire du député CD&V flamand Joris Poschet, également de Watermael-Boitsfort. C’est son premier pas en politique, en tant qu’assistant.

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Dans quelques années, les portes s’ouvrent. Sammy Mahdi devient président du jeune CD&V quelques mois après être également devenu chroniqueur au quotidien De Morgen. Il est également président de la section Molenbeekoise du CD&V.

Il décide de s’installer à Vilvorde pour augmenter ses chances d’être élu à la Chambre. Pari réussi : tête de liste CD&V dans le Brabant flamand, il décroche un siège et est propulsé en mars 2020 chef de groupe à l’hémicycle des démocrates-chrétiens.

En octobre 2019, il brigue le poste de président du CD&V. Wouter Beke ayant quitté le navire pour devenir ministre flamand du Bien-être et de la Santé. Sept candidats sont en lice. Au premier tour, il recueille 19 % des suffrages, un score qui lui permet d’atteindre la finale. Il affronte Joachim Coens, le bourgmestre de Dam et directeur du port de Zeebrugge. Sammy Mahdi s’inclinera avec 47% des voix. Les membres du CD&V ont choisi le profil auquel ils sont habitués : exit le trentenaire citadin d’origine étrangère, ce sera le quinquagénaire de la campagne qui conduira la barque.

« Je voulais montrer que j’étais imbattable. Je suis un robot, je suis Robocop : je ne dors pas, je ne voyage pas, je ne me repose pas, je n’ai pas besoin de tout ça, je travaille. »

Présidence des jeunes CD&V en 2017, municipale à Vilvorde en 2018, fédérale en 2019, réélection chez les jeunes CD&V en 2019 puis enfin en 2020, la présidence du parti… il aura cumulé les campagnes électorales. Après la défaite face à Joachim Coens, Sammy Mahdi a besoin d’un break : il part trois semaines au Mexique pour se ressourcer. « Après la campagne où j’ai perdu les élections de quelques voix, j’avoue avoir été éliminé. Ce n’était pas surtout parce que j’avais perdu, mais c’était surtout parce qu’il y avait toutes ces campagnes électorales. Pendant cinq ans, tu ne dors pas. Je voulais montrer que j’étais imbattable. Je suis un robot, je suis Robocop : je ne dors pas, je ne voyage pas, je ne me repose pas, je n’ai pas besoin de tout ça, je travaille. Et ceux qui partent en vacances sont ceux qui sont trop faibles. »

Il sera de retour

Joachim Coens est devenu président du CD&V, il a atterri en plein dans les négociations pour la formation d’un gouvernement fédéral. Il placera finalement Sammy Mahdi au sein du gouvernement fédéral en tant que secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration. Un geste symbolique : le fils d’un immigré dont le père est arrivé clandestinement en Belgique. Interrogé à ce sujet dans l’émission Het Huis : il concède que s’il avait été secrétaire d’État à l’époque, il aurait dû « renvoyer son père dans son pays » : « Mon père était trop fier pour demander l’asile et n’attend rien de l’Etat. Il voulait juste épouser ma mère immédiatement, parce qu’il était amoureux d’elle », explique-t-il.

Au cours de son mandat de secrétaire d’État pendant un an et demi, Sammy Mahdi va également connaître la crise de la grève de la faim des sans-papiers qui occupaient l’église du Béguinage à Bruxelles. Le gouvernement vacille. Sammy Mahdi tient bon et tente de régler au cas par cas. “Souvent, on vous considère comme le grand méchant loup, alors que c’est vous qui essayez d’organiser les choses de manière correcte dans le respect des règles”, commente-t-il.

Pendant ce temps, le CD&V sous la présidence de Joachim Coens accuse le coup dans les sondages. En mai 2022, le score est catastrophique : les chrétiens-démocrates passent sous la barre des 10 %. Le président prend sa retraite. C’est la première fois qu’un président démissionne à la suite d’un scrutin. Résultat : la place est libre pour… Sammy Mahdi.

Dans un tweet, de Robocop, il se transforme en Terminator : « Il reviendra ». Il est de retour. Seul candidat en lice, Sammy Mahdi deviendra président du CD&V le 25 juin 2022.


Retrouvez l’interview de Sammy Mahdi ce mercredi 24 mai sur DaarDaar.

Ne manquez aucun épisode de cette série :

Sammy Mahdi (CD&V): semaine du 22 mai

Nadia Naji (verte): semaine du 29 mai

Egbert Lachaert (Open Vld): semaine du 5 juin

Raoul Hedebouw (PTB/PVDA): semaine du 12 juin

Tom Van Grieken (Vlaams Belang): semaine du 19 juin

Conner Rousseau (Vooruit): semaine du 26 juin

Bart De Wever* (N-VA): semaine du 3 juillet

* Bart De Wever a refusé de participer à notre série d’interviews, mais une biographie et un bonus apparaîtront également sur le président de la N-VA.

 
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