Après deux journées exigeantes, la 3e étape du Tour de France s’est achevée par un premier sprint massif, remporté par Biniam Girmay, ce lundi à Turin. Le maillot jaune change d’épaules, à la place. Meilleur classé dans ce sprint parmi les quatre premiers du classement général, à égalité en temps, Richard Carapaz, 14e de l’étape, le reprend à Tadej Pogacar. C’est la première fois qu’un Equatorien porte du jaune sur le Tour.
Première victoire d’un coureur d’Afrique subsaharienne sur le Tour de France ce lundi à Turin.
Binian Girmay a remporté le premier sprint massif de ce Tour 2024, au terme de la 3e étape (231 km). Le sprinteur érythréen de l’équipe belge Intermarché a créé la surprise en dominant le Colombien Fernando Gaviria (Movistar) et le Belge Arnaud De Lie (Lotto) au sprint final.
Girmay a saisi sa chance car le grand favori de ce sprint, Jasper Philipsen (Alpecin), maillot vert de meilleur sprinteur l’an dernier, a été éliminé de la partie suite à une chute à moins de 3 kilomètres de la ligne.
Le maillot jaune a changé d’épaules au terme de ce sprint magistral dans la cité piémontaise. Premier au général depuis la veille et son attaque ayant fait céder Romain Bardet dans la deuxième montée de San Luca, Tadej Pogacar (UAE) a été à son tour dépossédé du maillot jaune par Richard Carapaz (EF Education).
Deuxième victoire française sur le Tour de France, Pogacar prend le maillot jaune à Bardet
Le maillot de leader du Tour s’est en revanche joué dans cette étape entre les quatre coureurs à égalité de temps depuis dimanche soir en tête du classement, à savoir Pogacar (1er), Evenepoel (2e), Vingegaard et Carapaz.
Il a donc fallu sprinter fort dans les rues de Turin lundi et à ce jeu Richard Carapaz s’est montré le meilleur, terminant 14e de l’étape.
L’Equatorien prend donc le maillot à “Pogi”, 38e de l’étape et désormais deuxième du général, tandis que le maillot blanc, Remco Evenepoel (40e à l’arrivée) et Jonas Vingegaard (68e) reculent également d’une place dans la hiérarchie, le Belge de Soudal remontant 3e et le Danois de Visma 4e.
Une journée historique pour l’Erythrée, mais aussi pour l’Equateur, puisque Richard Carapaz est le premier coureur équatorien à porter du jaune sur le Tour de France, qui en est à sa 111e édition.
A 31 ans, le leader d’EF Education entre dans le club très fermé des coureurs ayant porté le maillot des trois Grands Tours. Le jaune de ce lundi s’ajoute aux 14 maillots roses déjà portés sur le Giro et à ses 5 maillots rouges de la Vuelta.
Arrivé dans le peloton sans encombre, à la 57e place, Romain Bardet (DSM) reste le premier Français au classement général, toujours à la 5e place, à 6 secondes du nouveau Maillot Jaune.
Après deux étapes exigeantes, conclues par des victoires françaises, Bardet à Rimini et Vauquelin à Bologne, le terrain beaucoup plus plat de cette 3ème étape (seulement 1 200 m de dénivelé positif) a donné leur chance aux sprinteurs.
Les coureurs ressentaient le besoin de récupérer un peu et durant la première partie de la journée, le peloton, dispersé comme un puzzle durant le week-end, a cette fois roulé ensemble à un rythme pas trop élevé.
Julian Alaphilippe sur le podium final du Tour de Slovaquie, en vert mais pas en jaune (vidéo)
Il n’y avait même pas de véritable candidat pour tenter une échappée avant l’attaque de Fabien Grellier, à 66 kilomètres de l’arrivée.
Le coureur français de TotalEnergies attendait sans doute des renforts à l’avant, qui ne sont jamais venus. Le peloton ne lui a pas laissé plus d’une minute d’avance avant de le rattraper à une trentaine de kilomètres de l’arrivée.
Les équipes de sprinteurs se sont alors formées à l’avant du peloton, sur toute la largeur de la route, et il est devenu impossible de tenter une échappée, tant le rythme s’était accéléré.
Le sprint final, devenu inévitable, est mené de plein fouet par Mads Pedersen, mais le Danois de Lidl-Trek, vainqueur du premier sprint du jour, à plus de 75 km/h, se fait doubler par trois adversaires, dont l’étonnant Girmay, qui remplace Philipsen.
Changement total de décor ce mardi, avec l’arrivée du Tour en Savoie et les premières grandes ascensions dans les Alpes.
Les chiffres clés du Tour de France du Maillot Jaune Romain Bardet
Les favoris au classement général auront de quoi s’expliquer, entre la montée vers Sestrières et le col de Montgenèvre, deux difficultés classées en 2e catégorie, mais aussi et surtout sur les longues pentes du Galibier (23 km à 5,1%), un col non classé, grimpant jusqu’à 2 627 m d’altitude.
Déjà, au 4e jour, une belle bataille en perspective entre les cadors du Tour sur cette courte (140 km) mais haute montagne (3 900 D+). Carapaz résistera-t-il au cannibale slovène Pogacar, en mission sur cette Grande Boucle pour réaliser le doublé Giro-Tour ?
Raphael Rochette
