C’est un résultat sans appel. Trois semaines après la défaite de la défunte majorité présidentielle aux élections européennes, Emmanuel Macron vient de subir un nouveau revers électoral au premier tour des législatives anticipées, qu’il a lui-même convoquées. Certes, les Français se sont massivement mobilisés pour ce scrutin (66,7 % de participation), mais le « jugement » espéré par le chef de l’État contre la montée des extrêmes n’a pas eu lieu. Le Rassemblement national est sorti vainqueur du premier tour, devant le Nouveau Front populaire et la coalition macroniste. Si le président a raté son pari, le RN parviendra-t-il à remporter une majorité absolue à l’issue du second tour ?
Rien n’est gagné et les marchés sont soulagés. Le parti d’extrême droite et ses alliés arrivent en tête avec 33,15 % des voix, un score inférieur aux 36 % à 37 % annoncés par les sondages dans les derniers jours de la campagne, constate Alexandre Baradez chez IG. Ce que le marché craignait le plus, c’était une majorité absolue d’un côté ou de l’autre. L’alliance de gauche, qui va de La France insoumise au Parti socialiste, recueille 27,99 % des voix. Le scénario d’une majorité de sièges à l’Assemblée pour la gauche élargie dimanche prochain est caduc, mais le camp Le Pen a encore ses chances. Tout dépendra des configurations du second tour, entre accords et possibles désistements qui transformeront les courses à trois en duels face au RN. Les appels à bloquer le RN trouveront-ils un écho ? C’est la grande question. Si c’est le cas, les marchés français devraient se ressaisir, selon Kathleen Brooks, directrice de recherche chez XTB. « Un Parlement sans majorité pourrait rendre difficile toute action en France lors de la prochaine législature, ce qui est exactement ce que souhaitent les marchés. “, elle croit. Les investisseurs craignent qu’avec une majorité absolue d’extrême droite, dont le programme économique est certes moins onéreux que celui du NFP, les comptes publics de la France se dégradent alors que la performance de ses finances a été récemment critiquée par Bruxelles.
Société Générale at the top of the Cac 40
Le Cac 40, qui gagnait jusqu’à 2,8% ce lundi matin, prend désormais 1,6% à 7.597,3 points à la mi-journée, car les incertitudes restent fortes. Hormis Dassault Systèmes, toutes ses composantes sont en hausse. Les valeurs qui avaient été fortement mises à mal en juin par la perspective d’un parti extrémiste au pouvoir rebondissent : c’est notamment le cas des banques, comme la Société Générale (+4,5%) et le Crédit Agricole (+3,9%). Hors Cac, TF1 est en tête du classement SRD (+6,3%), réduisant une partie de ce qu’elle avait perdu en juin par crainte d’une privatisation de l’audiovisuel public en cas d’accession du RN à Matignon.
L’euro s’apprécie face au dollar et l’écart de rendement entre les obligations françaises et allemandes à dix ans se réduit.
L’actualité politique restera à l’honneur tout au long de la semaine, mais plusieurs statistiques tenteront encore de faire les gros titres. Le rapport mensuel sur l’emploi américain devrait y arriver sans difficulté vendredi. Ce lundi, l’indice d’activité du secteur manufacturier de la zone euro s’établissait à 45,8 points en juin en lecture définitive, après une première estimation à 45,6. Plus important encore, les investisseurs apprendront à 14 heures la première estimation de l’inflation allemande en juin, attendue en légère baisse à 2,5% sur un an pour l’indice harmonisé aux normes européennes.
