Vu l’ambiance créée par les supporters français à l’Open d’Australie, mieux vaut avoir les tympans bien connectés quand on n’a pas l’habitude de voir des spectateurs vitupérer contre l’adversaire de nos petits protégés français. Alors, les habitués du Melbourne Park, qui ont les oreilles un peu sensibles, ont pris leurs précautions et réservé leurs billets pour la deuxième semaine, le cimetière habituel des Français.
L’année prochaine, un ticket pour le second tour du tableau féminin leur suffira peut-être pour s’épargner tout décibel excessif, si l’on se fie à la dynamique des Françaises sur l’île-continent : seulement cinq tricolores alignées au premier tour, dont une wild card attribuée à Chloé Paquet et une joueuse sortie des qualifications, Léolia Jeanjan, il n’en restait qu’une après le premier tour, puis plus personne après le deuxième.
Enchaînement de contre-performances
C’est la deuxième fois depuis 1987 qu’aucun joueur français ne parvient à se qualifier pour le troisième tour de l’Open d’Australie. Le « Il n’y a plus de Françaises à l’Open d’Australie » est donc arrivé tôt, très tôt, juste après l’élimination, ce jeudi, de Varvara Gracheva par l’Allemande Eva Lys (6-2, 3-6, 6-4), revenu d’entre les morts après avoir été enrôlé comme chanceux perdant. Pour les Françaises, on est plutôt à un rythme de perdant bref, dans la lignée d’une année 2024 compliquée.
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Les éclaircies ont été rares, avec seule Loïs Boisson (20 ans) remportant un tournoi WTA. C’était à Saint-Malo, pour une petite WTA 125, lors de l’Open 35, où elle a battu sa compatriote Chloé Paquet en finale. On a aussi eu un peu d’excitation avec Varvara Gracheva jusqu’aux huitièmes de finale à Roland-Garros ou avec Océane Dodin, jusqu’au même stade de la compétition, lors de l’Open d’Australie 2024.
Sinon, la suite de la saison n’a été qu’une série de déceptions. Comme cette année à Melbourne, aucun tricolore ne s’est qualifié pour le troisième tour de Wimbledon et de l’US Open, l’ancienne n°1 française Caroline Garcia a terminé sa saison plus tôt que prévu pour régler ses soucis mentalement, avant d’enchaîner sur un huitième Majeur en Australie sans atteignant la deuxième semaine. Sans compter la relégation de l’équipe de Billie Jean en King Cup (la Fed Cup des anciens) en deuxième division.
“Nous avons de bons joueurs”
Signe que les bonnes performances ne résultent pas d’un travail en profondeur, mais plutôt d’un miracle passager, Diane Parry, après sa défaite au premier tour à Melbourne, a indiqué, pour tenter d’expliquer la mauvaise forme des Français, que le tennis travaillait par « périodes » et que les bonnes passes n’étaient qu’un « enchaînement de circonstances ». Tout se passe très bien.
Toutefois, l’alerte générale n’a pas encore sonné au sein de la fédération française de tennis. Dans un entretien à l’AFP, Gilles Moretton, le président de la FFT, a probablement eu l’impression de fredonner les yeux cachés et les oreilles bouchées. Saga Afrique pour se souvenir des temps bénis, « avoir de bons joueurs. Je pense que Clara (Burel) et Diane (Parry) ont le potentiel pour être dans les 20. » La première (23 ans) est actuellement 101e de la WTA, tandis que la deuxième (22 ans), 66e et première française, vient de s’incliner face à une membre de ce top 20, Donna Vekic, pour son entrée en lice.
Et l’avenir ne semble pas prometteur. “Il y a de moins en moins de petites filles qui jouent au tennis et qui restent”, analyse le sélectionneur Loïc Courteau, auprès de nos confrères de France Info. Evidemment donc, il y a moins de joueurs qui atteignent le haut niveau et qui obtiennent des résultats. » En décembre, Gilles Moretton reconnaissait avoir « encore beaucoup de travail à faire sur le tennis féminin. Aujourd’hui, nous comptons 30 % de femmes diplômées contre 70 % d’hommes en France.
Encore un espoir ?
Un vivier de talents réduit que le président de la FFT, réélu en décembre pour quatre ans, espère élargir : « Il faut permettre au plus grand nombre de jouer au tennis, c’est ce qu’on a commencé à faire et je pense que nous allons le faire. récoltez les fruits plus tard. » Reste à savoir quand prendra fin le « plus tard ». Alors, pour éviter de sombrer dans la dépression pendant plusieurs années, nous avons tout de même aperçu une petite (légère) éclaircie dans le ciel très sombre qui pourrait nous sauver la santé lors des prochains tournois.
TOUTE L’ACTUALITÉ DE L’OPEN D’AUSTRALIE
Même si elle est encore très jeune, Ksenia Efremova (15 ans), arrivée de Russie en France en 2019, est peut-être la seule à pouvoir sauver le tennis féminin français dans les années à venir. Numéro 1 française chez les jeunes et déjà 840ème au classement WTA, l’adolescente est dans une bonne école. Après avoir fréquenté l’académie Mouratoglou, elle est aujourd’hui en bonne compagnie avec Jean-René Lisnard à Cannes. Celle-là même qui a réussi à faire de Mirra Andreeva (15e mondiale) une machine de guerre. À 16 ans, le Sibérien écœurait déjà les membres du top 10 du tennis du Grand Chelem. Nous rencontrerons Ksenia Efremova dans un an.