Dans un communiqué de presse, la Commission européenne propose d’obliger Apple à traiter les montres intelligentes, les casques VR et les haut-parleurs intelligents de ses concurrents comme s’il s’agissait de ses propres produits, avec un accès complet aux données de l’entreprise. iPhone. Apple prévient qu’une telle mise en œuvre du DMA donnerait à Meta et aux entreprises connues pour être intrusives des données stockées localement aujourd’hui.
Avec le Digital Markets Act, son texte majeur de régulation du numérique, la Commission européenne a contraint Apple à procéder à un très grand nombre de changements. Parmi eux : ouvrir l’iPhone aux magasins d’applications alternatifs, supprimer la quasi-totalité des applications système ou encore remplacer Apple Pay par des logiciels concurrents. La plupart de ces changements sont exclusifs à l’UE, car Apple ne les a pas déployés ailleurs.
Dans un communiqué publié le 18 décembre, auquel Apple a répondu sur son site développeur, la Commission européenne a annoncé qu’elle lançait une consultation pour contraindre Apple à apporter de nouveaux changements. Au nom de l’interopérabilité, elle exige qu’un iPhone ou un iPad ne fasse plus la distinction entre une Apple Watch et une montre concurrente, une Apple Vision Pro et un casque VR tiers ou une enceinte HomePod et un produit audio d’une autre marque. Apple n’est pas opposé à cette idée, mais indique que sa mise en œuvre pourrait être fatale pour les données des Européens.
“Ça devient personnel” : Apple accuse l’Europe de le cibler et de ne pas comprendre sa politique de confidentialité
Dans son document, Apple n’attaque pas directement la demande de l’Union européenne, mais dénonce le ” abus “ que cela pourrait provoquer.
Sur le papier, Apple se dit plutôt favorable à l’idée qu’une montre Google puisse faire la même chose qu’une Apple Watch, au nom du droit de la concurrence. La marque dit néanmoins craindre que la Commission européenne ne comprenne pas parfaitement le fonctionnement d’un système d’exploitation comme iOS, qui traite toutes les données localement.
L’exemple donné par Apple est celui d’une Apple Watch qui reçoit un SMS d’un iPhone et peut y répondre, sans passer par des serveurs web. Le fonctionnement actuel garantit à l’utilisateur que le contenu du message n’est jamais lu par quiconque. Dans le cas où un développeur tiers obtiendrait les mêmes droits système qu’Apple, il serait alors libre d’appliquer sa propre politique de confidentialité. L’intégralité de l’historique iMessage d’un Européen pourrait alors être absorbé par Google ou Meta, sans la moindre sauvegarde.
Avec ces explications, Apple espère convaincre l’Europe que sa consultation fait fausse route, tout en comptant sur le soutien de ses utilisateurs pour mieux encadrer le projet. La marque laisse notamment entendre que les fausses informations selon lesquelles nos téléphones nous écoutent pourraient devenir une réalité si l’accès au micro n’était plus soumis à des validations manuelles. Aujourd’hui, il existe un petit indicateur. Demain, si le micro est un service système obtenu par un développeur, il n’y en aura peut-être plus.
Meta a déjà demandé 15 autorisations spéciales à Apple : la marque dénonce son comportement
Dans le cadre de l’interopérabilité offerte par le DMA, le groupe Meta, propriétaire de Facebook, WhatsApp et Messenger, a déjà formulé 15 demandes particulières auprès d’Apple afin de pouvoir mettre sur pied ses casques Meta Quest et ses lunettes Meta Ray-Ban. à égalité avec l’Apple Vision Pro. “Aucune entreprise n’a fait plus de demandes que Meta” dit Apple.
Selon Apple, Meta est l’exemple parfait de la volonté de l’entreprise d’abuser du DMA. La marque demande de pouvoir contrôler l’accès aux messages, aux réseaux Wi-Fi, à la caméra, au Bluetooth, à l’écran, à CarPlay et aux notifications d’un iPhone, rien que pour son casque VR. Apple indique qu’accorder cet accès lui permettrait de collecter toutes les données d’un iPhone sur ses serveurs, sans que l’utilisateur ne puisse rien faire. Apple refuse pour l’instant les demandes de Meta, mais pourrait être obligé de dire oui si l’Europe l’y oblige.
“Si Apple acceptait toutes ces demandes, Facebook, Instagram et WhatsApp pourraient permettre à Meta de lire tous leurs messages et e-mails sur l’appareil d’un utilisateur, de voir tous ses appels téléphoniques, de suivre toutes les applications qu’il utilise, toutes ses photos, de visualiser son fichiers et calendriers, enregistrez tous vos mots de passe et bien plus encore. Il s’agit de données auxquelles Apple lui-même a choisi de ne pas accéder afin d’offrir la protection la plus solide possible. explique la marque dans son article envoyé en Europe.
“Apple est la seule entreprise obligée de partager ainsi ses innovations avec d’autres, y compris ceux qui ne partagent pas son engagement à protéger la vie privée des utilisateurs”, ajoute l’entreprise.
Un peu de mauvaise foi, mais aussi des vérités
Apple a-t-il raison de s’opposer au projet européen ? Ne soyons pas naïfs, il protège aussi sa propre entreprise.
Le constructeur californien avait également dénoncé des risques pour la sécurité des utilisateurs avec l’ouverture de l’iPhone aux applications tierces, mais a parfaitement réussi à encadrer pour l’instant la diffusion des applications tierces en dehors de l’App Store. Il serait certainement possible pour Apple de mettre en place des API de protection, qui garantissent le traitement local des données sur des appareils tiers, à condition que l’Europe ne lui demande pas explicitement de baisser le niveau de sécurité.
Même si Apple exagère, la marque a sans doute raison lorsqu’elle dénonce les dérives permises par le DMA.
Si la Commission européenne n’encadre pas strictement le partage de données, alors des groupes comme Meta ou Google pourraient utiliser la justice européenne pour forcer Apple à s’ouvrir un peu plus à chaque fois, et donc voler les données des utilisateurs sans eux. protections actuellement en place. Le contrat virtuel signé entre le client et son iPhone serait alors rompu, puisque Apple ne conserverait plus ses données. Il est dans l’intérêt d’Apple, et donc dans celui des consommateurs, de faire en sorte que l’Europe comprenne que l’interopérabilité ne se résume pas à “ouvrir l’iPhone aux concurrents”. Les risques pourraient être grands si une entreprise abuse de ses autorisations spéciales pour alimenter ses propres algorithmes.
La consultation européenne se terminera le 9 janvier 2025, avec des instructions ensuite envoyées directement à Apple.
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