“Indiana Jones et l’Ancien Cercle” n’est pas un sixième long métrage avec en son cœur le célèbre archéologue brillamment incarné par Harrison Ford. C’est un jeu vidéo. Il sort officiellement le vendredi 6 décembre, en accès anticipé, et, officiellement, le lundi 9. Une fois sa courte période d’exclusivité Xbox passée, il sortira sur PlayStation 5 au printemps 2025.
C’est la première fois qu’on se sent en droit de le dire aussi clairement : cet épisode s’élève au rang de meilleur film Indiana Jonesou « Les Aventuriers de l’arche perdue » (1981). Et il dépasse de trois têtes le moins bon, notamment le dernier, « Le Cadran du Destin » (2023).
Le prologue du « Cercle Antique » donne le programme. Il s’inspire, plan par plan, de celui des « Aventuriers ». Au point qu’on jurerait que c’était Spielberg. Spielberg à son apogée créative. Revivre la séquence nous a bluffés, ce qui est un bon début : graphismes, animations, modélisation des acteurs, enchaînement de morceaux de bravoure… Seules les parties interactives rappellent que nous sommes dans un jeu. Jamais mariage entre cinéma et divertissement pur numérique ne nous avait paru aussi réussi.
Ce prologue est en réalité un souvenir. Indiana Jones se souvient d’une récente exploration alors qu’il reprenait ses activités d’enseignant aux États-Unis. Une année s’est écoulée, nous sommes en 1937. L’éminent archéologue s’apprête à se lancer dans une aventure inédite. Cela commence par le vol d’un chat égyptien momifié qui conduira Indiana au Vatican. Il y rencontrera Gina Lombardi, une journaliste qui l’accompagnera pour la suite de son aventure.
Et c’est là qu’on attendait que le jeu change. Allait-il aussi bien tenir le coup en traçant son propre chemin ? Parvenu au terme de l’histoire, nous pouvons affirmer que malgré quelques réserves ici et là, la mission est largement accomplie. Car un genre ne semble pas sacrifié à l’autre. De beaux clichés, un cadrage soyeux, une lumière fine, de superbes interprétations d’avatars se conjuguent aux éléments classiques d’un titre interactif, façon « Tomb Raider ». Ils ne se battent pas pour la meilleure place, ils se renforcent mutuellement.
Et puis, le mannequinat d’Harrison Ford, quelle gifle ! Petite parenthèse à ce stade : pendant toute la durée du jeu, on ne peut échapper à quelques incursions dans « l’étrange vallée » (vallée étrange), avec une représentation humaine proche de la perfection, mais qui sonne parfois faux sans qu’on puisse vraiment mettre le doigt sur ce qui ne colle pas. Les moments où nous y croyons sont cependant de loin supérieurs aux cas où nous lui donnons la moindre allusion. La plupart du -, on jurerait qu’Harrison Ford était de retour, avec son physique des années 80.
Une mention passagère des graphismes. Réalisés avec Unreal Engine 5, ils sont magnifiques. Tant au niveau des détails, des textures, des animations, de l’éclairage et, encore une fois, avec un sens du cadrage dans les parties narratives qui pourrait laisser penser que Spielberg a repris du service. Et puis, la musique, Johnwilliamesque à souhait, se déroule avec subtilité, menant sa barque, mais aussi avec toutes les rappels mélodiques espérés.
« Le cercle antique » conduit l’Indiana au Vatican, puis au pied des pyramides de Gizeh. Et dans d’autres lieux insolites et grandioses que nous vous ferons découvrir. Chacune de ces zones est infestée de chemises noires ou de nazis qu’il faut éviter ou combattre pour atteindre leurs objectifs. Parmi eux, la découverte de grottes, de pièces cachées, protégées par des mécanismes secrets et de charmants pièges. Indiana Jones manie la plume (pour prendre des notes), les poings (pour infliger la mort) et le fouet (pour varier les plaisirs et gravir les endroits escarpés).
Le jeu vous demande de terminer les quêtes principales, mais laisse le choix de terminer les quêtes secondaires facultatives plus tard. Et nous sommes libres, une fois arrivés à la conclusion du jeu, de retourner dans les régions déjà parcourues. Ceux-ci restent accessibles même après « The End ». Les missions secondaires étant loin d’être bâclées, on y revient avec plaisir. Nous avons même été surpris par certains pour leur qualité. Le jeu sait également adapter sa difficulté à un large éventail de joueurs.
Chacun des biomes à explorer, il y en a sept au total, est vaste, regorge d’activités variées et ne laisse jamais l’impression que les choses se répètent. On a même le sentiment que chacun des lieux visités a sa propre cohérence et sa propre logique. C’est pourquoi le jeu semble long, mais jamais répétitif.
Si l’on devait faire une réserve, qui ne concerne pas le gameplay, ce serait le gimmick final (ou McGuffin). Dans « Les Aventuriers de l’Arche Perdue », c’était l’ouverture du coffre contenant les Dix Commandements, dans « L’Ancien Cercle », c’est… autre chose. Pour le grandiose, c’est ok, mais pour la crédibilité, même avec la suspension d’incrédulité convenue (qui s’impose), c’est un peu de gros ventre.
Mais qu’importe, « Indiana Jones and the Ancient Circle » nous a apporté tellement de satisfaction ludique et visuelle que nous ne serons pas offusqués de cette incapacité à dépasser la conclusion originale de « Les Aventuriers ». D’ailleurs, aucun des films qui suivirent n’y parvint réellement.
Presque le dernier arrivé du calendrier 2024, « Indiana Jones and the Ancient Circle » est notre jeu de l’année.
«Indiana Jones et le cercle antique», éd. Bethesda Softworks, développeur. MachineGames, solo, sortie officielle le 9 décembre 2024 sur Game Pass (PC et console), Windows (applications Xbox et Steam) et sur Xbox Series. Sur PS5 en 2025. Testé sur Steam.
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