Marre des photos artificielles sur votre smartphone ? L’achat d’un appareil photo m’a ouvert les yeux : la course à l’effet « wow » au détriment du réalisme est devenue de plus en plus flagrante.
Smartphone ou appareil photo ?
Le monde de la photographie mobile est à la croisée des chemins. D’une part, les utilisateurs recherchent des clichés visuellement percutants : couleurs saturées, contrastes marqués, expositions généreuses. Un rendu idéal pour les réseaux sociaux et pour immortaliser vos souvenirs sans retouches. En revanche, les constructeurs mettent l’accent sur les aspects « Pro » et « Ultra » de leurs caméras embarquées : prise de vue RAW, enregistrement LOG, modes professionnels et objectifs multiples. Une surenchère technologique qui vise à nous convaincre que l’appareil photo traditionnel est superflu. En théorie, il y en a pour tous les goûts.
Fort de ce constat, j’ai récemment remplacé mon ancien reflex par un modèle dernier cri. Intelligence artificielle, algorithmes de réduction de bruit, prise de vue RAW avec technologie Dual Pixel… Autant de fonctionnalités que l’on retrouve, sous une forme ou une autre, dans nos smartphones et qui sont souvent critiqués pour leur tendance à déformer la réalité. Cependant, l’expérience avec mon nouvel appareil photo est claire : il est possible d’intégrer un logiciel d’amélioration d’image sans sacrifier le naturel de la photo.
Car il y a deux sortes de personnes, ceux qui pensent que retoucher, c’est de la triche et d’autres qui veulent simplement rehausser le cliché. Cette deuxième catégorie ne nécessite pas de rendre la photo artificielle, le naturel étant souvent le maître mot. Sauf que j’ajouterai qu’il existe une troisième catégorie, ceux qui croient au montage assisté par l’IA. Je me suis souvent mis au défi d’essayer de battre l’IA de Google en photographie en prenant ma photo en JPG et RAW. Résultat : l’IA gagne presque à chaque fois. Non pas sur le rendu artistique, mais sur de nombreux critères qui font d’une photo « pro », à commencer par la netteté (netteté).
Je ne prétends pas non plus qu’un téléphone puisse égaler les performances d’un appareil photo professionnel. Cependant, si les smartphones se targuent d’être des outils « Pro », leur approche de la photographie devrait s’aligner sur celle des appareils dédiés.et ne pas s’en éloigner.
Le meilleur appareil photo est celui que vous avez avec vous
Le principal écueil de la photographie mobile actuelle réside dans la difficulté, voire l’impossibilité, d’obtenir une image réaliste et de qualité. Une limitation artificielle, car les capteurs et objectifs des smartphones sont capables de bien plus. Le problème vient du traitement logiciel. Dans leur quête effrénée pour éliminer le bruit et augmenter le contraste, les constructeurs appliquent lissage excessif qui se traduit par un effet « aquarelle »particulièrement visible lors d’un zoom sur l’image. Détails coulants, textures effacées, le résultat est loin d’être à la hauteur du potentiel de la matière. Enfin, cela dépend tout de même du constructeur. C’est là que Google prend tout son sens. C’est l’un des rendus les plus naturels, mais qui n’en correspond pas moins aux standards des réseaux sociaux.
Le recours à des applications tierces révèle également l’ampleur des dégâts. Des clichés beaucoup plus naturels sont possibles, mais le traitement d’image imposé par les constructeurs nous en prive. Peaux aux tons artificiels, jaunes saturés, contours trop marqués… ces défauts, présents dans tous les segments de prix, persistent depuis plusieurs générations de smartphones chez certains constructeurs qui cherchent à faire la course aux mégapixels. Certes, les téléphones produisent des images satisfaisantes, mais des résultats proches de ceux des appareils professionnels seraient possibles avec un traitement logiciel moins agressif.
S’inspirer des smartphones pour nos appareils Pro
Les caméras modernes nous montrent la voie à suivre. Contrairement aux idées reçues, intelligence artificielle et traitement logiciel ne sont pas synonymes d’artificialité. La réduction du bruit, par exemple, est un domaine dans lequel même les caméras d’entrée de gamme excellent. Les nouveaux processeurs éliminent le bruit sans dégrader la netteté ni créer d’effet aquarelle. Un simple zoom à 100% suffit pour voir la différence avec un smartphone haut de gammeoù les bords sont artificiellement accentués pour masquer les effets de lissage.
L’utilisation du HDR, qui combine plusieurs expositions pour obtenir une large plage dynamique, aggrave le problème. La fusion des différents plans accentue l’effet aquarelle et les artefacts. Cependant, une image brute, avec une exposition légèrement ajustée, offrirait un résultat beaucoup plus naturel et exploitable. La solution est simple : moins de traitements logiciels.
L’intégration de l’intelligence artificielle est un autre domaine dans lequel les caméras se démarquent. Au lieu de l’utiliser pour modifier l’image finale, ils l’utilisent pour améliorer le cliché : suivi du sujet, autofocus efficace grâce à la détection oculaire (une technologie héritée des appareils photo hybrides), reconnaissance de scène, etc. L’IA est au service de la performance et non d’une esthétique artificielle.
Tant que les fabricants persisteront dans leur approche actuelle du traitement de l’image, les progrès seront limités. Il est temps de repenser la philosophie du logiciel et de privilégier le naturel à l’artificiel. L’expérience utilisateur, la fidélité des couleurs et la richesse des détails doivent primer sur les effets superficiels destinés à flatter l’œil sur les réseaux sociaux. Un exemple frappant est Samsung. Connu pour en faire trop en termes de saturation et de contraste, le constructeur coréen revient depuis peu au naturel.
L’avenir de la photographie mobile nécessite une approche plus authentique et moins interventionniste du traitement de l’image, comme le proposent les appareils photo traditionnels.
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