Arte présente un documentaire captivant d’Herbert Oswald, plongeant le spectateur dans l’univers des projets scientifiques les plus ambitieux de notre époque. A travers ce film intitulé Aux origines de la vie sauvagenous suivons les initiatives de chercheurs engagés dans la restauration d’espèces disparues ou menacées. Le mammouth laineux, disparu il y a plus de 4 000 ans, occupe une place centrale dans cette exploration scientifique, aux côtés d’autres espèces emblématiques comme le rhinocéros blanc du nord, l’auroch de Heck et le thylacine ou tigre de Tasmanie. . Ce documentaire révèle les méthodes de pointe utilisées par les scientifiques et pose une question fondamentale : jusqu’où la science doit-elle aller pour réparer les torts du passé ?
La résurrection du mammouth : un défi scientifique inédit
L’un des projets les plus ambitieux présentés dans le documentaire est celui de la résurrection du mammouth laineux, une espèce disparue à la fin de la dernière période glaciaire. Colossal Biosciences, un laboratoire de biotechnologie basé aux États-Unis, mène ce projet audacieux avec pour objectif de faire revivre un mammouth d’ici 2028. La technique utilisée repose sur la manipulation génétique : des cellules issues de tissus de mammouth, conservées dans les sols gelés de Sibérie, sont associé à des ovocytes d’éléphants d’Asie, une espèce dont le génome est compatible à 99,6% avec celui du mammouth.
L’objectif de Colossal Biosciences est de créer des embryons ex vivo, c’est-à-dire en laboratoire, à l’aide d’utérus artificiels, afin d’éviter le recours à des mères porteuses. Si cette expérience réussit, le premier bébé mammouth pourrait naître dans moins de cinq ans, ouvrant ainsi un nouveau chapitre pour la biotechnologie animale.
Sauver le rhinocéros blanc du Nord : une course contre la montre
Le documentaire met également en avant un projet de sauvetage du rhinocéros blanc du Nord, une espèce en voie d’extinction. Depuis le décès du dernier mâle en 2018, il ne reste plus que deux femelles, une mère et sa fille, vivant dans une réserve au Kenya. Pour éviter la disparition de cette lignée, les chercheurs du consortium BioRescue ont lancé un projet de fécondation in vitro. Les ovocytes ont été collectés sur les deux femelles et fécondés avec du sperme congelé provenant de mâles morts dans des zoos. Ces embryons seront implantés chez des mères porteuses, des rhinocéros blancs du sud, dans l’espoir de maintenir la lignée des rhinocéros blancs du nord. Ce projet ambitieux est une véritable course contre la montre pour préserver la biodiversité animale.
Aurochs et thylacine : un retour en arrière pour l’équilibre des écosystèmes
En Allemagne, un groupe de biologistes travaille depuis les années 1920 à ressusciter l’aurochs, ancêtre du bétail moderne, disparu au XVIIIe siècle. Leur objectif est de recréer une version moderne de cet animal emblématique, en espérant qu’il puisse jouer un rôle dans la restauration des écosystèmes européens. Ce projet s’inscrit dans une démarche de « rewilding », une stratégie de conservation visant à réintroduire des espèces clés pour rééquilibrer les milieux naturels.
De l’autre côté du globe, en Australie, des chercheurs travaillent à faire revivre le thylacine, aussi appelé tigre de Tasmanie. Ce grand marsupial carnivore, disparu dans les années 1930, pourrait jouer un rôle essentiel dans l’écosystème australien. Colossal Biosciences soutient ce projet en fournissant des technologies et des financements pour accélérer la recherche et la reconstruction génétique de l’espèce.
Science et questions éthiques : vers une « boîte de Pandore » moderne ?
Ces avancées, aussi impressionnantes soient-elles, soulèvent d’importantes questions éthiques et environnementales. Alors que la science s’aventure dans le domaine de la résurrection des espèces, certaines voix s’élèvent pour alerter sur les risques potentiels. Comme le souligne un expert de la biodiversité dans le documentaire, il est légitime de s’interroger sur les conséquences imprévues de ces manipulations. La résurrection d’espèces disparues pourrait-elle perturber les écosystèmes actuels ? Les animaux « ressuscités » pourraient-ils réellement s’intégrer dans des habitats qui ont évolué en leur absence ?
Le documentaire d’Arte présente non seulement ces projets scientifiques comme des prouesses technologiques, mais explore également les enjeux éthiques qu’ils soulèvent. En remettant au premier plan des espèces disparues, les chercheurs jouent-ils aux « démiurges », manipulant la nature sans en comprendre toutes les répercussions potentielles ? Cette remise en question des limites de la science est au cœur des réflexions abordées dans ce documentaire.
Crédit photo : Pixabay (cc)
[cc] Breizh-info.com2024, envois gratuits pour copie et distribution sous réserve de mention et lien vers la Source originale
Related News :